Benyoub: L’abolition du mariage des mineures passe par la lutte contre certaines croyances sociales
Le délégué interministériel aux droits de l’Homme, Ahmed Chaouqui Benyoub a indiqué, vendredi à Rabat, que l’abolition du mariage des mineures passe par la lutte contre certaines croyances sociales qui favorisent ce phénomène.
S’exprimant à l’occasion de la rencontre nationale sur le « Mariage des mineures: abolir l’exception…rétablir la norme », M. Benyoub a indiqué que l’abolition du mariage des mineures est confrontée à plusieurs défis, notamment « les coutumes et pratiques qui s’apparentent à l’esclavage, commençant par la contrepartie financière et se terminant par la traite humaine », soulignant la nécessité de « rejeter les croyances relatives aux crimes d’honneur et menant au mariage forcé ».
M. Benyoub a fait savoir que la revendication de l’abolition du mariage des mineures repose sur des considérations constitutionnelles se rapportant à la protection de la famille, une responsabilité qui ne peut être confiée à des mineurs, ajoutant que la campagne nationale contre ce phénomène reflète la position majoritaire favorable à l’abolition du mariage des mineures.
La capacité d’entretenir une famille, la nécessité d’offrir aux mineurs une opportunité d’études et la protection de la femme contre le mariage précoce, sont autant de considérations qui préoccupent la communauté internationale et plaident en faveur du report de l’âge de mariage, a-t-il noté, soulignant que la révision de la législation selon une approche fondée sur les droits changeraient inévitablement la réalité.
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De son côté, le chef du bureau et représentant du Conseil de l’Europe à Rabat, Jose-luis Herrero Ansola a indiqué que le mariage des mineurs constitue un sujet important pour cette institution puisqu’il touche à deux éléments qui font l’objet d’instruments juridiques internationaux, notamment la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et les instruments relatifs à la protection des enfants.
Il a, à cet égard, plaidé en faveur de l’amélioration de la législation et de son application, appelant à une action socio-économique et une prise de conscience de la part de l’ensemble de la société civile, afin de lutter contre ce problème.
Pour sa part, M. Philip Holzapfel, chargé d’affaires à la délégation de l’Union européenne au Maroc, a affirmé que dans le cadre de l’appui budgétaire au Plan gouvernemental pour l’égalité, l’UE, qui a signé une nouvelle phase en décembre 2018, à travers le programme « Moussawat », soutient les actions des différents acteurs travaillant sur la sensibilisation des parties prenantes et la mise en place des dispositifs législatifs et opérationnels permettant de suivre la situation, afin d’atteindre une réduction du phénomène lié au mariage des mineures.
Il a, par ailleurs, souligné l’importance d’encourager les acteurs de la société civile à poursuivre leur plaidoyer dans le sens d’une éradication de cette pratique, appelant à sensibiliser les familles afin de changer les attitudes et de travailler avec l’ensemble de la communauté pour convaincre des conséquences néfastes du mariage des enfants et de la réduction de l’acceptation de ceux qui prennent la décision de marier les filles avant leurs 18 ans.
Cette rencontre, à laquelle ont pris part des acteurs institutionnels et associatifs ainsi que des experts, a été l’occasion d’enrichir le débat public et plaider contre le phénomène du mariage des mineures. Elle a, aussi, pour finalité de s’ouvrir sur les dynamiques engagées dans ce domaine, dans la perspective d’élaborer un mémorandum sur le mariage des mineures et de lancer la mobilisation autour de celui-ci.
Les travaux de cette rencontre ont été marqués par la présentation d’expériences locales, nationales et internationales, dans le cadre de trois panels axés sur le « Mariage des mineures: initiatives institutionnelles », « Mariage des mineures: bonnes pratiques au niveau international » et « Mariage des mineures: dynamiques locales ».