L’expérience marocaine en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent mise en avant à Madrid
Les efforts du Maroc et son expérience en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ont été mis en avant, mardi à Madrid, lors d’un forum sur le « terrorisme global », organisé à l’initiative du prestigieux think tank espagnol, Real Instituto Elcano.
Intervenant lors d’un panel sur les expériences extracommunautaires dans ce domaine, le directeur du Centre marocain des études stratégiques, Mohammed Benhammou, a relevé que la gestion du phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent est faite au Maroc selon une approche multidimensionnelle.
Cette approche, a-t-il expliqué, s’articule autour de trois piliers, dont le premier est la restructuration du champ religieux qui a pour objet de faire face au phénomène de radicalisation dite islamiste et de combattre les idées et pensées extrémistes.
Le chantier prioritaire pour le Maroc de restructuration du champ religieux est mené sous l’impulsion de l’institution de la Commanderie des croyants qui veille à une pratique de l’Islam modéré, conformément au rite que les Marocains ont choisi depuis toujours, le rite malikite, a poursuivi M. Benhammou.
Il a précisé, en outre, que cette restructuration a pris aussi une dimension institutionnelle, à travers la révision des textes gérant le ministère des Habous et des affaires islamiques, rappelant, dans le même cadre, que le Conseil Supérieur des Oulémas est la seule institution autorisée à émettre des Fatwas, à trancher dans toute question religieuse et à décider à quel point elle est conforme avec les principes de la religion et de la jurisprudence.
M. Benhammou a mis l’accent aussi sur les efforts déployés dans le domaine de la gestion des mosquées et de formation des imams et prédicateurs et prédicatrices.
L’expert marocain a relevé que l’approche marocaine de lutte contre le radicalisme repose aussi sur le développement humain, rappelant le rôle joué à cet égard par l’INDH, initiée par SM le Roi Mohammed VI, qui a permis de répondre à des besoins spécifiques en termes notamment d’infrastructures, de projets générateurs de revenus et d’aide aux populations défavorisés qui sont souvent la cible des groupes extrémistes.
Il a rappelé, dans le même sens, l’action importante entreprise par la Fondation Mohammed V pour la solidarité et les pouvoirs publics.
Le troisième axe, a ajouté M. Benhammou, est la gouvernance sécuritaire, pilier important en matière de lutte antiterroriste dans lequel le Maroc a fait preuve d’une grande expertise et connaissance.
Selon M. Benhammou, cette gouvernance s’articule autour de la coopération inter-services, une révision de l’architecture sécuritaire et une action concertée entre l’ensemble des acteurs concernés par le domaine sécuritaire.
Cette approche a permis, a-t-il dit, d’acquérir une meilleure connaissance du phénomène terroriste et une plus grande expertise dans sa gestion, rendues possibles aussi grâce à une bonne connaissance historique et culturelle de ce phénomène et des comportements des sociétés dans lesquelles il s’implante.
M. Benhammou a fait observer que les résultats performants du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme sont le résultat aussi de la formation de l’ensemble des services de sécurité, de l’utilisation des nouvelles technologies, d’une adaptation à la nature de la menace, d’une meilleure connaissance des réseaux et surtout d’un travail colossal en matière de renseignement, devenu aujourd’hui l’arme fatale face à ce phénomène.
Il a mis l’accent aussi sur l’ouverture du Maroc sur la coopération régionale et internationale, rappelant que le Royaume est tout a fait conscient du fait que le terrorisme est un phénomène global auquel la réponse doit être globale.
M. Benhammou a, par ailleurs, donné un aperçu sur le contexte régional lié au phénomène du terrorisme et qui est caractérisé par une complexité des crises, des dynamiques conflictuelles évolutives, l’implication d’acteurs non étatiques et des vides sécuritaires.
Cette conférence, à laquelle était présent l’ambassadeur du Maroc en Espagne Mohamed Fadel Benyaich, a connu la participation d’une pléiade d’experts et de chercheurs dans ce domaine de l’Espagne, des Etats Unis, de Singapour, de la Suède et de la France.
Ce forum a été organisé en collaboration avec l’ambassade des Etats Unis en Espagne et l’Institut international américain de Madrid.