Maroc / Sénégal: une amitié séculaire
Que le Roi Mohammed VI ait prononcé le discours traditionnel de la commémoration du 41ème anniversaire de la Marche verte d’une terre autre que celle de ses ancêtres a marqué un fait inédit dans l’Histoire du Royaume et du Sénégal. La surprise qui s’est manifestée et les interrogations qui se sont posées sont donc légitimes quand on sait que d’histoire d’hommes, un chef d’Etat ne s’est jamais adressé à son peuple d’un autre pays que sous la contrainte d’un coup d’Etat ou de guerre. C’est dire le génie du Souverain innovateur qui ne ressemble à aucun autre de ses prédécesseurs ! S’il a prononcé son discours depuis Dakar pour commémorer ce pan glorieux de l’Histoire du Maroc auquel ont pris d’ailleurs part des frères sénégalais c’est qu’il ne s’adressait pas juste aux Marocains mais à tout le continent africain.
Edifiant, ce discours historique inaugure une nouvelle ère scellée par le retour du Maroc à l’UA. Il définit par ailleurs l’avenir de la politique africaine du Maroc et symbolise la nature des relations entre le Maroc et le Sénégal témoignant de l’amitié séculaire qui unit les deux pays.
Aujourd’hui, le Royaume trace une voie royale dans le continent africain. Force est de rappeler que les relations que le Maroc entretient et développe avec les Etats indépendants de l’Afrique subsaharienne relèvent d’un héritage de lustres comme l’a affirmé le Doyen Camara, ancien diplomate guinéen : « Le Maroc et l’Afrique, ce sont des liens indéfectibles soutenus par un socle culturel et spirituel qui défient les caprices du temps, les vicissitudes de l’histoire et de la politique ».
Histoire d’un patrimoine partagé
La symbiose qui marque les relations maroco-sénégalaises est le fruit d’une longue tradition de fraternité et d’amitié ancrée dans l’histoire.
D’ailleurs, depuis son indépendance, le Maroc n’a pas cessé de réaffirmer son identité africaine en plaçant le continent au cœur de ses choix stratégiques. Les visites officielles du roi dans plusieurs pays africains témoignent de l’engagement sincère du Maroc en faveur du continent dans tous les domaines à savoir politique, économique, social, culturel et spirituel. Faut-il donc rappeler que lors de sa première visite au Sénégal, en 2001, le Souverain a donné une forte impulsion aux relations de coopération dans les domaines prioritaires de développement entre les deux pays ?
Et la meilleure illustration en est que le Président Sall soutient que les multiples voyages que le Roi marocain a effectués en terre sénégalaise prouvent les relations plus que fraternelles entre les deux pays : « On n’est plus dans le cadre des relations traditionnelles et diplomatiques traditionnelles, c’est des relations d’amitié et d’amour spéciales qui corroborent justement cette relation bien particulière entre ces deux pays frères» a-t-il déclaré à notre confrère 2M.
Ainsi donc, la visite Royale témoigne de l’amitié immémoriale qui unit les deux pays qui cumulent le plus grand nombre de dénominateurs communs. Tant et si bien que ce discours de Dakar est un événement qui a plusieurs significations et dimensions vu que le Maroc est un pays ancré dans le continent africain dont sa majesté assoit les bases économiques et politiques.
L’évidence même est que les deux pays ont plusieurs facteurs communs et partagent un patrimoine historique et culturel riches faisant que tous les ingrédients pour renforcer une alliance politique et diplomatique s’y trouvent réunis. C’est d’ailleurs lors d’un dîner officiel offert par le Président sénégalais, le 15 mars 2013, à l’occasion de la visite officielle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que ce dernier avait déclaré dans son allocution que des « (…) liens de sang, de famille, des liens de solidarité sans faille et des liens de coopération et d’échanges constamment renouvelés et approfondis » lient les deux Etats. Le Président sénégalais a de son côté affirmé que la visite du Roi « … s’inscrit dans la trame de notre histoire commune, bâtie sur les valeurs essentielles qui nous lient, des valeurs qui prennent racine dans les terreaux fertiles de la foi et de la culture », et que les peuples marocain et sénégalais « … ont appris à se connaître et ont forgé une amitié intangible, indifférente au temps qui passe et aux aléas des circonstances ».
Si les deux nations multiséculaires ont pour ainsi dire une histoire commune, riche d’échanges, de flux humains, commerciaux et culturels, on ne doit pas oublier aussi le socle des valeurs et des intérêts partagés. De facto, le même référentiel spirituel auquel appartiennent les deux pays s’impose à nous : l’islam sunnite conforté par l’adhésion commune à la tradition achaarite et au rite malikite. Et bien entendu la tariqa Tijania qui constitue un autre point fort d’intersection entre Fès et Tivaouane pour sceller la fusion spirituelle entre les deux peuples.
L’ambition d’une nouvelle ère
C’est dans ce sillage que le Royaume du Maroc, membre fondateur de l’Organisation de l’Union Africaine reprend aujourd’hui, légitimement, sa place au sein de l’Union africaine. Et c’est ainsi que dès le début de l’affaire du Sahara, le Sénégal a toujours maintenu sa position en faveur du Maroc et de son intégrité territoriale. Un soutien qui se veut inébranlable et indéfectible à la marocanité du Sahara et qui a été réitéré dans le communiqué conjoint publié à l’issue de la visite royale de mai 2015. D’autant plus qu’il faut rappeler que le Sénégal en a fait son affaire depuis Abdou Diouf.
De ce fait, le Roi Mohammed VI, conscient que le Royaume du Maroc est un acteur clé pour le continent africain, préconise une vision à long terme qui place l’Afrique au cœur de la nouvelle stratégie de coopération marocaine « ayant pour socle stratégique la coopération sud-sud pour un développement humain durable fondé sur des rapports économiques équilibrés, justes et équitables ». Ainsi, le volet économique du partenariat entre le Sénégal et le Maroc revêt une importance particulière pour les deux Etats dont les relations prennent un nouvel élan grâce aux nombreuses visites effectuées par le Souverain au pays de la Téranga. D’emblée, la toute première tournée Royale officielle dans le pays et dans la région en 2001, a tracé une nouvelle dimension aux relations bilatérales, notamment économiques symbolisant la nouvelle dynamique fondant la politique africaine du Royaume basée tous azimuts sur l’échafaudage de partenariat sud-sud.
Aujourd’hui encore, le discours visionnaire du Roi Mohammed VI constitue un nouveau maillon dans le partenariat stratégique singulier qu’ont choisi les deux pays pour intensifier et renforcer leur relation dans de nombreux secteurs dans le cadre d’une approche de développement durable et de coopération gagnant-gagnant. Cette nouvelle stratégie qui met l’Afrique au centre d’intérêt de la politique marocaine a fait que les relations économiques bilatérales ont connu des avancées fulgurantes. Mise en place et développée par le Maroc en direction du continent africain, elle ambitionne d’ériger le pays en hub régional au service du co-développement dans les différents domaines clés pour l’avenir commun hissé par le leadership et l’ancrage confirmés du Maroc en Afrique.