Leonard Cohen n’est plus
Leonard Cohen, l’homme de lettres du rock dont les chansons entremêlant imagerie religieuse, thème de la rédemption et désir sexuel ont recueilli un succès aussi bien critique que populaire, est mort à l’âge de 82 ans, lit-on jeudi sur sa page Facebook.
« C’est avec une profonde tristesse que nous rapportons que le poète légendaire, le compositeur et l’artiste Leonard Cohen est décédé », lit-on dans un communiqué publié sur Facebook.
« Nous avons perdu l’un des visionnaires les plus prolifiques et vénérés du monde de la musique. »
Aucun autre détail concernant le décès de Leonard Cohen n’est fourni dans le communiqué et les représentants du chanteur n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour faire un commentaire. Il est précisé qu’une commémoration était prévue à Los Angeles, où Leonard Cohen résidait depuis de nombreuses années
Originaire du Québec, Leonard Cohen était déjà un poète et romancier célèbre lorsque, à l’âge du 31 ans, il s’est installé à New York en 1966, pour tenter sa chance dans la musique.
Peu de temps après ses débuts musicaux, les critiques ont commencé à le comparer à Bob Dylan, récent lauréat du prix Nobel de littérature, au vu de l’élan lyrique de ses chansons.
Malgré les nombreux musiciens qu’il a influencés et les récompenses obtenues – dont une intronisation au Rock and Roll Hall of Fame et l’Ordre du Canada – Leonard Cohen a rarement atteint les sommets des hit-parades avec ses chansons folk-rock plutôt mélancoliques.
Cependant, sa chanson la plus connue, « Hallelujah », qui évoque le roi biblique David et établit un parallèle entre l’amour physique et le désir d’une connexion spirituelle, a été reprise des centaines de fois depuis sa sortie en 1984.
Il a fallu cinq années à Leonard Cohen pour écrire cette chanson, le chanteur s’étant à un point cogné la tête contre les murs d’une chambre d’hôtel de frustration. LE SACRÉ ET LE PROFANE
Nombre de chansons écrites par Leonard Cohen sont devenues des succès pour d’autres artistes, dont la chanteuse folk Judy Collins, qui a contribué à sa popularité en enregistrant certaines de ses premières compositions au début des années 1960.
Les plus grands admirateurs de Leonard Cohen comparent ses oeuvres à une sorte de prophétie spirituelle. Ses chansons avaient pour thèmes la religion, avec des références à Jésus et à des traditions juives, mais aussi l’amour, le sexe, les soulèvements politiques, les regrets ou encore ce qu’il a qualifié un jour de quête d’une « forme d’équilibre dans le chaos de l’existence ».
Ses paroles avaient une connotation profondément personnelle, s’apparentant parfois à une sorte de prière, comme dans la chanson « Bird on the wire » de 1969, dans laquelle il chante : « Je jure sur cette chanson/Et sur toutes les choses que j’ai ratées/Que je réparerai tout ça pour toi ».
Parmi les autres chansons les plus connues de Leonard Cohen figurent « Suzanne », « So Long, Marianne », « Famous Blue Raincoat » et « The Future ».
Leonard Cohen était parti en tournée entre 2008 et 2013 après avoir été dans l’incapacité de rassembler les neuf millions de dollars (8,3 millions d’euros) que, selon une décision de justice, il devait verser à son ancienne manager et amante Kelley Lynch.
Leonard Cohen avait sorti un nouvel album le mois dernier « You Want It Darker ». Mais le magazine New Yorker avait alors décrit le chanteur comme étant souffrant, le citant comme étant plus ou moins « confiné aux casernes » dans sa résidence de Los Angeles.
Né dans une famille juive en 1934 et élevé dans un quartier aisé, anglophone, de Montréal, Leonard Cohen a lu les oeuvres du poète espagnol Federico Garcia Lorca dans son adolescence, a appris à jouer de la guitare auprès d’un musicien flamenco et a formé un groupe country appelé les Buckskin Boys.
Il a suivi des cours à l’université McGill de Montréal et a publié son premier recueil de poèmes peu après avoir obtenu son diplôme.
Vivant d’une Bourse accordée par le gouvernement canadien et d’un héritage de sa famille, Leonard Cohen a publié dans les années 1960 les recueils de poèmes « The Spice-Box of Earth » et « Flowers for Hitler » ainsi que les romans « Jeu de dupe » et « Les perdants magnifiques ».
Désillusionné par la maigreur de ses revenus littéraires, Leonard Cohen s’est tourné vers la composition des chansons pour obtenir, en 1967, une audition avec John Hammond, le producteur qui avait découvert Bob Dylan.
John Hammond fait alors signer Leonard Cohen chez Columbia Records, qui restera sa maison de disques pendant cinq décennies.
Leonard Cohen, qui ne s’est jamais marié, laisse une fille, Lorca, et un fils, Adam.