Le 2ème sommet Trump-Kim: l’espoir le dispute à l’incertitude
La capitale vietnamienne Hanoï se retrouve depuis plusieurs semaines au centre d’un ballet diplomatique incessant, car la « ville de paix » va abriter un rendez-vous crucial: le 2ème sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. Une sorte de deuxième chance pour la paix où l’espoir le dispute à l’incertitude.
Après plusieurs semaines d’attente qui a tenu en haleine la communauté internationale, Donald Trump a annoncé le 6 février devant le Congrès américain la tenue de ce sommet au Vietnam, qui se retrouve sous les feux de la rampe, mettant ainsi un terme aux spéculations quant à une seconde rencontre avec Kim Jong Un après leur rencontre historique à Singapour en juin dernier.
Après des années de tensions politiques et de diatribes, dont la fameuse « Little Rocket Man », lancé par Donald Trump en septembre 2017 devant la tribune de la 72e Assemblée des Nations unies et celle de « psychopathe » lancée à l’encontre du président américain par Kim Jong Un, les deux hommes semblent s’assagir et vouloir tourner la page pour aller de l’avant.
Après un premier sommet à Singapour, qui a débouché sur des engagements vagues et sans effets notables, la communauté internationale et en particulier les pays de la région, notamment la Corée du Sud et le Japon qui sont sous l’épée de Damoclès avec la menace des missiles balistiques du régime nord-coréen, attendent beaucoup de ce 2ème sommet pour pacifier la Corée du Nord et l’intégrer sur l’échiquier international après des décennies d’isolement.
La fin de la guerre de Corée, techniquement toujours en cours puisqu’aucun armistice n’a été conclu, l’épineux dossier de la dénucléarisation, les garanties de sécurité que peut offrir Washington à Pyongyang, sont autant de dossiers complexes qui seront sur la table des négociations à Hanoï et qui nécessiteront une véritable volonté politique pour les dénouer.
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Malgré le pessimisme affiché par les services de renseignement américains quant à la capacité de l’arsenal nucléaire et balistique toujours intacte de la Corée du Nord, Donald Trump nourrit l’espoir de faire fléchir la position de Kim Jong Un qui tient à ses armes nucléaires et ses missiles balistiques qu’il considère comme une « assurance vitale » face à Washington.
De l’autre côté, le dirigeant nord-coréen a tout à gagner d’une ouverture concrète vers Washington car les gains sont considérables pour un régime isolé qui croule sous les sanctions internationales avec une économie meurtrie, un retour au sein de la communauté internationale et un développement économique à « la vietnamienne », comme souhaité par Kim Jong Un qui a dépêché récemment son ministre des Affaires étrangères, Ri Yong Ho, à Hanoï pour demander le soutien du pays ami communiste pour lui servir de modèle d’ouverture économique.
Donald Trump, à qui il faut reconnaître le mérite d’être le premier président des Etats-Unis à réussir le dégel des relations avec la Corée du Nord, avance sur un terrain escarpé dans cette manœuvre politique et diplomatique délicate. D’une part, il doit faire preuve de fermeté et ne pas céder face à Kim Jong Un, d’autre part il lui faut « du concret » pour conforter sa position sur le front interne à l’aune de l’élection présidentielle prévue en 2020.
Kim Jong Un renoncera-t-il à son arsenal nucléaire et ses missiles? Donald Trump accordera-t-il des garanties suffisantes au dirigeant nord-coréen? annoncera-t-il la fin de la guerre de Corée? sera-t-il prêt d’aller jusqu’à retirer ses troupes de la frontière sud-coréenne? autant de questions qui détermineront l’avenir de cette éclaircie entre Washington et Pyongyang, car sans avancées majeures sur ces questions brûlantes, la désillusion prendra place des grands espoirs suscités par ce sommet et un retour au point zéro n’est pas à écarter.
Faute de volonté politique et d’engagements concrets des deux parties, ce 2ème sommet sera à l’instar du premier, un passage en coup de vent, sans issues ni résultats au grand dam des pays de la région et de la communauté internationale.