Un 1er mai 2017 sur fond de volonté commune du gouvernement et des syndicats à entamer le dialogue social
Par Sanae Bennaceri
Après les hauts et les bas ayant marqué le dialogue social sous l’ancien gouvernement et le gel de plusieurs dossiers sociaux faute de convergence de vues, des lueurs d’un apaisement se profilent, à la veille de la fête du Travail, notamment après la réunion en début de semaine du nouveau Chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani avec les représentants des centrales syndicales qui ont manifesté leur disposition au dialogue.
Cette initiative a mis fin à l’expectative des milieux syndicalistes, qui scrutaient les nouveautés du programme gouvernemental, tout en s’attachant au dialogue social comme cadre naturel et outil optimal pour l’élaboration de politiques sociales consensuelles.
Les premières rencontres ont, ainsi, réuni autour de la même table le Chef du gouvernement et certains ministres et les centrales syndicales les plus représentatives, à savoir la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT), l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l’Union marocaine du travail (UMT).
Elles s’inscrivent dans le cadre de la démarche de dialogue et de la communication soulignée dans la déclaration gouvernementale, concernant la relation avec les partenaires sociaux. Ce fut l’occasion de se concerter sur les perspectives et la méthodologie à suivre dans le dialogue social, surtout que les syndicats ont salué cette initiative et exprimé leur disposition à s’engager dans un dialogue positif et constructif.
La volonté du gouvernement d’engager un dialogue social soutenu s’est manifestée aussi au niveau sectoriel. Ainsi, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Hassad, a souligné, lors d’une réunion avec les représentants des centrales syndicales les plus représentatives, que les syndicats constituent un partenaire majeur dans la mise en œuvre de la vision stratégique de réforme 2015-2030.
Lors de cette réunion, M. Hassad et les syndicats se sont mis d’accord sur l’institutionnalisation du dialogue social et le traitement, avec responsabilité et engagement, des questions soulevées.
Le ministre a insisté sur la nécessité de mobiliser l’ensemble des acteurs pédagogiques dans ce chantier de réforme et sur la synergie des efforts pour garantir la réussite de la prochaine rentrée scolaire. Les syndicats ont, de leur côté, mis en avant la nécessité de dépasser la crise du dialogue sectoriel et déterminer les véritables interlocuteurs du ministère, rappelant que le dialogue sectoriel des syndicats de l’éducation a été un modèle du dialogue social.
Le Chef du gouvernement avait affirmé, dans la déclaration gouvernementale, que le nouvel exécutif s’engagera avec efficience dans le dialogue social, mettant en relief le rôle pionnier des centrales syndicales, notamment en matière d’emploi.
En dépit de ces promesses, certaines centrales dont l’UGTM estiment que la déclaration gouvernementale ne reflète pas les attentes des travailleurs au Maroc.
Interrogé par la MAP, l’universitaire Abdellah Iyad Alaoui, a mis en exergue les signaux de la reprise du dialogue social, notant que l’institutionnalisation du dialogue permettra d’harmoniser les positions et d’ouvrir un vrai débat social touchant des questions stratégiques.
M. Alaoui a également insisté sur l’importance d’impliquer les syndicats en tant partenaires dans la gestion du dialogue, en s’appuyant sur les principes de la démocratie participative énoncée par la constitution et la nécessité d’ouvrir un dialogue social, pédagogique et économique qui fera de l’économie humaine son axe central.
Cette convergence des volontés entre des centrales syndicales attachées à l’institutionnalisation du dialogue et un gouvernement, qui affiche son ouverture et tend la main aux partenaires sociaux, augure d’un début prometteur dans la relation entre les deux parties dont les contours seront clarifiés au fur et à mesure des réunions prévues après le 1er mai.