Une histoire de la haine algérienne du Maroc et le jour d’après le 7 septembre

Par Hassan Alaoui

Si certaines rumeurs venaient ou viendraient à se confirmer, le gouvernement militaire d’Algérie s’apprêterait à expulser de nouveau un très grand nombre des citoyens marocains installés dans ce pays, y exerçant  plusieurs métiers, de plombiers, de peintres, de menuisiers, de plâtriers, de pâtissiers, toutes activités dans les secteurs privés où ils excellent. Leur expulsion nous ramènerait donc à décembre 1975, qui vit rejeter par Boumediene pas moins de 350.000 Marocains, sans ménagement et avec une violence inouïe, en violation de toutes les Conventions internationales. Une telle hostilité survit toujours, au temps, aux épreuves et, paradoxalement, le Maroc semble être constamment au cœur de tout ce qui se déroule dans cette Algérie en proie à une maladive  jalousie…On vient de le constater pendant la campagne électorale présidentielle qui s’est achevée jeudi soir.

Pas de doute que le gouvernement militaire algérien s’épuise jusqu’à en crever pour porter préjudice, nuire au Maroc, et à tout ce qu’il représente. D’aucuns s’ingénient même à tout mettre en œuvre pour le détruire. Nul scrupule moral de ses dirigeants pour oublier et enterrer le soutien constant apporté par les Rois Mohammed V et Hassan II à la lutte du peuple algérien.  Aucune retenue depuis l’ère de Boukharrouba qui a été le tout premier à inventer la haine antimarocaine. Or, il y a longtemps déjà que nous en avons acquis la triste conviction ! Et plus encore : de cette conviction nous nous sommes fait une religion. La mémoire, la notre, ne nous fait jamais défaut quand il s’agit plutôt de cette trahison algérienne qui remonte à Houari Boumediene, et qui nous interpelle comme une sorte de sémaphore, pour nous dire la méprise de cet irascible inventeur du conflit entre nos deux pays et nos deux peuples. Haine inoculée comme une pandémie contagieuse, mise provisoirement entre parenthèse sous Chadli Bendjedid et Bouteflika mais gravement, dangereusement ravivée depuis 2019, avec un certain Abdelmajid Tebboune et son janissaire Saïd Chengriha…

Boumediene avait vécu à Oujda et, en plus de celui , constant, de la population, avait bénéficié du soutien incontestable des Rois Mohammed V et Hassan II. Pourtant, la rage l’envahissant, il n’avait pas assez de mots insultants et méprisants – à la limite de la plus plate vulgarité – contre feu Hassan II…qu’il traitait de tous les noms. A l’époque qui a suivi le pronunciamiento du 19 juin 1965, après avoir déposé et emprisonné Ben Bella, Boumediene cultiva le discours d’une fierté mal placée, emprunt de mégalomanie et d’arrogance, de mépris tout simplement. Son point de mire était devenu bien entendu le Royaume du Maroc et son Roi,  feu Hassan II…

La diplomatie algérienne était inspirée d’un tiers-mondisme appauvri, avec une rhétorique pseudo-révolutionnaire qui empruntait beaucoup aux slogans castristes, guévaristes en l’occurrence tant et si bien que l’on croyait faire et même affirmer qu’Alger était devenue la Mecque de la révolution mondiale. Entre Black-Panthers et Angela Davis, entre militants de l’ANC d’Afrique du sud, du FPLP de Georges Habbach et autres groupes en mal de soutien, Alger bouillonnait et les pétro-dollars aidant – l’argent du peuple algérien – partaient en fumée…

Lire aussi : Algérie : Ne tirez pas sur l’ambulance

Le pouvoir de Boumediene arrosait à tours de bras, articulé sur la manne pétrolière, profitant de la crise mondiale après les chocs qui en résultaient et une propension à la grandiloquence devenue un complexe meurtrier en définitive. On exagère à peine si, de nos jours, dans la même dérive, Tebboune reprend à son compte cette inquiétante logorrhée. Les élections présidentielles du 7 septembre prochain, sa volonté de rempiler expliquent-t-elles cette virulence où, sans cesse, le Maroc semble constituer à la fois l’enjeu chronique et une volonté de détourner les regards du peuple algérien sur les problèmes quotidiens par lui endurés, économiques,  existentiels et concrets ? C’est dire le degré de manipulation auquel sont demeurées fixées les mentalités – algériennes – de dirigeants hantés  par les succès diplomatiques du Maroc. C’est dire surtout le niveau de panique qui les caractérise et détermine de plus en plus leur démarche , voire jusqu’à leur psychologie.

Le jour d’après le 7 septembre

Le jour d’après ce 7 septembre censé être celui du vote d’une élection anticipée décidée par Chengriha et ses centurions, ne nous apprendra certes rien de nouveau ! Rien qui puisse nous convaincre d’une alternance un tant soit peu crédible ! Comme en 2019, comme toutes celles qui l’ont précédée aussi , cette élection est ni plus ni moins une mascarade. Le taux de moins de 35% de votants de 2019 est-il représentatif et convaincant, justifie-t-il une quelconque prétention démocratique ? Le soir du 7 septembre prochain, en dépit des appels répétés du pouvoir voire des menaces voilées des Chengriha et consorts, nous donnera la réelle mesure d’une faillite générale que le mouvement Hirak avait, en effet, déjà dévoilée à cette époque. En 2019, le même Tebboune n’avait pas pu attendre la proclamation des résultats qu’il s’était précipité pour annoncer « sa victoire », sachant bien entendu que l’armée l’avait parrainé et assuré sur ce plan…Sans surprise, ni contestation de qui que ce soit !

La mystification, disons-le, est donc encore là, déployée dans ce jeu assassin de traficotages et d’emberlificotages des chiffres ! Ce ne sont pas les cinq dernières années du duo avec Chengriha, qui justifieraient un quelconque optimisme chez le peuple algérien, confronté au faramineux chiffre de 20% d’inflation, aux privations lancinantes et à la chape de plomb des généraux. Nous disons donc que les résultats du scrutin sont, pour nous, déjà connus, prévus et qu’ils ne changeront en rien le paradigme d’une Algérie qui stagne et recule même. Tebboune aura beau se présenter comme le « sauveur » du pays, l’homme du miracle qui l’a tiré du marasme et de l’effondrement, le leader des multiples combats auxquels sont confrontés et les Etats de la région et ceux de l’Afrique entière…

La « victoire » programmée et même annoncée de Tebboune samedi soir,  sera bien entendu d’abord celle de l’armée, faiseur de Roi come on dit. L’hostilité algérienne traditionnelle envers le Maroc demeurera à coup sûr la même, avec la même résonance sur l’équilibre géopolitique régional, une intensité renforcée et la haine de tous les temps…

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page