Maroc : Un remaniement imminent au gouvernement ?
Par Khadija Skalli
Des rumeurs, devenues de plus en plus insistantes, évoquent d’importants changements au gouvernement. Plusieurs portefeuilles ministériels seraient concernés par ce réajustement.
Un remaniement ministériel serait imminent. Officieusement, la rumeur d’un départ prochain de plusieurs ministres de l’équipe El Otmani circule. Plusieurs départements seraient concernés par ce réaménagement.
Force est de constater que le bilan de l’actuel gouvernement laisse à désirer. Le 13 octobre 2017, dans son discours devant les membres des deux Chambres du Parlement à l’occasion de la rentrée parlementaire, SM Le Roi Mohammed VI a exhorté l’Exécutif et le Parlement à formuler des propositions pour la conception d’un nouveau modèle de développement, mieux adapté aux évolutions que connaît le pays.
« Nous invitons le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays. Nous formons le souhait que soit élaborée une conception intégrée de ce modèle, propre à lui insuffler un nouveau dynamisme, à dépasser les obstacles qui freinent son évolution et à apporter des remèdes aux faiblesses et autres dysfonctionnements révélés par les évaluations menées sur le terrain ».
Le 12 octobre 2018, le Souverain réitère ses Hautes directives pour revoir le modèle de développement national qui a démontré ses limites et élaborer « une nouvelle approche, centrée sur la satisfaction des besoins des citoyens, apte à réduire les disparités et les inégalités existantes, à instaurer la justice sociale et territoriale ». Toutefois, le projet traîne et le cabinet d’El Otmani a du mal à mener à bien cette mission. A ce jour, aucune proposition n’a été faite au Souverain.
En attendant « le nouveau modèle de développement », des secteurs clés cristallisent la colère des citoyens marocains dont la santé, l’enseignement et l’habitat. En témoignent les grèves et les manifestations de protestation qui ont jalonné l’année 2019.
Sans oublier le retard pris dans l’exécution de plusieurs projets de développement notamment ceux d’El Hoceima. Rappelons que le Souverain a limogé plusieurs hauts responsables notamment le ministre de l’Éducation nationale et ancien ministre de l’Intérieur, Mohammed Hassad, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mohamed Nabil Benbdellah et le ministre de la Santé, El Hocine El Ouardi ainsi que le secrétaire d’État à l’Éducation nationale et ancien directeur général de l’Office de formation professionnelle et de promotion du travail (OFPPT), Larbi Bencheikh. Le directeur de l’Office national de l’eau et de l’électricité (ONEE), Ali Fassi Fihri, a été également remercié.
Les divisions au sein de la majorité gouvernementale affaiblissent aussi l’action gouvernementale.
Tous ces dysfonctionnements affectent significativement la croissance économique, qui tourne au ralenti. En effet, la croissance de l’économie nationale a baissé à 2,8% au premier trimestre 2019, au lieu de 3,5% durant le même trimestre de l’année précédente, d’après une note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Un changement s’impose. Un réajustement de l’équipe actuel du gouvernement devrait être opéré pour insuffler du dynamisme à l’Exécutif.