Décès d’Henry Hermand, mentor d’Emmanuel Macron
L’ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron a perdu ce week-end un de ses mentors, l’homme d’affaires Henry Hermand, mort samedi soir à 92 ans, qui l’a encouragé à se détacher de François Hollande pour se lancer en politique dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017.
« Je perds un ami proche, ainsi qu’un compagnon de pensée et d’action exigeant », a déclaré dimanche dans un communiqué le fondateur et dirigeant du mouvement « En Marche ! »
« Il a accompagné avec une grande ferveur les premiers pas d »En Marche !’ et c’est tout le mouvement qui aujourd’hui est en deuil », poursuit Emmanuel Macron. « Sa disparition doit nous donner plus de force et d’obligations. »
Henry Hermand, physicien de formation, homme de gauche et résistant, a exercé des responsabilités syndicales de 1948 à 1952 au Commissariat à l’énergie atomique avant de devenir un pionnier de la grande distribution et un entrepreneur de presse.
Il a soutenu Pierre Mendès France et Michel Rocard, deux figures tutélaires de la gauche non-communiste française, puis, en 2012, l’actuel chef de l’Etat, François Hollande.
Il avait trouvé en Emmanuel Macron un nouveau poulain, à qui il a fait notamment passer des notes.
Il revendiquait le fait d’avoir convaincu l’ex-ministre de l’Economie d’abandonner l’idée de « social-libéralisme » ou de « social-réformisme » au profit de la notion de progressisme.
« J’incite toutes mes relations d’affaires à immédiatement aider Emmanuel Macron. Je m’inspire de la campagne d’Obama, basée sur des petits porteurs », déclarait-il dans une interview publiée le 19 septembre dernier par Le Figaro.
Emmanuel Macron « apparaît aujourd’hui comme un recours. L’une de ses qualités et de s’ouvrir au monde, de comprendre ce qu’il se passe », ajoutait-il.
Henry Hermand n’était cependant pas toujours tendre pour son protégé, dont il n’appréciait pas toutes les initiatives, comme son rapprochement avec l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, selon lui « le pire ennemi de Rocard ».
« Emmanuel (…) a besoin d’être recadré sur des connaissances historiques », ajoutait-il dans la même interview.
Il estimait également que les « couvertures » d’Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte dans Paris Match étaient « une erreur » et que l’ex-ministre de l’Economie perdait « parfois son temps » dans son désir de « serrer toutes les mains, même des personnes qui ne sont pas d’accord avec lui ».
« Avec sa femme, on lui demande d’arrêter. On veut freiner ses tentatives de trop convaincre », ajoutait-il.
Il n’est pas sûr que, sur ce chapitre, il ait réussi à convaincre Emmanuel Macron, à en juger par les journées passées ces derniers mois sur les routes par l’ex-ministre de l’Economie à la rencontre des Français.