Violences domestiques : les services judiciaires à distance se mettent à disposition des victimes

Le ministère public s’engage dans la lutte contre les violences domestiques, exacerbées à l’ère Covid, et annonce le maintien les services judiciaires à distance pour les femmes et filles victimes de violence.

Mises en place pour limiter la propagation de la COVID-19, les restrictions de déplacements et l’obligation de rester chez soi risquent d’exposer davantage les femmes, qui vivent déjà des relations marquées par la violence, à la situation de vulnérabilité. À cet effet, la Présidence du ministère public décide d’appuyer les mécanismes de protection des femmes des violences conjugales, avec le maintien des services judiciaires à distance. Fruit d’un partenariat avec l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, qui relève de l’ONU Femmes. Dans ce sillage, une vidéo de sensibilisation sur « la violence faite aux femmes et aux filles lors de la crise de la COVID-19 » a été diffusée, appelant à dénoncer son agresseur. L’objectif de cette vidéo d’animation est de sensibiliser le grand public sur l’existence et la disponibilité de services judiciaires dédiés à la lutte contre ce fléau et à la prise en charge des femmes victimes de violences. Plus besoin donc de se déplacer physiquement à un tribunal pour qu’une victime puisse déclarer et porter plainte. Plusieurs moyens ont été ainsi mis en place, notamment, des plateformes électroniques pour chaque tribunal.

On n’est pas sans savoir que cette crise sanitaire a creusé le fossé des inégalités hommes-femmes. Le sujet a fait objet de plusieurs publications de ONU-Femmes, qui avait mis en garde, depuis avril dernier contre l’aggravation des violences domestiques dans ce contexte de crise. « Au moment où le Maroc, à l’instar de la communauté mondiale, se mobilise pour faire face à l’ampleur de cette pandémie, il est important de prêter attention aux services essentiels, notamment les soins de santé pré et postnatals et les contraceptifs, et maintenir un accès aux services de santé sexuelle et génésique », alerte l’organisation onusienne.

Dans le même registre, plusieurs ONG, avaient avancé des chiffres inquiétants, notamment, la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF), qui avait publié un bilan, affirmant avoir reçu, du 16 mars au 24 avril, 240 appels téléphoniques de la part de 230 femmes des différentes régions du Royaume pour signaler des actes de violence pendant le confinement. Selon des données recueillies, la violence conjugale représente 91,7% des formes de violence durant le confinement sanitaire, suivie par la violence familiale (4,4%).

Notons que les violences à l’égard des femmes sont encadrées par la loi 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. Une loi longtemps critiquée par la société civile et le Mouvement des droits des femmes, qui avaient haussé le ton pour dire que ce texte était insuffisant et qu’il présentait des lacunes. Ces dites lacunes ont été accentuées surtout par cette crise sanitaire, parce que la loi en question ne protège pas la femme dans l’espace privé, alors que les violences que les femmes subissent dans cette période, se passent dans leurs foyers, donc, ce qui rend difficile de faire intervenir les autorités policières et de mettre ces victimes de la violence dans un centre étatique dans lequel elles vont se sentir à l’abri. Pour rappel, le taux de prévalence des violences domestiques au Maroc est de 52%, soit 6,1 millions de femmes concernées, selon les résultats d’une enquête réalisée, en 2019, par le HCP.

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