Othman Benjelloun entre charognards et journalisme couché
Par Hassan Alaoui
Il y a manifestement quelque chose de pathétique dans la prétendue « enquête » qu’un mensuel de la place a consacré à Othman Benjelloun, couverture, manchette et tout le décorum graphique pour nous révéler dès l’incipit en première page que BMCE Bank of Africa est si mal, au point de nous faire accroire à sa chute proche, très proche. La prétendue enquête n’est pas publiée fortuitement ni impromptu, elle n’est pas non plus tombée du ciel, mais bel et bien à point nommé : à un moment où d’une inauguration magistrale à Shanghai à la signature solennelle deux jours plus tard à Pékin de l’acte d’intention pour la réalisation du projet de la Cité Mohammed VI à Tanger, ou encore après que le président Othman Benjelloun, comme à son habitude, eût annoncé lors de sa dernière conférence de presse , organisée le 2 avril dernier, une série de décisions et des nouvelles sur lesquelles la presse et les analystes se jettent avec friandise, il a encore fait montre de son irréductible volonté d’aller de l’avant, d’étonner de nouveau aussi bien ses partisans que ses contempteurs et adversaires patentés, et crise ou pas crise, de tracer le sillon des futures projections qui – au grand malheur de ses critiques – vont au-delà de l’immédiat.
Pour les habitués des conférences de presse du président de BMCE Bank, celle du 2 avril n’a pas varié d’un iota des autres, inscrites dans le même cérémonial perfectionniste depuis qu’il a pris le contrôle de la banque en 1995 qu’il a transformée en un groupe international. On s’étonne toutefois que, noyé dans les incises, l’article qui le met délibérément en cause en fait un cas tout au long de près de deux colonnes d’une page pour nous convaincre ou nous suggérer une fatuité quelconque dans l’organisation d’une conférence conduite dans les règles de l’art par ses collaborateurs , d’en faire surtout un argument d’attaque ad hominem au flanc, alors que n’importe quel PDG en fait autant et même plus pour donner sens à ses propos.
Jusque-là, les directeurs du groupe et les hauts cadres qui ont pris l’habitude de se mettre au même rang que leur président, n’ont pas été, que l’on sache, soumis par lui à la posture d’obligés ou exposés à sa méprise, ils ne « chuchotent » point contrairement à ce que l’article croit avancer . Ils parlent à voix basse, échangent et rient même, quand bien même le journaliste croyant seul saisir l’insaisissable secret au vol estimerait entrer par effraction dans leur confidence et, imprudemment, leur prêterait et projetterait sur eux ses propres fantasmes.
Des clins d’œil sulfureux
Pour avoir pris part à toutes ou presque les conférences de presse ou rencontres organisées dans cet amphithéâtre du 10ème étage, la convivialité et la rigueur – avec ou sans Othman Benjelloun – ont toujours prévalu et jamais le lieu n’a sacrifié à l’esprit de clocher pour ne pas dire au geste ecclésiastique. Pas plus que Othman Benjelloun n’a été et n’est tenté de se vêtir du manteau du grand Prêtre, du pasteur dominateur et écrasant. Les clins d’œil de l’article, sulfureux et proprement diffamatoires, quand ils ne relèvent pas de la mauvaise foi, dénotent gravement un manque de professionnalisme notoire. La règle déontologique nous impose de croiser les sources, de les confronter et de ne jamais se fier ni se faire un quelconque écho – fût-il si près de la réalité –, encore moins le complice de rumeurs ou de commentaires anonymes. Or, dans le cas précis qui nous intéresse ici, non seulement le recours à une ou des sources anonymes, prétendument « proches » du « dossier », autrement dit « près des dieux » abondent comme des « gorges profondes », mais vont toutes dans le même sens de l’anathème et de la diabolisation d’un homme qui, bien évidemment, n’a pour lui que sa propre force et son optimisme érigé en mât face à la Curie.
On reprendra bien à propos le propos d’un certain Albert Camus qui, dans un éditorial célèbre du journal Combat il y quatre-vingt ans sur la presse, exigeait «que les articles de fond aient du fond, et que les nouvelles fausses ou douteuses ne soient pas présentées comme des nouvelles vraies». Nous y sommes allégrement ici.
