Maroc/Algérie : le double langage du pouvoir algérien
Par Khadija Skalli
L’Algérie se perd dans un double langage permanent concernant ses relations avec le Maroc. Son ambassadeur à Washington a récemment déclaré que « le conflit au Sahara n’était pas un frein à l’établissement de relations bilatérales avec le Maroc ».
Le pouvoir algérien se perd dans un double langage permanent concernant ses relations avec le Maroc. L’ambassadeur d’Alger à Washington a fait une déclaration en grande pompe en disant que « le conflit au Sahara n’était pas un frein à l’établissement de relations bilatérales avec le Maroc ». Madjid Bouguerra s’exprimait lors d’une rencontre organisée, mardi 12 février à Washington, par le think tank Center For The National Interest sur la lutte antiterroriste au Maghreb et au Sahel.
Or, les problèmes que connaît l’Union du Maghreb arabe sont tributaires des relations tendues entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara. L’Algérie ne cesse d’apporter son soutien aux séparatistes.
« Nous avons toujours dit que nous sommes prêts à travailler avec le Maroc pour améliorer nos relations bilatérales avec une seule condition: que nos frères marocains n’imposent pas de conditions », poursuit-il.
Une telle déclaration dénote un manque de volonté réelle de la part d’Alger d’édifier une coopération bilatérale fructueuse avec le Royaume.
→ Lire aussi : Limogeage du chef de la police algérienne
Pour mémoire, c’est le pays de Bouteflika qui n’a pas répondu officiellement à la main tendue de SM Le Roi Mohammed VI. Le Souverain avait appelé, dans son discours du 6 novembre 2018, à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche verte, l’Algérie à un dialogue bilatéral «franc et direct». Il avait proposé à cet effet la création d’un « mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation» pour «dépasser les différends» entre les deux pays.
Un mécanisme dont les contours sont à convenir d’un commun accord avec Alger. Sans conditions. Dans son discours, le Souverain a souligné que « le Maroc est ouvert à d’éventuelles propositions et initiatives émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations entre les deux pays voisins frères ». Il a réitéré son « son engagement à œuvrer main dans la main » avec Alger, dans un total respect des institutions nationales de leur pays.
En juillet 2011, dans son discours du Trône, le Roi Mohammed VI avait appelé à la réouverture des frontières terrestres avec l’Algérie, fermées depuis 1994. Malgré les appels incessants du Maroc pour la normalisation des relations bilatérales entre Rabat et Alger, le pays de Bouteflika s’entête à faire la sourde oreille.
Interrogé sur « le manque de coopération » entre l’Algérie et le Maroc sur les questions sécuritaires, l’ambassadeur algérien n’a pas trouvé mieux que de répondre « qu’il existait une coordination entre les services chargés de la lutte antiterroriste des deux pays ». Le patron du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), Abdelhak Khiame, a maintes reprises déploré l’entêtement de l’Algérie à refuser de coopérer avec le Maroc pour une meilleure lutte contre le terrorisme qui sévit dans la région de l’Afrique du Nord.