Veto américain à l’ONU : Un nouveau coup d’arrêt à la quête de cessez-le-feu à Gaza

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est heurté, une fois de plus, à l’intransigeance américaine. Alors qu’un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza était soumis au vote, les États-Unis ont opposé, jeudi 5 juin, leur veto, mettant en échec une initiative soutenue par une majorité de membres et relayant l’urgence humanitaire dans l’enclave palestinienne.
Le texte, qui visait à imposer une trêve face à l’intensification des frappes israéliennes et à la crise humanitaire, a été rejeté par la voix de l’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea. “Israël a le droit de se défendre, ce qui inclut de vaincre le Hamas et de s’assurer qu’il ne soit plus jamais en position de menacer Israël”, a-t-elle déclaré, en exposant la ligne constante de Washington depuis le début du conflit.
La décision américaine, qui survient dans un climat de violence extrême, a suscité une vague de réactions indignées. “Tandis que la mort et la famine sévissent”, dénonce la chaîne qatarie Al-Jazeera, qui rapporte que les bombardements israéliens ont causé “près de 100 morts palestiniens au cours des dernières vingt-quatre heures”. Le bilan s’alourdit chaque jour, alors que l’aide humanitaire reste entravée par un blocus paralysant, accentuant les pénuries de nourriture et de médicaments dans un territoire déjà exsangue.
Au sein du Conseil, plusieurs voix ont exprimé leur consternation face à ce veto. La France et la Chine ont notamment mis en garde contre l’aggravation d’une situation déjà dramatique, appelant à “une réponse urgente et concertée pour protéger les civils et permettre un accès humanitaire sans entrave”.
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La posture américaine s’inscrit dans une doctrine inchangée : la défense inconditionnelle du droit d’Israël à se protéger face aux attaques du Hamas. Les autorités américaines rappellent régulièrement que le mouvement islamiste, qualifié de “terroriste” par Washington, a initié la flambée de violences par ses attaques. Mais cette ligne de défense est contestée par de nombreuses chancelleries, qui estiment qu’elle ne prend pas en compte la disproportion des ripostes israéliennes et les souffrances infligées à la population gazaouie.
Dans les capitales arabes, la décision de Washington est perçue comme un feu vert à la poursuite des opérations militaires. À Doha, Le Caire et Amman, les diplomates dénoncent une position qui “fait obstacle à tout effort de médiation et de désescalade”, au moment où les besoins humanitaires sont plus criants que jamais.
Le Conseil de sécurité à l’épreuve de ses divisions
Ce nouvel échec du Conseil de sécurité illustre la paralysie persistante des Nations unies face aux crises au Proche-Orient. Le veto américain, combiné aux rivalités géopolitiques entre grandes puissances, empêche toute résolution de fond susceptible d’endiguer les violences et de rouvrir la voie à un dialogue de paix.
Dans l’enclave palestinienne, la population paie le prix fort de ces blocages diplomatiques. Selon les estimations des agences humanitaires, les deux tiers des habitants de Gaza sont aujourd’hui menacés de famine, tandis que les infrastructures sanitaires s’effondrent sous l’effet des bombardements incessants.
Au-delà des chiffres tragiques, ce veto américain cristallise une fracture profonde entre les États-Unis et nombre de ses alliés, qui appellent à une réévaluation urgente de la position américaine au regard du droit international humanitaire. Car à mesure que la guerre s’enlise, la voix des civils – otages de ce bras de fer diplomatique – semble chaque jour un peu plus étouffée.