L’administration pénitentiaire se mobilise pour la protection sociale des détenus
Le délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), Mohamed Salah Tamek a affirmé mercredi à Béni Mellal que la protection sociale des détenus figure parmi les principaux objectifs dans la stratégie de son administration, étant un des droits fondamentaux de l’homme.
Intervenant à l’ouverture de la 6ème Université du printemps, organisée par la DGAPR et l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, il a noté que le thème de cette manifestation, « la protection sociale des détenus: une consolidation des programmes en faveur d’une réelle réinsertion », s’inscrit dans le cadre du débat national sur la protection sociale, qui s’appuie sur les Hautes Orientations Royales contenues dans le discours de SM le Roi Mohammed VI, prononcé à l’occasion de la célébration du 19ème anniversaire de la fête du Trône.
Il a aussi indiqué que cette université du printemps est l’occasion de susciter le débat sur la place des détenus dans le système de protection sociale et de discuter des moyens d’améliorer cette protection et du rôle des acteurs institutionnels et associatifs dans la réalisation de cet objectif.
Exposant les mesures prises en faveur de la protection sociale des détenus, M. Tamek a évoqué la signature d’une convention de partenariat avec l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, l’association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (AMICA) et le ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, portant sur la formation des détenus en fin de peine aux métiers de l’automobile.
Et d’annoncer que la DGAPR planche actuellement, en coordination avec ses partenaires, sur l’élaboration d’un cadre juridique autorisant l’emploi des détenus par le secteur privé dans les établissements pénitentiaires.
Par ailleurs, il a souligné que la DGAPR accorde un intérêt particulier en matière de protection sociale aux détenues veuves, aux femmes en détention avec leur enfants, aux femmes enceintes, aux mineurs, aux détenus âgés et étrangers, ainsi que les personnes à besoins spécifiques.
Pour sa part, le ministre de la santé, Anas Doukkali, a évoqué le partenariat entre son département et la DGAPR, à travers notamment un programme triennal portant sur l’organisation de campagnes médicales à l’intérieur des établissements pénitentiaires, l’équipement d’unités médicales et des sessions de formations pour le corps médical et paramédical.
Ce partenariat, a-t-il ajouté, concerne également la modernisation d’un centre médical pluridisciplinaire à la prison locale Ain Sbaâ 1 de Casablanca, la mise en place de deux unités sanitaires en milieu carcéral à Agadir, le don de trois ambulances au profit de la DGAPR ou encore l’organisation de campagnes de dépistage des cancers de sein et du col de l’utérus, outre les maladies chroniques et la tuberculose.
De son côté, le ministre délégué chargé des relations avec le parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a relevé le rôle des associations dans l’accompagnement de la DGRPR dans de nombreux chantiers liés à la protection sociale des détenus, s’attardant tout particulièrement sur leur actions dans la lutte contre les adductions et l’usage des stupéfiants en milieu carcéral, sachant que 25 % des condamnations sont liées à des affaires de consommation et de trafic de drogue.
D’où, pour lui, la nécessité de renforcer la protection sociale des détenus en vue surtout de faciliter la réinsertion et de diminuer les cas de récidive.
Par ailleurs, le ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi a estimé que l’éducation et la lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme sont des remparts contre la criminalité, insistant sur la nécessité de généraliser à hauteur de 90 % la couverture sociale d’ici à 2021.
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Dans une déclaration à la MAP à cette occasion, le wali, coordonnateur national de l’Initiative nationale de développement humain (INDH), Mohamed Dardouri, a affirmé que cette initiative entre dans le sillage de la 3ème phase de l’Initiative, dont le deuxième programme consacre une place importante à l’accompagnement de toutes les catégories de prisonniers, aussi bien les anciens détenus que ceux toujours en détention.
« Cette journée d’études, à laquelle nous participons avec la DGPAR, est l’occasion pour examiner les différents aspects de la protection sociale de cette frange de la société », a poursuivi M. Dardouri.
Le Coordonnateur national de l’INDH s’est par ailleurs félicité de la convention signée avec la DGPAR et portant sur la création d’une unité de traitement des cas d’insuffisance rénale au niveau de la prison locale de Béni Mellal et d’autres établissements pénitentiaires, assurant de l’accompagnement par l’INDH de ces initiatives sociales.
Pour sa part, le coordinateur de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, Abdelouahed Jamali Idrissi, a donné un exposé sur les interventions et l’action des centres d’accompagnement et de réinsertion relevant de la Fondation.
A cet égard, il relevé que le nombre des bénéficiaires des services de ces centres en 2018 a atteint 825 personnes sur les plans familial et social, 1.683 dans le domaine de l’accompagnement judiciaire, 5.190 dans le domaine administratif, 788 dans le domaine de la santé, 1.124 dans le domaine de l’éducation et de la formation, 2.085 dans le domaine de l’emploi et 269 bénéficiaires sur le plan du soutien en faveur d’activités génératrices de revenu.
Et d’affirmer que les établissements pénitentiaires sont devenus aujourd’hui un partenaire et un acteur dans le domaine de l’éducation et de la création. La Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus représente une véritable force de propositions et un acteur agissant en faveur de l’humanisation du milieu carcéral et la promotion des valeurs civiques, a souligné M. Jamali Idrissi.
La présidente du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Amina Bouayach, a, de son côté, évoqué l’imminence d’une réelle transition en matière de protection sociale dans le pays, citant le projet de loi ciblant les bénéficiaires des aides sociales ainsi que la création d’une Agence nationale des registres.
Elle s’est également félicitée du partenariat entre le CNDH et la la DGAPR, qui s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle vision ayant pour objectif de prévenir les violations aux droits de l’homme en milieu carcéral et dans la société.
A noter que l’ouverture de cette université du printemps dans la prison locale de Béni Mellal a été marquée par la signature de trois conventions en faveur de la protection sociales des détenus. La première convention, associant la DGAPR, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, l’INDH et la Fondation AMAL pour l’hémodialyse et les œuvres sociales, porte sur la création d’une unité d’hémodialyse pour les détenus. La deuxième signée avec l’opérateur Maroc Telecom, concerne la généralisation dans les prisons marocaines des services de téléphonie fixe en vue de permettre aux détenus de communiquer régulièrement avec leur familles et proches.
Quant à la troisième convention signée avec l’université Sultan Moulay Slimane, elle vise la promotion de la recherche scientifique en milieu carcéral.
Cette sixième Université qui profite à plus de 230 détenus, prévoit des conférences sur l’expérience marocaine en matière de protection des détenus avec aussi au programme, la présentation d’expériences à l’étranger et une discussion sur les moyens de consolider la protection sociale en faveur des détenus.
Parmi les thèmes qui seront abordés lors de cette édition figurent « Quel modèle de protection sociale des détenus ? Expériences comparées », »Quelle place pour les détenus dans la réforme du système de protection sociale au Maroc ? », »Les dispositions juridiques en faveur de la consolidation de la protection sociale » ou encore »Le rôle de la société civile dans la promotion de la protection sociale des détenus ». Lors de la clôture de cet événement, des prix seront décernés aux détenus qui se sont distingués dans leur scolarité et dans les formations professionnelles et programmes d’alphabétisation.
Les séances programmées lors de cet université de deux jours sont encadrées par des représentants de départements gouvernementaux, d’ONG, d’experts internationaux, outre des ateliers de réflexion sur la réinsertion animés par des étudiants et autres intervenants.
Les cinq précédentes éditions de l’université du printemps ont eu lieu dans des établissements pénitentiaires basés à Salé, Casablanca, Fès, Marrakech et Agadir.