En 2018, la part de la masse salariale dans le PIB devrait passer à 12%
Le poids de la masse salariale dans le PIB devrait passer de 11,84% en 2016 à 12% en 2018, avant de baisser légèrement à partir de 2019 pour s’établir à 11,5% en 2021, estime la Cour des comptes.
Dans un récent rapport sur l’évaluation du système de la fonction publique, la Cour indique que les projections relatives à la période 2017-2021 montrent que la masse salariale continuera à augmenter en termes nominaux, notant toutefois que la validité de ces projections demeure, entre autres, tributaire d’un taux de croissance de l’économie supérieur à 3,5%.
Non seulement, cette validité est conditionnée également par une application rigoureuse des mesures de maitrise de la masse salariale, abstraction faite de la survenue d’évènements sociaux exceptionnels engendrant des recrutements massifs ou des augmentations des salaires comme celles vécues en 2011, a précisé la Cour.
En effet, le rapport, en faisant état d’un poids « élevé » de la masse salariale, montre que celle-ci est passée entre 2008 et 2016 de 75,4 à 120 milliards de dirhams (MMDH), soit, respectivement de 11,38% à 11,84% du PIB. Annuellement, elle a progressé de 5,3% en moyenne, contre un taux de croissance annuel moyen de 3,92% pour le PIB.
Les évolutions les plus significatives de la masse salariale ont été enregistrées en 2009, 2011, 2012 et 2014, fait observer le rapport, ajoutant que ce décalage montre que le volume des rémunérations servies aux fonctionnaires augmente plus rapidement que la croissance du PIB.
« En comparaison avec d’autres pays, le rapport de la masse salariale au PIB est relativement élevé au Maroc », constate la Cour des comptes, précisant que dans la région MENA, où les dépenses du personnel sont les plus élevées par rapport au PIB, ce rapport atteint 9,8%.
« Le Maroc connaît un ratio qui est parmi les plus élevés de la région. Ce ratio est de 7,2% en Egypte et de 12,7% en Tunisie. Dans les pays de l’OCDE, ce ratio est en général en dessous de 10% (il est de 9,4% en France par exemple) », soutient le rapport.
La Cour des comptes révèle par ailleurs dans son rapport que la fonction publique demeure « au delà des moyens de l’économie nationale », précisant qu’entre 2008 et 2016, la masse salariale a augmenté de 59,2% alors que la progression des effectifs des fonctionnaires civils n’a été que de 9% sur la période.
Cette forte progression de la masse salariale, explique-t-on, découle surtout des niveaux de rémunération qui ont augmenté sous l’effet des promotions de grade et d’échelon en plus des différentes décisions de revalorisation salariale qui étaient souvent prises en réponse à des situations conjoncturelles exceptionnelles.
En outre, une comparaison des niveaux des salaires publics avec d’autres pays, d’une part, et avec le secteur privé, d’autre part, permet de conclure que « la rémunération des fonctionnaires est relativement élevée au Maroc », constate la Cour.
Dans le détail, le salaire mensuel net moyen a atteint, dans la fonction publique de l’Etat, 7.700 DH en 2016, avec une évolution de 51,6% par rapport à 2006, alors que le salaire net minimum s’élève à 3.000 DH, marquant une évolution de 89,2% par rapport à 2007.
Et de noter que ces niveaux élevés sont « de loin supérieurs » aux moyennes du secteur privé où, en 2015, le salaire mensuel net moyen a atteint 4.932 DH et le salaire minimum s’élève à 2.568 DH.
Comparé à la richesse nationale, le salaire net moyen dans la fonction publique représente environ 3 fois le PIB par habitant, contre 1,2 fois en France, et 1 fois en Espagne, révèle le rapport, qui explique ce niveau élevé du salaire moyen au Maroc, par la faiblesse du PIB marocain comparativement à ceux des pays cités en référence, mais également, par « les multiples revalorisations des salaires décidées dans le cadre du dialogue social ».
« Il importe de souligner à ce titre, le manque d’une vision clairement définie chez les pouvoirs publics lors des négociations du dialogue social. En effet, ces négociations ne sont pas saisies par le Gouvernement pour exiger, en contrepartie des revalorisations salariales, des objectifs à assigner aux bénéficiaires en termes de productivité ou de qualité de service », lit-on dans le rapport.
Le résultat est que le Maroc s’offre une fonction publique qui dépasse les moyens de son économie et que l’amélioration substantielle des revenus des fonctionnaires ne se traduit pas par une amélioration de la perception de l’Administration chez le citoyen, ajoute-t-on.