2e Assises Africaines des Ressources Humaines : la rémunération au cœur du débat
La rémunération n’est pas une simple monnaie d’échange de la relation contractuelle employeur – employé. Elle n’est pas non plus une juxtaposition de variables de pilotage. Système dans lequel on cherche de manière permanente à obtenir cohérence et pertinence, elle constitue un pilier fondamental de la stratégie de l’entreprise.
Les Assises Africaines des Ressources Humaines, organisées le 24 et 25 juin 2022 ont été l’occasion d’aborder un nombre de questions relatives à la stratégie des entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines. Ces assises viennent ainsi offrir une plateforme d’échange et de partage entre les experts et les professionnels venus des quatre coins du continent.
« Le bilan de cette édition est 7 pays participants : Maroc, Sénégal, Tunisie, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Bénin, Cameroun et aussi l’Allemagne, à travers notre partenaire numéro 1 : La Fondation Konrad Adenauer », a fait savoir Mouna Boudrihem, Présidente de l’AGEF sud et fondatrice des Assises africaines.
Rendez-vous incontournable pour échanger autour de thématiques prioritaires et stratégiques, « les assises africaines ont pu s’affirmer avec force comme une grande plateforme d’échange entre les RH de différentes villes africaines. C’est important pour nous de créer un débat dans ce sens et d’échanger des bonnes pratiques sur le système de rémunération de la performance, surtout après la crise sanitaire de Covid-19 », s’est félicité, pour sa part, Steffen Krüger, Représentant résident de la fondation Konrad Adenauer.
La rémunération au cœur du débat
Un système de rémunération joue pleinement son rôle de levier au service de la stratégie lorsqu’il est équitable (tient compte de l’importance du poste et de la maîtrise du poste), compétitif (salaires attractifs par rapport au marché), incitatif (permet d’orienter les efforts des collaborateurs sur les priorités et objectifs de l’entreprise) et rationnel (relié aux performances de l’entreprise).
Les professionnels s’accordent à affirmer qu’un système de rémunération fondé sur la performance permet de répondre à ces quatre préoccupations essentielles. Il doit cependant s’intégrer dans un ensemble de règles et procédures pour déterminer le droit qu’ont les salariés à diverses formes de rétribution, comme la rémunération de la performance .
Les incitations collectives sont souvent jugées, peut-être à tort, comme peu efficaces sur le plan de la motivation, car elles n’opèrent pas de distinction entre ceux qui déploient de réels efforts pour des performances appréciables et ceux qui se contentent de faire le minimum. D’autre part n’y aurait-il pas une contradiction à vouloir motiver les individus à travailler en équipes, à dépasser les consignes strictement prescrites dans leur emploi, et, en même temps, choisir de récompenser la contribution et la performance individuelles. Ne serait-il pas plus pertinent de parler de performance collective et de la rémunérer en tant que telle ?
Quid des modes de rémunération dans les entreprises du continent ?
Dans la plupart de nos entreprises africaines, le mode de rémunération reste, hélas, basé sur la sécurité et la progression assurée, le salaire étant dissocié des résultats réalisés par le travailleur.
Quels sont les facteurs qui ont contribué à cette situation ? Quelles bonnes pratiques peut-on relever au sein de nos entreprises ? Comment faire de la rémunération de la performance un vecteur de motivation et d’engagement de nos équipes ? Comment rétribuer le mérite individuel sans affaiblir l’esprit collaboratif des équipes ? Les rémunérations sont -elles en cohérence avec la stratégie d’entreprise ? A-t-on pris conscience, dans nos entreprises, des problèmes cruciaux à résoudre préalablement à toute politique de rémunération à mettre en place.
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En outre, en fonction de quels critères la rémunération individuelle sera – t -elle revue ? ancienneté, compétence, mérite, résultats… Qu’en est-il du secteur public ? Comment utiliser le levier de la rémunération pour faire de l’administration publique un espace de production, où priment la rentabilité, la créativité et la compétitivité, où la performance du fonctionnaire puisse être appréciée non plus selon son statut et son ancienneté mais en fonction de sa contribution et des prestations qu’il rend à l’usager-client ?
Autant de questions cruciales auxquelles des experts, venus des quatre coins du continent, s’efforceront de répondre lors de cette 2ème édition des AARH (Assises Africaines des Ressources Humaines). Une occasion propice de revisiter la rémunération dans toutes ses dimensions et même au-delà, en ouvrant des débats sur des questions connexes comme la rémunération de la performance et l’impact business, le dilemme performance sociale vs performance économique, orientations stratégiques vs KPIs directions et individuels, etc.