11ème édition World Policy Conference : Allocution d’ouverture de Nasser Bourita

A l’occasion de l’ouverture de la 11ème édition de la World Policy Conference qui réunit plus de 250 personnalités de haut niveau, provenant de plus de 40 pays et de divers horizons, en vue d’échanger les réflexions, préoccupations et solutions autour des bouleversements incessants que connaît le monde, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita a prononcé une allocution dont voici le texte:

Cher Thierry De Montbrial,
Cher.e.s collègues et ami.e.s, Excellences, Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de vous souhaiter, à toutes et à tous, la bienvenue à la 11e édition la World Policy Conference, qui se tient sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste.
L’on ne pouvait espérer meilleur cadre pour notre rencontre ce soir, que cette fière citadelle : Chellah – témoin d’hier et d’aujourd’hui ; parfait symbole d’authenticité, de profondeur historique et de brassage culturel.

Je suis convaincu que les échanges, comme ceux que la World Policy Conference a abrité ces derniers jours, sont essentiels.
– Le monde a besoin de réflexion libre, dépassionnée et décomplexée sur la chose internationale ;
– Le monde a besoin d’une ouverture d’esprit pour discuter de sujets complexes ;
– Il a besoin de tolérance intellectuelle, pour parler de questions sensibles ;
– Il a besoin de diversité de perspectives, pour enrichir le débat et, même, sortir des sentiers battus.

Beaucoup l’ont compris, mais peu ont su le faire. Dans la profusion des espaces et fora de réflexion, la World Policy Conference a su se frayer une place parmi les meilleurs.

Elle a su, surtout, préserver une pertinence et une identité propres, qui lui ont permis une longévité remarquable. Elle offre un exemple de ce que doit être un espace de libre réflexion : durable, et non pas éphémère ; créatif, et non pas redondant ; audacieux et non pas suiviste.

Cher Thierry De Montbrial,

Un succès porte toujours la marque de son instigateur. Celui de la WPC porte clairement votre marque. Comme vous, elle a l’âme pionnière.
Grâce à vous, la World Policy Conference mobilise; mobilise beaucoup et mobilise bien :
Aussi loin que porte mon regard dans la salle, je repère des visages familiers d’esprits brillants : collègues (MAE d’Autriche, d’Espagne), éminentes personnalités, journalistes, et universitaires.

Je tiens, aussi, à féliciter toutes celles et ceux qui contribuent à porter ce projet. Les réussites – les vraies, les pérennes – sont souvent collectives.
Le Partenariat avec l’OCP Policy Center apportera, sans nul doute, une plus-value à la WPC. Je salue, ici, M. Karim El Aynaoui et ses équipes, pour leur professionnalisme et leur engagement.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

May you live in interesting times”, dit l’adage chinois. Nous y sommes bel et bien. Nous vivons une séquence « intéressante » de l’histoire du monde.
Ceci est un constat, pas un satisfecit. « Intéressant » n’est pas bon ou mauvais. « Intéressant » c’est remarquable ; c’est captivant pour l’esprit ; c’est empli d’enjeux ; et c’est tout cela à la fois.

Mais, « intéressant » n’est certainement pas « confortable« . Notre temps n’a rien d’une mer sans vagues. Bien au contraire. Les évolutions sur la scène internationale sont continues, simultanées, parfois effrénées, souvent imprévisibles !
Je ne vous apprends rien : nous vivons, je crois, une époque de transformations profondes des relations internationales. Tout n’est que raccourci : un groupe Whatsapp est un forum de négociation ; un tweet est une position nationale ; une querelle de tweets est une crise diplomatique !
Les fondamentaux des relations internationales s’en trouvent bousculés. Les frontières, la souveraineté, la responsabilité, même le droit applicable … Les menaces autant que les opportunités, ignorent les frontières.

Cela impose des schémas nouveaux, moins portés sur le formalisme, davantage tournés vers l’efficacité. Cela ouvre, aussi, la porte à une forme d’horizontalité déterminée par les avantages comparatifs et le bénéfice mutuel, transcendant les clivages communs (Nord/Sud, acteurs étatiques/acteurs non-étatiques, coopération triangulaire …).

Mesdames et Messieurs,

Dans ce monde en effervescence, le Maroc s’efforce de cerner les dynamiques du changement, de les anticiper, sinon de s’y adapter.
Il garde le cap, avec pour capital : sa crédibilité, sa pro-activité et sa responsabilité.
La crédibilité est une essence, pour un Royaume qui a traversé les siècles.
– La crédibilité, c’est se projeter dans le temps long, c’est porter la loyauté en valeur, en interpellant ses propres partenaires sur les questions essentielles, comme il a fait sur le statut d’Al-Qods (Etats-Unis), ou encore sur l’état du monde arabe.
– La crédibilité, c’est ne pas plier à l’instantanéité, ni capituler face à la pression. Le Maroc veille jalousement à son discernement critique. Il ne court pas derrière les « head- lines » ; il est dans la mesure, jamais dans le suivisme.

La pro-activité, est cette tendance naturelle du Maroc à prendre le lead sur des thématiques structurantes, à l’interne, autant qu’à l’international.
– On le voit, par exemple, sur la thématique des changements climatiques, où le leadership de Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’assiste, s’est exprimé, notamment, à travers le Sommet africain pour l’Action. Il a donné corps aux engagements de la COP, en créant : la Commission Sahel (Présidée par le Niger), la Commission du Bassin du Congo (Présidée par le Congo) et la Commission des Etats Insulaires (Présidée par les Seychelles).
– On le voit, également, sur les questions de migration, ou l’engagement du Royaume est porté par une Vision Royale, contenue dans l’Agenda Africain pour la Migration – qui a été endossé par les Chefs d’Etat africains. Le Pacte Mondial, qui sera adopté à Marrakech les 10 et 11 décembre prochains, en sera une consécration internationale.
– On le voit, aussi, sur la lutte contre le terrorisme, à travers une approche inclusive, courageuse et innovante, qui s’attaque à la source du mal, et non pas seulement à ses symptômes.

La responsabilité, enfin, c’est décider librement et assumer totalement. Le Maroc écoute, mais ne reçoit pas d’instructions. Il se concerte, mais décide en toute indépendance.
– La responsabilité, c’est aussi se départir de la complaisance, dans un esprit de franchise constructive.
– C’est l’état d’esprit du Maroc, lorsqu’il interpelle ses partenaires euro-méditerranéens, face au constat que la construction de l’espace de stabilité et de prospérité partagée, tant souhaité par les deux rives, ne s’est pas réalisée, à ce jour, et que l’UpM doit se réinventer.
– C’est ce même état d’esprit qui anime le Maroc, lorsqu’il interpelle les pays maghrébins sur l’état du non-Maghreb et sur la flamme de l’intégration, qui s’éteint dans le silence.

Cher.e.s collègues et ami.e.s, Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je m’arrête là.
Mais, sachez que c’est un réel plaisir d’être parmi vous ce soir. Merci cher Thierry de rendre cela possible.
Je vous remercie de votre attention – et de votre patience.

Rappelons que les travaux de cette édition portent sur les enjeux du commerce international, l’éducation, le développement de l’Afrique, les questions énergétiques et le climat, l’état de l’économie mondiale et d’autres sujets.

Fondé en 2008 par Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales (Ifri), cet événement international a été classé 3ème meilleure conférence de think tank au monde en 2017, d’après le Global Go-To Think Tanks Index de l’Université de Pennsylvanie.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page