La déontologie, si tant est que l’on puisse encore invoquer ce concept à l’aune d’une démonétisation de l’information par les fake-news, nous impose en cas de mise en cause d’un sujet, ici d’un homme, Othman Benjelloun en l’occurrence, ou d’un système – ici BMCE Bank of Africa – de recouper les informations circulantes ou entretenues à leur sujet. Autrement dit de prendre la peine de l’interroger et de lui demander son avis. Rien, de toute évidence, n’a été entrepris dans ce sens, l’objectif de la pseudo enquête étant simplement d’organiser d’un paragraphe à l’autre un procès à charge, d’un bout à l’autre comme dans le rituel sacrificiel digne des inquisitions staliniennes, prisonnier de la dictature de la désinformation en vogue.
Que vaut une « information » qui ne fasse pas la part des choses, appuyée sur l’unilatéralité et les interprétations issues et alimentées d’une seule même source ? Rien. Comment un ou des journalistes peuvent-ils nous convaincre de leur bonne foi lorsque la plus élémentaire des règles du métier, c’est-à-dire le réflexe de sourcer explicitement leurs écrits, sont bafouées au grand mépris des principes déontologiques et des lecteurs ? Comment ne pas être tentés d’y voir une manière de manipulation, menée depuis des mois maintenant au pas de charge, dévoilant au grand jour d’obscures ambitions et une haine perceptible envers le groupe BMCE Bank et son président ?
Une 5ème colonne et des aigris
Le montage de la « Une » et la « manchette », pour peu que l’on soit familier des règles du métier – outre une exécution programmée – s’apparente à ces titres sensationnels et le moins que l’on puisse dire racoleurs. Ils nous rappellent ces feuilles de chou – le papier glacé et mat en plus – genre Crapouillot dont la ligne est le délirant procès des personnalités et le fonds de commerce un populisme de bas étage. Les chiffres exposés et traduisant évidemment des baisses ne sont pas un secret puisque les dirigeants de la banque sont les premiers à le reconnaître. Ils sont à présent mis en évidence, à dessein, plus que les succès des exercices précédents. On peut imaginer que la « 5ème colonne » – composée d’aigris – qui, de l’intérieur, au cœur du système BMCE Bank travaille pour démolir l’institution se réjouisse et croque à pleins dents le plaisir de la voir si rabaissée.
Or, notamment pour une institution financière, la religion obsessionnelle des chiffres et des courbes n’a jamais constitué la finalité totale et définitive, tant s’en faut. Les brandir comme un argument péremptoire relève de l’esbroufe, et Othman Benjelloun n’est jusqu’à nouvel ordre ni bigot, ni bégueule. Qu’il fasse l’objet d’attaques frontales témoigne à coup sûr d’une irascible jalousie à son endroit, nourrie de fantasmes de toutes sortes et dignes de café de commerce. Ses détracteurs, ils ne sont pas légion, font feu de tout bois et beaucoup sont devenus les apocryphes janusiens , qui invoquent à tire-larigot et sans aucune pudeur son âge. Oui son âge, cité abondamment dans l’article comme un couperet.
On ne peut pas ne pas se rappeler cette scène ubuesque du fameux débat télévisé qui avait opposé en 1988 Jacques Chirac et Lionel Jospin à la fin de la campagne électorale lorsque ce dernier, tout à sa psycho-rigidité et croyant mettre à mal son adversaire posa cette question : « M. Chirac, voulez-vous bien dire aux Français quel âge avez-vous ? » Et ce dernier peu enclin à céder à la provocation de rétorquer : « M. Jospin, votre question ne me gêne guère, car mon âge …c’est le temps qui me reste à vivre » ! Othman Benjelloun est de tout âge, ceux qui se sont fait une spécialité ou leur exercice favori de spéculer sur son âge en ont pour leur grade. Son optimisme n’a d’égale que sa volonté de bâtir et la communauté des banquiers comme aussi des hommes d’affaires, nationaux et internationaux, voient en lui un modèle, l’archange constamment à pied d’œuvre, doté d’une capacité de travail à nulle autre pareille, visionnaire et précurseur.
