CAN : Après la sortie du Maroc, chronique d’une mort annoncée
Par Lino Bacco(*)
Après la sortie précipitée du Onze national de la CAN, il faut maintenant analyser la situation avec froideur, éviter la chasse aux sorcières et ne pas condamner sans juger. Certes, nombreux sont les responsables de ce que j’appellerai un faux-pas dans le processus de développement et professionalisation du football marocain.
Chacun a sa part de responsabilité, la FRMF, l’entraineur national, le staff médico-technique sans oublier même l’excès de confiance des médias y compris Radiomars et des supporters qui a contribué à relâcher vraisemblablement la concentration puisque la victoire finale du Maroc ne faisait pas l’ombre d’un doute. La Fédération a tout fait pour mettre l’EN dans les conditions idéales allant jusqu’à mettre les bouchées doubles pour terminer à temps le centre national de la Mamora et mettre à disposition des joueurs une infrastructure que les grandes nations de football nous envie.
Mais si les joueurs ont le droit de se préparer dans les meilleures conditions ils ont aussi le devoir d’éviter les mailles à partir ou du moins faire en sorte que les liens familiaux ne s’altérent pas. Il est clair que qu’Hervé Renard aura eut le mérite de rassembler et de faire du Onze national une seule et même famille. Les affaires Harit et Hamdallah ont finalement montré que tout n’était pas si parfait. Sur ce point la Fédé se devait d’intervenir pour que cela reste en famille. Eviter aussi certains clivages même si le coach a carte blanche.
Comme elle se devait d’éviter qu’un Belhanda ou que le coach ne viennent en conférence de presse ou en zone-mixte railler « ceux qui osent les critiquer ». Donc qu’on le veuille ou non ces polémiques ont vraisemblablement perturbé l’esprit du groupe. De plus, dans le souci de ne pas détériorer un climat apparemment serein, la Fédération a donné l’impression de ne pas vouloir user de son autorité ne serait-ce que pour obliger Hervé Renard à être plus présent au Maroc.
Mais peut être fallait-il mieux interrompre le rapport après la coupe du monde en Russie. Une décision difficile à prendre puisque tout le monde pestait contre la FIFA et sa maudite VAR et que tout le monde louait les deux prestations face au Portugal et à l’Espagne, oubliant que finalement l’Iran nous avait relégué à la dernière place du groupe.
Nous avions en son temps mis l’accent sur les limites du coach à faire le saut de qualité et à tirer le maximum d’un groupe exceptionnel puisque qu’il alliait l’expérience et le métier des anciens au talent des nouvelles pousses. Or on nous a traité de tous les noms d’oiseaux à l’époque et moi en particulier.
Le moins qu’on puisse dire c’est que la confirmation de Renard a été un peu trop hâtive. La preuve nous sommes encore au point de départ. Pire même puisque la retraite a sonné pour la quasi totalité de l’ossature et qu’il va falloir reconstruire l’axe central et le milieu de terrain sans parler du compartiment offensif qui souffre d’une stérilité chronique surtout face aux petites équipes.
En fait, et cela personne ne me l’enlèvera de la tête, nous avions un groupe pour sortir des poules en Russie et pour aller tranquillement en demi-finale en Égypte. Il suffit de jeter un œil à notre moitié du tableau.
Or les deux objectifs n’ont pas été atteints. La seule solution serait de tourner la page en interrompant le rapport. Mieux encore, la déontologie voudrait que le coach donne ses démissions, indépendamment de la durée de son contrat et de l’existence ou non d’une obligation de résultats. Ne serait-ce que pour ne pas apparaître comme un homme vénal, même s’il a le droit de réclamer son dû. Il ne faudrait surtout pas qu’il mette en porte-à-faux celui qui l’a mis en condition de réussir.
Oui nous sommes ébranlés par ce qui nous est arrivé mais ne jetons pas l’eau du bain avec tout le bébé car il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir. Pour continuer sur cette route, l’homme qui a secoué le cocotier à son arrivée doit rester aux commandes. Il devra redoubler d’effort et d’attention et lui qui n’est pas un homme de compromis, il devra se montrer encore plus intransigeant dans son projet de refonte du football. Dans l’immédiat il faut penser rapidement à mettre en place une DTN forte et surtout en mesure de définir une véritable politique des équipes nationales. Une première échéance se dessine avec les U23 en vue des Jeux de Tokyo l’été prochain.
L’environnement proche de l’EN est à repenser. Je pense notamment au profil du team manager qui doit inspirer non seulement du respect mais parfois la crainte. Etre à la fois le grand frère mais aussi le père sévère qui de temps en temps se fait entendre. Les échecs conjugués d’Hervé Renard, du tandem Seeforf-Kluyvert au Cameroun ou encore d’Aguirre en Égypte laissent entendre qu’il sera difficile de faire le bon choix. Il faut repartir rapidement et du bon pied. Nous avons une matière première non négligeable, que ce soit les piliers des clubs nationaux qui se sont fait honneur en Afrique ou la génération montante de la disapora. Attention toutefois à ne pas faire des Hakimi et autres Mezraoui les nouveaux sauveurs de la patrie. Donc il va falloir concevoir et mettre en oeubvre une approche très mesurée du groupe. On peut parler d’un penalty ou d’un but raté mais en fin de compte ce n’est que la forme. Le fond, c’est que Renard avais une cuisine dernier cri, les meilleurs ingrédients et finalement ses plats manquaient de saveur. Kamouni ila ma7akittihch may3tich arriha. Or, seuls les marocains le savent.
(*) Lino Bacco est un journaliste au long cours , il a travaillé au sein de plusieurs publicaions, nationales et internationales, écrites et audio-visuelles, cofondateur et directeur à Radio Mars.