Bourita appelle l’Afrique du Sud à travailler avec le Maroc pour l’émergence d’un nouveau modèle de coopération interafricaine
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a appelé, dimanche, l’Afrique du Sud à travailler avec le Maroc pour l’émergence d’un nouveau modèle de coopération interafricaine.
«Au lieu de continuer dans une situation d’impasse, le Maroc et l’Afrique du Sud doivent travailler ensemble pour développer un modèle de coopération interafricaine et de coopération sud-sud,» a dit Bourita dans une interview à l’hebdomadaire sud-africain, The Sunday Times.
Le Maroc et l’Afrique du Sud, qui demeurent deux importantes économies en Afrique, représentent deux plateformes d’entrée dans le continent, a-t-il indiqué, notant que Rabat et Pretoria sont appelés à travailler ensemble pour aider l’Afrique à avancer vers l’émergence économique nécessaire du continent.
Parmi les principaux domaines qui s’offrent à cette coopération entre les deux pays, le ministre a cité le développement de la Zone de libre-échange africaine et le transport aérien.
Bourita n’a pas manqué de souligner le soutien apporté par le Maroc à la lutte du peuple sud-africain contre le régime de l’apartheid, rappelant que le leader historique sud-africain Nelson Mandela avait été accueilli dans le Royaume depuis le début des années 1960.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a, d’autre part, souligné que le Maroc et l’Afrique du Sud, eu égard à leurs positions géographiques, «ne doivent normalement pas avoir des problèmes bilatéraux».
«Nous ne partageons pas les mêmes frontières, nous n’avons pas de problèmes territoriaux», a-t-il dit, expliquant que les problèmes qui perturbent les relations entre les deux pays s’expliquent par la décision de Pretoria de «prendre position sur une question qui concerne une région située à des centaines de kilomètres, une position qui va à l’encontre de celles de l’ONU et de l’Union africaine (UA)».
Bourita a déploré, dans cette veine, la décision de l’Afrique du Sud d’abriter, les 25 et 26 mars dernier au siège de son ministère des Relations internationales, une conférence de soutien aux séparatistes du polisario.
Cette conférence, organisée à l’initiative de la communauté de développement d’Afrique australe (SADC), s’est inscrite à contre-courant du processus onusien visant à trouver une solution au différend régional au sujet du Sahara marocain, a-t-il dit, soulignant que l’Afrique du Sud, en tant que membre de la communauté internationale, doit aider dans ce sens dans le cadre de la neutralité nécessaire.
«Normalement, si vous êtes un pays qui œuvre dans le cadre de la communauté internationale, vous devez aider sans préjugé et sans se ranger du côté d’une partie», a-t-il dit.
«L’Afrique du Sud a choisi une autre voie», a regretté Bourita, soulignant que les paramètres d’une solution au conflit créés autour de l’intégrité territoriale du Maroc sont clairement définis dans le cadre de l’Onu, qui appelle à un règlement réaliste, pragmatique, durable et fondé sur le compromis.
Le ministre a, d’autre part, souligné que la question du Sahara ne doit pas être comparée à la situation au Moyen-Orient. «En Palestine, l’Onu a adopté une résolution appelant à une solution à deux Etats. Au sujet du Sahara, il s’agit d’un processus politique en vue de trouver un règlement avec l’Algérie», a-t-il expliqué.
Rappelant que la présence d’Israël dans les territoires palestiniens est mondialement reconnue comme une occupation, Bourita a lancé un défi à l’adresse de «nos frères en Afrique du Sud de trouver une seule résolution onusienne qui qualifie la présence du Maroc au Sahara comme une occupation».
Si l’Afrique du Sud veut jouer un rôle honnête, elle doit reconnaître ces deux positions différentes l’une de l’autre, a encore dit Bourita.
Revenant sur la conférence ministérielle africaine sur l’appui de l’UA au processus politique des Nations-unies sur le différend régional au sujet du Sahara marocain tenue récemment à Marrakech, Bourita a souligné que cette rencontre visait à montrer que les pays africains soutiennent la position du Maroc et que la conférence de Pretoria ne devait pas être perçue comme une référence de la position africaine.
La conférence de Marrakech a également permis de montrer que la rencontre de Pretoria était un moyen de diviser l’Afrique, a ajouté le ministre, rappelant le consensus qui s’est dégagé lors du 31è sommet de l’UA tenu à Nouakchott, consacrant l’exclusivité de l’Onu sur la question du Sahara et le soutien et l’accompagnement que l’UA doit apporter au processus onusien.
«Qui divise l’Afrique? Qui a décidé que ceux qui s’opposent au Maroc devaient se rencontrer?», s’est interrogé le ministre, soulignant : «notre message était de dire que l’unité était à Marrakech et que la division était à Pretoria».
Le Sunday Times commente, dans ce contexte, que les efforts du Maroc ont été couronnés de succès d’autant plus que la conférence de Marrakech a été marquée par la participation de 37 pays africains contre seulement 24 annoncés lors de la conférence de Pretoria, y compris des pays comme Cuba, Venezuela et Nicaragua.