Une cacophonie qui arrange Benkirane?
Et si la donne venait à être renversée, le premier et le deuxième scénario ayant été épuisés d’un gouvernement représentatif, revendiquant le consensus et la cohérence ? Et si la scène de ce théâtre et d’ombres chinoises n’était plus celui sur lequel tablent encore quelques visionnaires en mal d’hypothèses sensationnelles ?
On croyait les choses ficelées voire figées à la vue de la jubilatoire photo de Chabat sortant de chez Benkirane et annonçant un accord de participation du premier au gouvernement du second ! Ensuite ce fut au tour du leader du Mouvement populaire, tout à sa prudente moue, lançant à demi-mot, « mezza voce » son accord de principe… Puis ce fut le tour de Mohamed Sajid qui, sans empressement rencontre Benkirane mais restera dans la langue de bois…Et dans la foulée, un Driss Lachgar refusant d’être en reste qui piaffait d’impatience mais se résignait à rencontrer enfin – sous des sunlight nourris – le chef du gouvernement, dont le parti a bouffé les voix électorales qui lui revenaient…
Restait le dernier acteur et non des moindres : Aziz Akhannouch annoncé et élu président du Rassemblement national des indépendants (RNI), plébiscité même lors du Congrès extraordinaire tenu le 29 octobre dernier. Jusqu’à cette date, le chef du gouvernement suspendait et ses consultations et ses déclarations intempestives. La rencontre avec le nouveau chef du RNI, attendue de pied ferme, ne livrera jamais ses secrets ni de déclaration bouleversante, Aziz Akhannouch s’en tenant à un langage banal, sans jamais se départir de sa réserve.
Il convient de souligner que la deuxième force du pays, le PAM, fort de ses 102 sièges a préféré garder un mutisme qui le distingue.
Finalement, ce gouvernement et ces tractations continueront, à coup sûr, au-delà de la COP 22, quand le rideau tombera sur cette manifestation planétaire. Sauf, qu’entretemps, il s’est passé quelque chose : le refus catégorique du RNI de voir le Parti de l’Istiqlal prendre part au futur gouvernement. Aussi surprenante qu’elle ait pu paraître, cette revendication est posée comme une condition sine qua non par Aziz Akhannouch !
Privé de son allié circonstanciel qui a obtenu 46 sièges, que ferait le leader du PJD ? Avec le PPS, réduit à sa plus simple expression, les trois partis totalisent à peine 183 sièges, autrement dit, ils sont loin de la majorité parlementaire requise…Il faut donc la garantie qu’une autre formation puisse apporter l’appoint nécessaire pour boucler le compte et faire émerger une majorité gouvernementale cohérente.
Réticents, le MP, le RNI, l’UC sont en quête d’une coalition organique large en espérant convaincre l’USFP avec ses 20 sièges de se joindre à eux… Et la rumeur que l’USFP pourrait prétendre au perchoir, y placer à la tête du parlement un Habib El Malki fait son tour…
Les jeux de mirages, les tractations deviennent alors l’exercice confirmé de nos partis et de l’échiquier national. C’est à s’interroger, pourquoi finalement des élections et pour quels changements ?