La Chine : ce dragon géant qui fait peur
«Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera». Tout le monde connaît cette affirmation prophétique prononcée, dit-on, par Napoléon en 1816, après avoir lu « La Relation du voyage en Chine et en Tartarie » de Lord Macartney, premier ambassadeur du roi d’Angleterre en Chine.
Depuis, l’empire qui sommeillait s’est éveillé et pose un énorme défi pour l’ordre mondial. Devenue une grande puissance économique grâce à l’efficacité de ses modèles de développement, la Chine est, aujourd’hui, citée comme le deuxième modèle à suivre, après les Etats-Unis. Aussi l’empire céleste -désormais ouvert au grand commerce international- ne prend-il son sens que si on le met en perspective avec la Chine d’hier. En effet, forte d’une population qui représente le quart de l’humanité et soumise à un régime mi-communiste, mi-capitaliste, elle fait peur au monde. «Que ferons-nous quand… la Chine exportera à bas prix toutes les céréales produites suivant des techniques que nous n’aurons pas pu développer?» écrivait, en 2002, le scientifique Claude Allègre. «De nombreux pays s’interrogent sur le rythme et l’ampleur de l’expansion militaire chinoise. On peut se poser des questions sur les intentions chinoises», déclarait le secrétaire américain à la défense, Donald Rumsfeld. Le président de la fédération belge des patrons du textile, Fa Quix dira, quant à lui, «La Chine est une dictature communiste qui a élaboré un maître plan en vue d’inonder le monde entier. La Chine est une menace sans précédent».
Mais pourquoi alors l’empire du Milieu suscite-t-il toutes ces craintes ?
Dans son livre « Trump et Xi Jinping, les apprentis sorciers » (L’Observatoire, 2018), l’économiste Christian Saint-Etienne rappelle une donnée de base : d’ici à 2050, demain en somme, la Chine représentera 20 % de la richesse mondiale, l’Inde 15 %, les Etats-Unis 12% et l’Union européenne (UE) 9 %. En parité de pouvoir d’achat, l’économie de la Chine vaut environ 25.000 milliards de dollars américains alors que l’économie des États-Unis représente 20.000 milliards de dollars. D’autant plus que l’économie de la Chine croît beaucoup plus vite que celle des États-Unis. Sa domination économique se renforce donc surtout qu’elle profite de ses atouts et de sa politique dite des « nouvelles routes de la soie » pour financer généreusement des projets qui permettent à ses compagnies de s’installer pour longtemps dans divers pays, à travers le monde.
La deuxième économie du monde va vite devenir aussi la première ou, derrière les Etats-Unis, la seconde puissance technologique de la planète.
Par ailleurs, la Chine affiche sa volonté d’expansion géo-politique et le désir d’imprimer sa marque sur la mondialisation avec son projet des « nouvelles routes de la soie ».
Sans oublier que sa marine devrait dépasser celle des Etats-Unis, en 2030, avec 500 unités contre 350. D’ailleurs, le général Joseph Dunford, chef d’état-major des armées a affirmé, lors d’une audience devant le Sénat, le 26 septembre 2017, que Pékin représentera probablement « la plus grande menace » en 2025. C’est dire que l’armée chinoise est devenue la seconde armée la plus puissante au monde si bien qu’à mesure que la puissance militaire de la Chine grandira, plusieurs pays se tourneront vers elle pour leur protection.
Le rêve chinois La «renaissance de la nation chinoise» ! Telle fut la promesse de Xi Jinping dans le palais du peuple de Pékin à son intronisation. Dès lors et depuis son arrivée au pouvoir, le président Xi Jinping développe un programme ultra-nationaliste censé redorer le blason chinois. Faut-il rappeler qu’à la montée au pouvoir du parti communiste chinois, en 1949, un excellent travail d’éducation et de modernisation du pays a été effectué ? Ensuite, les Chinois ont su faire bon usage des technologies transférées par les Russes puis après par les Américains depuis le président Nixon. Aujourd’hui que la Chine est parvenue à se développer rapidement, que sa puissance militaire et la prospérité économique pour tous sont confirmées, la Chine rivalise, désormais, avec les États-Unis dans une nouvelle guerre froide. Si la devise monétaire chinoise n’arrive toujours pas à déstabiliser le dollar américain, le « rêve chinois » est devenu non seulement la devise du président mais carrément son programme. Alors que le basculement approche, un consensus prévaut à Washington : la Chine risque de nuire fortement aux intérêts et au bien-être des Américains. |