Xi, le Président chinois à l’ONU

Par Gabriel BANON

Le président Xi Jinping, finalement, à la tribune, mais en vidéo. Il s’est adressé à l’Assemblée, le mardi 21 septembre, lors de l’ouverture de la 76e Assemblée générale. A l’origine, la Chine avait dépêché en personne un vice premier-ministre pour son discours à la communauté internationale, mais Pékin a préféré une vidéo de son président. Un fait, loin d’être anodin.

La Chine qui ne devait s’exprimer que samedi à la tribune de l’Assemblée générale, en envoyant une vidéo de son Président, a gagné quatre jours dans le programme ! Il faut savoir qu’à l’ONU, l’ordre des 193 orateurs est déterminé selon le grade de leur fonction. Un chef d’État prime sur un chef de gouvernement qui prime sur un ministre. Conséquence : Xi Jinping s’est adressé le même jour que Joe Biden et a pu répondre au discours du président américain frontalement.

Xi s’est élevé contre l’Aukus, l’alliance forgée par les États-Unis, l’Australie et la Grande Bretagne – celle-là même qui met la France très en colère. La Chine ne proteste pas pour les mêmes raisons : elle s’insurge contre la stratégie américaine dans la zone indo-pacifique et dénonce ce bloc occidental qui fait fronde contre elle.

Xi, le Président-Empereur de Chine veut imprimer sa marque sur les affaires du monde. Il nourrit le projet de façonner un « ordre chinois » comme l’impérialisme américain a imposé un « ordre américain » ; tout comme le monde a vécu un temps sous la « pax américa », il rêve de le voir succomber à la « pax sinica ». Il veut prendre la suite de la puissance américaine dans tous les domaines, aujourd’hui, économique, militaire, demain, culturel et cultuel. Après la force militaire, il veut le soft power. Il veut cet ajustement, qui pour lui irait dans le sens de l’histoire contemporaine, marqué par la perte de la centralité de l’Occident et la sinisation inévitable du monde.

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Ce glissement progressif du pouvoir d’Ouest en Est, Pékin entend le traduire aux Nations unies. Car l’ONU représente l’universel, c’est-à-dire la quasi-totalité des États. Cette universalité fonde son importance : l’ONU représente la légitimité internationale. Elle en a le monopole, et la Chine veut être une puissance mondiale légitime. Pour cela, l’oing de l’ONU est indispensable.

Quant à Joe Biden, le président américain, lors de son premier discours solennel à l’Assemblée Générale des Nations unies a déclaré : « Nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre froide ou d’un monde divisé en blocs rigides», référence à son rival chinois, qu’il s’est toutefois gardé de nommer. Les États-Unis comptent par contre « participer avec vigueur » à la « compétition ».
Il a également fait la promesse de « défendre la démocratie » et ses « alliés », et de « s’opposer aux tentatives des pays les plus forts de dominer les plus faibles. »

 A cela, Xi, le président chinois, lui, a répondu indirectement en soulignant les intentions pacifiques de la Chine dans les relations internationales, déclarant « qu’elle n’envahira jamais d’autres pays, ni ne cherchera l’hégémonie».

Des discours à la tribune, on retiendra que la Chine lutte contre la crise climatique, la Turquie ratifiera l’accord de Paris, les États-Unis «ne cherchent pas une nouvelle guerre froide » et l’Iran souhaite reprendre les négociations sur le nucléaire.

 

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