Virus: le Royaume-Uni reprend timidement les liaisons transmanches

Le Royaume-Uni a commencé mercredi à sortir timidement de l’isolement avec la reprise limitée des liaisons vers la France, mais il faudra plusieurs jours pour dégager les milliers de camions bloqués au port de Douvres, faisant craindre des pénuries.

L’identification d’une nouvelle souche potentiellement plus contagieuse du nouveau coronavirus a provoqué 48 heures de paralysie. Une course contre la montre s’engage désormais, avec l’aide de l’armée, pour tester des milliers de chauffeurs, souvent excédés. Et permettre ainsi à certains de rentrer chez eux pour Noël et à la chaîne d’approvisionnement britannique de revenir à plein régime avant que ne pointent des pénuries.

Moyennant un test Covid négatif, le trafic sortant de marchandises accompagné et de certains passagers a pu reprendre dans la nuit à Douvres, principal port transmanche anglais, la France ayant autorisé la réouverture partielle de ses frontières après un blocage de 48 heures par crainte d’une nouvelle souche du coronavirus potentiellement plus contagieuse très présente en Grande-Bretagne.

Mais « il faudra quelques jours pour nous sortir de cette situation », a averti le ministre britannique des Collectivités locales, Robert Jenrick, sur la chaîne Sky News. « Ce n’est pas un problème qui sera résolu immédiatement », a-t-il admis.

A cran, quelques dizaines de chauffeurs ont eu des échanges tendus, et brièvement musclés, avec la police tôt mercredi matin, selon les images de la télévision britannique. Bloqués depuis dimanche, ils sont souvent sans toilettes ni repas chaud.

D’après le ministre, quelque 4.000 poids lourds étaient bloqués mardi soir dans le Kent (sud-est), autour de la zone portuaire: de 700 à 800 sur l’autoroute menant de Londres au port et près de 3.000 sur l’ancien aéroport voisin de Manston, où les chauffeurs pourront se faire tester.

Cet énorme défi logistique sera relevé dans un premier temps avec le soutien de l’armée.

Si un chauffeur est positif à la suite d’un dépistage rapide livrant un résultat en environ 30 minutes, il sera soumis à un test PCR et placé à l’isolement dans un hôtel pendant dix jours en cas de nouveau résultat positif, selon les autorités britanniques.

Confronté à une nouvelle vague de contaminations attribuée à la nouvelle souche, partiellement reconfiné et isolé par la décision d’une cinquantaine de pays de couper leurs liaisons, le Royaume-Uni affiche l’un des bilans de la pandémie les plus lourds en Europe, avec plus de 68.000 morts et un record de près de 37.000 contaminations enregistrées mardi.

Malgré l’accord de sortie de crise sur les approvisionnements transmanches, la congestion du port de Douvres continue à alimenter les craintes pour le ravitaillement du pays, très dépendant des rotations de camions.

« Jusqu’à ce le retard soit résorbé et que les chaînes d’approvisionnement retournent à la normale, nous anticipons des problèmes en termes de disponibilité de certains produits frais », a indiqué Andrew Opie, un responsable du British Retail Consortium, organisme représentant les distributeurs.

Face à ce risque, amplifié par les courses de Noël et certains achats panique qui ont laissé vides des étagères de magasins, le géant des supermarchés Tesco a annoncé mardi la mise en place d’un rationnement sur certains produits de première nécessité comme les oeufs, le riz et le savon, limités à trois articles par personne, et même un pour le papier toilette.

D’après les professionnels du secteur, quelque 10.000 camions transitent habituellement chaque jour par la Manche pendant les périodes de pic de la demande avant Noël.

A condition de s’être organisés pour se faire dépister à temps, des Français de Londres ont aussi profité mercredi matin de la reprise des liaisons en Eurostar pour rentrer passer Noël en famille, après le débarquement dans la nuit à Calais des premiers passagers par ferry.

Seuls les Français et les étrangers qui résident en France ou dans l’espace européen, ainsi que ceux qui « doivent effectuer des déplacements indispensables », sont pour le moment autorisés à passer la frontière en montrant patte blanche sur le plan sanitaire.

La Commission européenne avait recommandé mardi aux Etats membres de l’UE de faciliter la reprise du trafic avec l’île, pour « éviter les ruptures de la chaîne d’approvisionnement » et pour les « voyages essentiels ». L’Allemagne et l’Espagne n’ont cependant pas annoncé d’assouplissement des restrictions courant jusqu’au 6 janvier.

Avec AFP

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