Algérie: un 2e ex-ministre de l’Industrie en détention provisoire
L’ex-ministre algérien de l’Industrie Mahdjoub Bedda, poursuivi dans une affaire de corruption dans le secteur automobile, a été placé mercredi en détention provisoire, rapportent les médias publics.
M. Bedda, bref titulaire du portefeuille de l’Industrie entre mai et août 2017, est accusé d’avoir accordé « des privilèges indus à des constructeurs automobiles« , a indiqué l’agence de presse officielle APS, sans détailler les chefs d’inculpation.
Elle évoque notamment « l’affaire du propriétaire » de l’usine d’assemblage « de la marque (sud-coréenne) Kia, Hacène Arbaoui« .
Dans cette affaire sont également poursuivis l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, trois fois chefs du gouvernement sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) et Youcef Yousfi qui avait succédé à M. Bedda entre août 2017 et mars 2019 à l’Industrie.
MM. Ouyahia et Yousfi sont déjà inculpés et incarcérés dans le cadre d’une autre affaire, celle impliquant l’influent homme d’affaires Mahieddine Tahkout, dont le groupe est propriétaire de l’un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie et d’une usine d’assemblage d’automobiles sud-coréennes Hyundai.
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Outre MM. Bedda, Ouyahia et Yousfi, 14 personnes sont inculpées dans « l’affaire Kia« , dont M. Arboui, également en détention provisoire depuis le 20 juin, et le directeur général d’une grande banque commerciale publique, également incarcéré.
Depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika début avril, sous la pression conjuguée d’un important mouvement de contestation populaire et de l’armée, la justice algérienne a ouvert une série d’enquêtes pour des faits de corruption et condamné ou placé en détention provisoire d’influents hommes d’affaires et ex-responsables politiques.
Outre MM. Arbaoui et Takhout, Mourad Oulmi, PDG de l’important groupe algérien SOVAC qui assemble et distribue les véhicules de marques du groupe allemand Volkswagen, est également en détention provisoire.
Lorsqu’il était ministre de l’Industrie du très court gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune, M. Bedda avait tiré à boulets rouges sur le secteur automobile algérien et promis de « mettre un terme au mode actuel de production », basé sur l’importation de kits prémontés, simplement rivetés ou boulonnés dans les usines algériennes (SKD, semi knocked down).
Le jeune secteur automobile algérien, mis en place à partir de 2014, a bénéficié de nombreuses aides d’Etat et d’importants avantages fiscaux sans pour autant réduire la facture des importations ni le prix des véhicules en Algérie.
Des observateurs ont également dénoncé des cahiers des charges pas toujours respectés par les industriels, notamment en termes de taux d’intégration (taux de pièces produites localement).
Avec AFP