Il ne se renie jamais, ni revient jamais sur ses choix, dans sa mission de bâtisseur comme dans ses amitiés. Il est constamment en quête de pureté et sa marque reste la continuité, une manière d’engagement impliquant des devoirs envers sa famille et son pays. On citera, à titre d’exemple ce propos tenu par John F. Kennedy en 1961 : « Ne vous demandez pas ce que votre pays vous donnera, mais plutôt ce que vous, pourriez donner à votre pays » !
Les complotistes
Othman Benjelloun, démentant ainsi les logomachies hérissées dans la pseudo enquête, n’a besoin ni de puissance, ni de grandeur, encore moins de reconnaissance, il dédie sa vie à son pays et à ses projets citoyens et patriotiques. Ceux qui s’activent dans les antichambres ne devraient-ils pas se résoudre à cette réalité qui les confond dans leur forfait complotiste qu’à force de spéculer sur l’effondrement du groupe BMCE Bank, c’est une part d’eux-mêmes qu’ils trahissent ?
Les contempteurs qui se précipitent sur l’escalier du Tribunal moral, dont beaucoup ont été ou sont pourtant promus et nourris par Othman Benjelloun, nous font le tour de magie sur de prétendues pertes et fracas, des dissensions entre les actionnaires, les fragilités des investissements et tutti quanti…Se lance-t-il dans la construction de la Tour Mohammed VI de Rabat ? Les voilà, tel Cassandre, mobilisés pour y chercher la faille et nous prévenir de l’échec… ? Signe-t-il le 26 avril le document officiel du MoU à Pékin en présence de personnalités chinoises officielles , un ministre délégué du Maroc , le président de la Région de Tanger et celui de TMSA ? Voilà encore que l’on cherche des petites noises et met en doute même la réputation du groupe chinois CCCC ( China Construction Communication Compagny ) qui remplace El Haite…
Or, le projet de la Cité Mohammed VI Tanger Tech n’implique pas uniquement le groupe BMCE Bank of Africa qui n’en est que le porteur et le facilitateur, mais aussi le ministère de l’Intérieur, celui du Commerce et de l’Industrie, la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima…Le président du groupe BMCE Bank of Africa a sa réputation qui le précède et parle pour lui, comme son ombre. Elle ne sera jamais sulfureuse, il a fait le choix depuis des lustres de servir son pays, sous le Roi Hassan II, sous Mohammed VI portant sur son cœur, comme un emblème et non un colifichet, un patriotisme aigu et une fidélité sans faille à la Monarchie. Aux temps durs de la guerre froide, quand les Etats-Unis avaient décrété l’embargo contre la Chine dans les années soixante-soixante-dix, Othman Benjelloun, prémonitoire pour ne pas dire plus, se rendait à plusieurs reprises en Chine et, dans la foulée, avait été reçu par Mao Tsé-toung (Mao Zedong), fondateur de la République populaire de Chine.
Est-ce à dire qu’il jouait déjà le rôle de missi dominici, incarnant la diplomatie parallèle affectionnée par feu Hassan II. Othman Benjelloun , dont le groupe emploie des milliers de personnes, consacre plus de 4% des bénéfices aux œuvres sociales et la Fondation BMCE Bank pour l’éducation et l’environnement incarne l’engagement exemplaire du groupe en faveur du monde rural, puisque plus 60 écoles de Medersat.com ont été réalisées, équipées, entièrement prises en charge par la Fondation, au niveau des professeurs, du matériel technologique , du suivi programmatique, de l’encadrement des formateurs et de leurs conditions de vie.
« L’enquête » du mensuel semble se faire fort de tailler des croupières au président du groupe BMCE Bank, elle n’a de cesse de souligner les difficultés financières qu’il traverse, mais paradoxalement elle viole les usages de la profession parce qu’elle procède d’un parti pris délibéré, sans doute inspiré, qui traduit davantage une campagne de dénigrement que la vérité verticale à laquelle elle prétend. C’est peu dire que les langues qui se délient de nos jours sont à coup sûr portées à tirer argument des difficultés que traverse le groupe. L’imposture qu’ils manifestent aujourd’hui contraste par trop avec la libidineuse complaisance d’hier.
A un quidam venu lui dire : « Untel ne cesse de vous médire et de se répandre en critiques envers vous… », Voltaire, un brin cynique a répondu : « Ah bon ! Je m’étonne, pourtant, il ne me souvient pas d’avoir fait quelque bien à ce Monsieur… » !