DOSSIER DU MOIS

« La méthode Benkirane dans la gouvernance »

Larbi KHALIL

Cadre financier et juridique

Quatre ans ne sont pas suffisants pour donner un jugement sur la gouvernance de Benkirane. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que grâce à Benkirane, le PJD tient encore le gouvernail de la présidence. Faut-il rappeler que le type de scrutin pour l’élection de la majorité pour constituer le gouvernement ne donne pas au chef de gouvernement beaucoup de marge pour choisir l’équipe ministérielle dont il devrait être responsable directement pour gérer les dossiers épineux ? On a l’impression qu’il est tout le temps devant deux oppositions distinctes, celle de la coalition et celle des autres partis. Pour parer à cette situation, il opte toujours pour la transparence et la clarté.

Il est entre le marteau et l’enclume tant et si bien qu’il est difficile d’affirmer s’il a réussi ou s’il a échoué. Si l’on veut vraiment donner un jugement juste et impartial, il faut revisiter l’histoire et analyser la conjoncture actuelle de la scène politique marocaine. Pendant plusieurs années, les Marocains ont été privés d’élire le parti de leur choix. Aujourd’hui par contre, les choix s’affirment. Mais ce lourd héritage dont nous sommes tous responsables continue à peser énormément sur l’échiquier politique et donc il faudrait des années pour se défaire des comportements et des anciennes méthodes dont usent nos politiciens.

Par ailleurs, c’est vraiment désolant d’assister à des débats si stériles jusqu’à en arriver aux injures. Ni Benkirane ni l’opposition n’ont été à la hauteur dans leur façon de gérer les choses et se renvoient la balle et les insultes pour le moindre désaccord.

Mais comme on dit, «le style c’est l’homme». Benkirane a son propre style qui ne diffère pas de celui d’un père marocain, il aime ses enfants et ne tolère pas le manque de respect, avec une ouverture sur la modernité. Sauf que ce qui est choquant dans ses attitudes c’est qu’il s’emporte énormément et facilement, mais on peut considérer que cette méthode d’intimidation lui va à merveille. Ce qui m’a réjoui le plus, c’est son respect pour les citoyens et sa modestie.

Il faut noter que la globalisation ne gâte personne. Si on dispose d’atouts avec une solide politique économique, on peut survivre à n’importe quelle conjoncture. Doit-on rappeler que le Maroc n’a pas vraiment les atouts économiques d’un pays en voie de développement ? La classe moyenne est en voie de disparition, touchée en plein fouet par les réajustements macroéconomiques.

Abdelilah Benkirane a su gérer les conflits entre les ministres. Il a instauré le respect pour la présidence du gouvernement, lors de ses différentes réclamations devant les parlementaires, mais aussi lors de ses interviews télévisées. En un mot, il respecte ses engagements. Pour cela, il devrait rempiler pour un deuxième mandat parce que cinq ans ne sont pas suffisants pour dresser un bilan politique, social et économique. Il faut retenir la leçon de l’ancien gouvernement de l’alternance, sous la présidence de Abderrahmane El-Youssoufi. Il lui a fallu deux mandats pour abroger plusieurs lois et traiter plusieurs dossiers classés dans les tiroirs des ministères.

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