Washington bloque le rachat de MoneyGram par la Chine, qui réclame « l’équité »

Les autorités américaines se sont opposées au rachat de MoneyGram, groupe américain spécialisé dans les transferts d’argent, par le chinois Ant Financial, société financière liée au géant de l’e-commerce Alibaba –amenant Pékin à réclamer mercredi un traitement « équitable ».

Les deux groupes ont annoncé mardi, dans un communiqué commun, qu’ils renonçaient à ce rapprochement de 1,2 milliard de dollars, « faute d’avoir obtenu l’approbation obligatoire du Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) », et ce « malgré les efforts considérables pour répondre aux préoccupations du Comité ».

Le rejet de cette opération de fusion entre le groupe américain et celui du magnat chinois Jack Ma est un nouveau signe de l’approche plus dure, en matière commerciale et règlementaire, de l’administration Trump envers la Chine.

« L’environnement géopolitique a considérablement changé depuis que nous avons annoncé la transaction proposée avec Ant Financial il y a près d’un an », a affirmé le directeur général de MoneyGram, Alex Holmes. Les deux groupes ont néanmoins dit vouloir poursuivre des « coopérations stratégiques », notamment sur divers marchés asiatiques.

Ant Financial est contrôlé par Jack Ma, fondateur d’Alibaba, et exploite des services de paiement sur internet et sur mobile. Il visait à s’étendre internationalement avec le rachat de MoneyGram, société basée à Dallas et spécialisée dans le transfert de fonds à l’étranger. Le groupe américain compte environ 1.300 employés.

Le CFIUS, un organisme multi-agences placé sous la houlette du Trésor américain, est chargé d’examiner les acquisitions étrangères et peut les faire bloquer pour des raisons de sécurité nationale.

Interrogée mercredi, la diplomatie chinoise a indirectement critiqué ce véto, en rappelant qu’une coopération économique sino-américaine « fondée sur le respect mutuel » servait les intérêts des deux pays.

« Nous espérons que les Etats-Unis puissent établir un environnement équitable et prévisible pour les entreprises chinoises qui veulent y investir », a martelé Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

En septembre dernier, sur les recommandations du CFIUS, le président Trump s’était déjà opposé au rachat du fabricant de semi-conducteurs Lattice Semiconductor Corporation par un groupe détenu par des actionnaires chinois, le fonds d’investissement Canyon Bridge Fund.

M. Trump avait invoqué « un risque pour la sécurité nationale » lié à des transferts potentiels de propriété intellectuelle sur des semi-conducteurs.Pékin s’en était aussitôt alarmé, dénonçant un veto à des fins « protectionnistes ».

Dans le cas du rachat de MoneyGram, les autorités américaines avaient, selon des informations de presse, des inquiétudes sur la sécurité des données personnelles ainsi que sur le contrôle des transactions vis-à-vis du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme.

Il y a un an, cependant, Donald Trump s’affichait aux côtés de Jack Ma, saluant « l’un des meilleurs entrepreneurs du monde ». Reçu en janvier 2017 en grande pompe à New York par le milliardaire, Jack Ma avait alors promis de générer indirectement « un million d’emplois » aux Etats-Unis: un coup de communication qui n’avait guère eu de suite concrète.

Les investissements chinois aux Etats-Unis ont fortement progressé ces dernières années, totalisant 46 milliards de dollars en 2016, alors que Pékin encourageait ses entreprises à s’assurer à l’étranger des technologies et de nouveaux marchés.

Mais depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, Washington se montre bien plus réticent envers les acquisitions chinoises. Le président milliardaire dénonce le déséquilibre des échanges commerciaux sino-américains et les Etats-Unis multiplient les enquêtes sur les pratiques commerciales du régime communiste, accusé d’avantager ses entreprises.

D’autres projets de rachats chinois aux Etats-Unis restent suspendus à l’examen du CFIUS, dont l’acquisition de l’assureur américain Genworth Financials par le Chinois Oceanwide Holdings pour 2,7 milliards de dollars, dévoilée dès octobre 2016.

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