Quand le Roi, exaspéré, rappelle Benkirane à l’ordre
Il est clair que ce qui se passe sur la scène politique déçoit le Roi, notamment en ce qui concerne les négociations pour la constitution d’un nouveau gouvernement qui semble relever de la complexité d’un casse-tête politique. C’est à se demander si on ne s’achemine pas vers un scénario à l’espagnole ! Les Marocains ayant voté pour Benkirane l’ont mis tout de même en sérieuse difficulté en ne lui donnant pas les coudées franches pour former un gouvernement. Et cette absence de majorité politique a conduit les citoyens à des prévisions inédites pour la formation d’un nouvel exécutif avec toutes les hypothèses possibles de coalition. Toutefois, les anciens frères ennemis ne sont toujours pas capables de s’entendre s’étant longtemps battus. Et au-delà des accolades et des étreintes mises en scène, les divergences éclatent au grand jour laissant voir les enjeux et surtout les intérêts personnels.
Conscient que les consultations et les négociations pour une alliance gouvernementale s’avèrent d’une anarchie inquiétante à tel point que le meilleur des analystes politiques ne pourrait se hasarder à faire des pronostics qui s’avéreraient faux par rapport à une logique ne répondant qu’à des calculs et des considérations personnels, le Roi Mohammed VI donne le ton, fort et direct : pas d’offrandes électorales ! Message sans équivoque à Benkirane et aux secrétaires généraux des partis politiques pour un rappel à l’ordre et pour dire que l’heure n’est pas à la surenchère et aux négociations au moment où le pays a des défis et des enjeux tant en politique intérieure qu’extérieure. Après des élections qui ont montré de façon flagrante le désintérêt des Marocains et leur méfiance grandissante quant aux politiques du pays, le Souverain, à l’écoute sans intermédiaire, de son peuple, prend les choses en main et se porte garant afin de recadrer les choses. Il n’hésite pas à afficher clairement sa position et à appeler les choses par leur nom. Si Benkirane et les autres font montre d’incapacité à constituer un gouvernement qu’ils assimilent à un butin à se départager, Sa majesté, lui, jouera le rôle principal dans cette opération et veillera à ce que le prochain exécutif soit à la hauteur des ambitions des citoyens. « Le Maroc a besoin d’un gouvernement sérieux et responsable. Toutefois, la formation du prochain gouvernement ne doit pas être une affaire d’arithmétique, où il s’agit de satisfaire les desideratas de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s’il était question de partager un butin électoral. » En voilà un discours qui met fin aux calculs des opportunistes !
Aussi les politiques doivent-ils bien saisir la portée du discours royal à l’occasion du 41 ème anniversaire de la Marche verte et s’en imprégner pour qu’ils puissent comprendre ce qu’il y a entre les lignes.
Le Maroc n’est pas un butin ! Le Maroc change pour de bon !
Désormais, seul un gouvernement de compétences et non de complaisance pourra être à la hauteur de ce que réclame le Roi. Toutefois, le hic est qu’attendre d’un chef de gouvernement qui a montré ses limites et qui bute toujours sur la formation d’une équipe ministérielle ? Qu’attendre de partis politiques qui n’ont présenté aucun vrai programme clair et consistant déjà au moment de la campagne électorale?
Le Maroc s’engage dans une grande avancée politique. Reste à savoir si Abdelilah Benkirane est capable de répondre aux exigences du Souverain et surtout de suivre le rythme de la vision Royale!