2020 : Le gouvernement entre l’enclume de la Covid-19 et le marteau des revendications sociales
Le gouvernement a dû faire face en 2020 aux contraintes de la Covid-19, tout en veillant sur la préservation des équilibres socioéconomiques affectés par la crise sanitaire engendrée par cette pandémie.
Il en résulte un bilan social timide à l’image de la célébration du 1-er mai sous l’urgence sanitaire qui a privé les syndicats d’un espace d’expression de leurs revendications et d’évaluation de la politique publique en la matière.
En guise d’alternative, les réseaux sociaux ont servi d’espace virtuel de communication, d’échange et d’expression des différents acteurs sociaux et gouvernementaux.
Dans ce sens, le ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle Mohamed Amekraz a affirmé, dans une allocation à l’occasion du 1er mai, que 13 conventions collectives de travail portant sur les différents secteurs productifs ont été adoptées en 2019.
Six de ces conventions concernent le secteur de l’industrie, 4 celui des services, 2 l’agriculture et une convention concerne le secteur de la construction et des travaux publics, a précisé le ministre, relevant que cette dynamique s’est poursuivie au début de l’année 2020 avec la conclusion de près de six conventions collectives de travail portant sur différents secteurs, et la mise en place de plusieurs autres projets de conventions dont le processus de signature ou d’élaboration a été impacté par la lutte contre la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus.
Dans ce contexte difficile, la date du 15 mars a été décisive avec la publication du communiqué du Cabinet Royal annonçant que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné Ses Hautes Instructions au gouvernement pour procéder à la création immédiate d’un fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du Coronavirus.
Ce fonds, doté de 10 milliards de dirhams, est réservé, d’une part, à la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical, en termes d’infrastructures adaptées et de moyens supplémentaires à acquérir, dans l’urgence.
Il servira, d’autre part, au soutien de l’économie nationale, à travers une batterie de mesures qui seront proposées par le gouvernement, notamment en termes d’accompagnement des secteurs vulnérables aux chocs induits par la crise du Coronavirus, tels que le tourisme, ainsi qu’en matière de préservation des emplois et d’atténuation des répercussions sociales de cette crise. En outre, le patronat par la voix du président de la CGEM, Chakib Alj a appelé à l’occasion du round du dialogue social tripartite en juillet, à un dialogue positif en vue de mettre en place une plateforme à même d’aboutir à un accord avec le gouvernement et l’ensemble des partenaires socio-économiques, soulignant la nécessité d’examiner les moyens pour préserver près de 600.000 emplois provisoirement suspendus dans presque 100.000 entreprises dans le secteur formel, outre 3,4 millions postes d’emploi suspendus dans une situation de précarité.
De leur côté, les représentants des syndicats ont relevé que la finalité est de discuter des conditions que vit actuellement la classe ouvrière ainsi que des moyens susceptibles de restituer les emplois perdus en raison de la pandémie et de préserver le pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés.
Par la même occasion, le Chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani a fait savoir qu’il a été convenu de tenir un deuxième round du dialogue social tripartite pour déterminer les problématiques et proposer des solutions réalistes.
M. El Otmani a indiqué que suite à une discussion franche et responsable, il s’est avéré nécessaire de tenir un deuxième round dans les plus brefs délais, relevant que l’enjeu de la conjoncture actuelle est de prendre des mesures sociales et économiques pour préserver les emplois, tout en mettant en avant les efforts consentis en soutien à l’investissement public dans le projet de loi de finances rectificative, ainsi que l’importance de poursuivre la mise en oeuvre de l’accord tripartite conclu le 25 avril 2019.
Pour sa part, le ministère du Travail et de l’Insertion professionnelle a affirmé qu’il restera ouvert au dialogue avec les syndicats dans le cadre du dialogue social, ainsi qu’à la concertation avec les associations actives dans le secteur selon les formules en vigueur.
Dans un communiqué, le ministère a indiqué qu’il poursuivra ses initiatives envers les partenaires sociaux, estimant que la coopération et le dialogue sérieux, responsable, fructueux et soucieux de l’intérêt public restent un moyen essentiel de promouvoir les conditions du département et de ses cadres.
Dans le cadre de son engagement initial en faveur de l’adoption du dialogue et de la coopération avec ces partenaires, et de la mise en œuvre de l’accord du 25 avril 2019, le ministère a invité les syndicats les plus représentatifs aux réunions du dialogue social sectoriel de février 2020, mais n’a reçu aucune réponse de la part des concernés.
Par ailleurs, le ministre de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohammed Benchaâboun a affirmé, début août, que pour réussir la généralisation de la couverture sociale, qui est une « réforme d’envergure », il est « impératif » de mettre en place des mesures préalables et d’accompagnement.
Il s’agit notamment de la refonte du cadre législatif et réglementaire, la mise à niveau des structures hospitalières et l’organisation de la filière de soins, la réforme des systèmes et programmes sociaux déjà en place, notamment à travers l’opérationnalisation du Registre social unifié (RSU), a indiqué M. Benchaâboun qui s’exprimait lors d’une conférence de presse sur l’opérationnalisation des Hautes Orientations royales contenues dans le discours du Trône.
Il a également mis en avant la réforme de la gouvernance du système de protection sociale et la réforme fiscale relative à l’instauration de la Contribution Professionnelle Unique (CPU).
Et d’ajouter: « la réforme de la protection sociale est une réforme sociétale de grande envergure qui interpelle des mutations profondes de la gestion et de la gouvernance du système de protection sociale au Maroc ».
Depuis le début de propagation du coronavirus, le gouvernement a œuvré en collaboration avec ses partenaires sociaux, pour soutenir la reprise progressive des activités économiques et la création et la préservation de postes d’emploi, notamment pour les jeunes.
( Avec MAP )