Algérie: appels à des manifestations massives vendredi
Des personnalités algériennes ont appelé mercredi leurs compatriotes à participer massivement vendredi à la 20e manifestation hebdomadaire contre le régime, qui coïncidera avec l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, s’ajoutant aux nombreux appels similaires sur les réseaux sociaux.
Cette année, « faisons du 5 juillet la concrétisation de la libération de l’Homme, après la libération de la patrie » du pouvoir colonial français le 5 juillet 1962, lancent dans une vidéo postée sur internet des universitaires, un avocat, un ancien diplomate et un responsable d’un petit parti d’opposition.
Lisant tour à tour une déclaration, ils appellent les Algériens « à sortir en groupe, massivement et en force, le jour de la fête de l’indépendance dont le 57e anniversaire coïncidera avec le 20e vendredi du +Hirak+ (mouvement) » et « à garder le caractère pacifique, unitaire, populaire et national de (leur) Révolution« .
Le célèbre avocat et défenseur des droits de l’Homme Me Mustapha Bouchachi, la professeure de droit Fatiha Benabbou, l’économiste Smail Lalmas, le diplomate Abdelaziz Rahabi, ex-ministre et ex-ambassadeur, le sociologue Nacer Djabi et Karim Tabbou, porte-parole de l’Union pour la démocratie sociale (UDS), appellent aussi les autorités à favoriser le dialogue avec la contestation.
Ces personnalités réclament du pouvoir algérien « des mesures dans le sens de l’apaisement » montrant une « ouverture du dialogue pour sortir de l’impasse politique actuelle », et dénoncent les récentes arrestations de manifestants.
Les appels aux Algériens à descendre massivement vendredi dans les rues du pays pour faire de cette journée le « vendredi de la Libération » ou « la plus grande marche de l’Histoire » ont fleuri ces dernières heures sur les réseaux sociaux.
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« Tous dans la rue » pour un « vendredi de la véritable indépendance qui érigera un Etat basé sur la justice, la liberté et la dignité« , proclame notamment une image publiée sur Twitter, intimant « Tu dois sortir le 5 juillet!« .
Une autre invite à rassembler « des millions de marcheurs » vendredi.
Il s’agit du dernier vendredi avant la fin, le 9 juillet, de la période d’intérim, ouverte par le départ le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission par ce mouvement de contestation inédit. Ce dernier réclame désormais le départ de toutes les figures de sa présidence et un nouveau système politique.
L’impossibilité d’organiser le 4 juillet, faute de candidats, une élection présidentielle empêche Abdelkader Bensalah, président de la Chambre haute qui assure l’intérim depuis le 9 avril, de rendre le pouvoir avant l’issue de cette période de 90 jours prévue par la Constitution.
M. Bensalah a déjà annoncé qu’il prolongerait ses fonctions jusqu’à l’élection d’un nouveau président, scrutin dont la date n’a pas été indiquée.
Ces appels interviennent alors que les autorités et la police ont durci le ton ces dernières semaines face aux manifestants.
Une trentaine d’entre eux ont été inculpés « d’atteinte à l’unité nationale » et incarcérés à Alger pour avoir contrevenu à l’interdiction du drapeau culturel amazigh (berbère) dans les cortèges, édictée par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, véritable homme fort du pays.
Dans une lettre ouverte au Parquet, reçue par l’AFP, des universitaires, journalistes, artistes, architectes, médecins ou militants associatifs revendiquent « avoir participé aux mêmes manifestations que les détenus » et « avoir déployé le même emblème amazigh« .
Ils demandent en conséquence à être eux aussi inculpés et jugés à l’instar des manifestants détenu.
Avec AFP