La sécheresse guette la sécurité alimentaire du Maroc
Le déficit pluviométrique met à rude le secteur agricole au Maroc. Raréfaction des ressources hydriques, réchauffement climatique…les conditions sont toutes défavorables et laissent présager une saison agricole difficile et bien particulière voire des moins fructueuses. Chose qui ne sera pas sans effets, et se répercutera certainement sur le niveau de la production nationale, faisant ainsi planer, sur le Maroc, le spectre d’une crise alimentaire marquée par un déclin accru de la production des fruits, légumes et céréales.
Le Maroc vit désormais l’une de ses pires sécheresses dont il n’a pas été témoin depuis plus de 40 ans. Accentuées par le changement climatique, la multiplication des canicules et le stress hydrique accru , les répercussions de la sécheresse se font d’ores et déjà sentir sur le secteur agricole national.
En effet, il suffit de scruter le niveau de production des fruits et légumes les plus consommés par les Marocains pour se rendre compte de l’urgence de la situation actuelle. La culture oléicole en témoigne d’ailleurs clairement, sauf qu’elle ne constitue qu’un exemple parmi tant d’autres. La production d’olives enregistre effectivement une baisse d’environ 45%, dans la région de Guelmim Oued-Noun, par rapport à la campagne précédente.
La production des tomates risque, de son coté, de chuter au cours des prochains mois. C’est d’ailleurs ce que craigne la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL) qui souligne que les conditions climatiques actuelles, marquées par le manque des précipitations pluviométriques, notamment dans la région de Sous-Massa impacteront lourdement la culture des tomates.
Les agrumes ne sont, par ailleurs, pas épargnés. Il convient de préciser, à cet égard, que certains agriculteurs désespérés se sont résolus à arracher leurs vergers en vue de limiter leurs pertes colossales. Chose qui a entraîné la déperdition de 20 jusqu’à 30% du verger de la région du Sous.
A cet effet, la FIFEL a tenu, le 15 novembre à Rabat, une réunion avec le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Mohamed Sadiki. Et ce, dans l’objectif de trouver des solutions « urgentes et efficaces » à même de faire face à la baisse de la production et de répondre aux besoins du marché national. D’autant plus que le royaume est censé fournir 15 millions de tonnes de céréales au cours des prochaines années afin de répondre à la demande intérieure qui ne cesse d’accroître en raison de l’explosion démographique. Un objectif difficile à atteindre.
A cet égard, Lahoucine Adardour, président de la FIFEL, appelle les parties prenantes à agir d’urgence afin d’éviter une éventuelle crise alimentaire.
« Les problèmes de production des légumes et des fruits existent depuis toujours et nous avons maintenant plus que jamais besoin de solutions pour remédier à cette baisse »,a-t-il expliqué. Signalant par la même occasion que la sécurité alimentaire du pays est fortement menacée. »La production continue, certes, sauf que les quantités diminueront et ne pourront pas couvrir tous les besoins de la consommation des citoyens.Il y’a une possibilité d’avoir un manque de produits agricoles au cours des prochains mois, nous ne savons pas quand exactement . », a-t-il déclaré.
Un changement de paradigme s’impose
Dans l’optique de faire face à la baisse de la production agricole et de préserver la sécurité alimentaire du Maroc, un changement de paradigme s’impose avec la nécessité de s’installer dans une logique, de cours, moyen et long termes, qui saurait sauver les filières agricoles dans ce contexte difficile.
Dans ce sens, le professeur Mohamed Taher Sraïri, appelle à une révision globale de la politique relative au secteur de l’agriculture tout en signalant que les stratégies agricoles mises en place jusqu’ici sont « uniformes ».
En effet, ces dernières s’appliquent à tout le territoire sans tenir compte des disparités territoriales, notant bien que les régions Maroc se différencient les unes des autres. Autrement dit, si certaines sont désertiques, d’autres sont plus favorables, d’où la nécessité d’adopter des stratégies qui répondent aux grandes spécificités de chaque région et tiennent compte des différents défis et contraintes émergeant d’un environnement en perpétuelle mouvement. Et ce, dans l’optique de préserver les ressources hydrauliques qui restent indispensables pour assurer une agriculture durable.