Un poing levé qui scande le Black Power

Aujourd’hui marque le 50ème anniversaire des Jeux Olympiques de Mexico qui ont vu naître le mouvement du Black Power, le 16 octobre 1968. C’est une photo qui est rentrée dans les livres d’histoires, dans la lutte pour les droits de la communauté noire aux Etats Unis. Tommie Smith et John Carlos sont photographiés le point levé et la tête baissé sur le podium des J.O.

Un geste qui fait sensation grâce aux médias, un geste militant qui a nourri l’esprit de contestation et qui s’est emparé de l’audience. Et Cela, dans le contexte de la mort de Martin Luther King qui aura lutté contre le racisme de belle manière. Le poing en l’air, selon la salutation des Black Panthers, Power to the People (pouvoir au peuple). Les deux athlètes furent exclus des Jeux olympiques à vie par le CIO.

On peut aujourd’hui voir dans la droite lignée de ce type de lutte, le sportif Colin Kaepernick. Joueur de football américain, il a posé une jambe à terre lors de l’hymne américain et est devenu la coqueluche de la nouvelle campagne publicitaire de Nike.

Selon Wikipédia, contemporain du Mouvement des droits civiques représenté, entre autres, par Martin Luther King et Malcolm X, le concept de Black Power tend à désigner des mouvements plus radicaux, bien que le terme puisse désigner un ensemble de groupes très disparates dans leur nature, leurs objectifs et leurs moyens d’action.

Pour les Black Panthers, le Black Power désignait notamment la nécessité de s’organiser de façon non-mixte afin d’éviter une domination insidieuse des Blancs dans les organisations des droits civiques.

Cette organisation, sur une base « raciale » n’excluait nullement la coopération avec des mouvements blancs (dont les Weathermen ou le White Panther Party) et n’avait donc rien à voir avec un quelconque suprématisme noir ni même un séparatisme radical tel qu’il a pu être prôné, plus tard, par la Nation of Islam. Ce concept d’organisation non-mixte influença notamment le mouvement féministe.

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Parmi les mouvements politiques pouvant être recouverts par ce terme, on peut citer les Black Muslims, le Congress of Racial Equality, le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et les Black Panthers. Pour ces derniers, le Black Power recouvre essentiellement une modalité d’organisation non-mixte, qui n’occulte en rien la nécessité d’unir tous les groupes du prolétariat, quelle que soit leur couleur, dans le cadre d’une lutte des classes.

Kathleen Cleaver, ex-militante du SNCC et première femme du comité central du Black Panther Party, affirmait ainsi :

« [Nous] considérions que nous n’avions pas le même rapport à l’État [que les Blancs] et que nous n’avions donc pas à appartenir aux mêmes organisations. [Elle plaidait cependant pour] une relation de coalition, de collaboration : œuvrer ensemble, partager nos ressources, s’appuyer mutuellement lors de projets spécifiques mais ne pas faire partie de la même organisation. (…) Nous imaginions que si des Blancs faisaient partie des mêmes groupes que nous, ils en prendraient la direction (…) Or, comment faire pour se libérer de ce genre de domination, lorsque l’on fait partie de ceux qui ont été asservis, de ceux qui ont été exclus, opprimés, colonisés tout au long de l’histoire ? »

De même, le cofondateur des Black Panthers, Bobby Seale, déclarait :

« Dans notre perspective il s’agit d’une lutte de classes entre une classe ouvrière prolétarienne massive et la petite classe dominante, minoritaire. Les gens de la classe ouvrière de toutes les couleurs doivent s’unir contre la classe dominante oppressante et exploitante. Alors laissez-moi être à nouveau emphatique – nous croyons que notre lutte est une lutte de classes et non une lutte de races ».

Abdellah Chbani

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