Algérie: vers un « cinquième mandat » du président Bouteflika à 82 ans
En dépit de ses problèmes de santé, le président algérien Abdelaziz Bouteflika pourrait se présenter, à l’âge de 82 ans, à se propre succession en 2019, à en croire les affirmations de plusieurs de ses partisans qui sont déjà en campagne pour le « cinquième mandat ».
Cette perspective, défendue corps et âme par les « fidèles », ne manque pas de susciter l’indignation chez les commentateurs algériens, qui craignent que leur pays ne soit couvert de « ridicule » face au reste du monde.
Le tout nouveau secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, affiche un soutien sans faille à la réélection de Bouteflika, annonçant même que le chef de l’Etat va quitter son fauteuil roulant pour se remettre à « marcher » dans quelques mois.
Le président algérien, arrivé au pouvoir en 1999, ne s’est plus adressé à son peuple depuis plusieurs années, ce qui ne l’a pas empêché d’être réélu en avril 2014, tout juste un an après sa longue hospitalisation en France pour un accident vasculaire cérébral (AVC) ayant sérieusement affecté ses facultés de mouvement et de parole.
« Vouloir, vaille que vaille, à réélire une personne valétudinaire à la tête de tout un pays dénote d’une hérésie incommensurable », lance un commentateur algérien, sur un ton satirique.
Il y a quelques jours, le président du Mouvement pour l’Algérie (MPA), l’ancien ministre Amara Benyounes, a réaffirmé son soutien « indéfectible » à Bouteflika, qu’il considère comme « le sauveur » du pays.
« C’est un bien triste spectacle qu’offrent depuis des mois, voire des années, les soutiens de Bouteflika ou ceux qui adoptent des postures spécialement calculées pour paraître comme tels », déplore l’éditorialiste du journal « Liberté » dans son édition de jeudi.
Un autre chroniqueur estime que « les éléments parasitaires qui pullulent comme des champignons autour du pouvoir d’Alger ne sont pas le fruit du hasard, car ce beau monde tient à préserver les privilèges dont il jouit et les largesses sans communes mesures que ledit régime lui a offerts ».
« Les Algériens savent bien que derrière le respect de la statue du commandeur que vous essayez de leur imposer depuis vingt ans, il y a tout un monde interlope qui engrange tant qu’il peut engranger et qui a besoin que l’icône bouge encore », renchérit le directeur d’un journal électronique.
Et de s’interroger: « Pensez-vous vraiment échapper au ridicule chez nous et à l’étranger quand vous plaiderez la capacité indiscutable d’une personne âgée et très diminuée à prendre en main les destinées d’un pays très jeune, alors que la science et le bon sens disent le contraire ? ».