La démocratie est-elle nécessaire au progrès ?

Par Gabriel BANON

La libre circulation des idées et le respect des droits de l’homme, sont-ils des conditions nécessaires à l’innovation ? Non, répond Graham Allison, spécialiste des questions stratégiques de la défense nucléaire et des relations sino-américaines, professeur à l’Université Harvard : « Pour l’innovation technologique, s’appuyer sur un État autoritaire présente beaucoup d’avantages. »

La réponse, semble-t-il,  ne réside pas seulement dans le modèle politique mais aussi dans l’usage qui en est fait, dans le choix du modèle économique, dans la priorisation des finalités.

Les Occidentaux, particulièrement les Etats-Unis, ont toujours expliqué leur développement et leur domination sur le reste du monde, par leur héritage de la révolution française et américaine : la démocratie et les droits de l’Homme.
Il est certain que le système démocratique tel qu’il est appliqué en Occident ne permet pas de se préoccuper du Temps Long et de ce fait, affecte ses ressources en privilégiant l’immédiate satisfaction. Cette approche hypothèque alors les ressources des générations futures.

Aujourd’hui, la Chine, puissance émergente menace de détrôner la puissance dominante, les Etats-Unis, comme ce fut le cas d’Athènes et de Sparte dans l’antiquité et plus près de nous, de l’Allemagne et la Grande Bretagne au début du XXe siècle.

Mais que disent les Chinois de ce réveil qui inquiète plus d’un ? « Nous ne sommes pas une puissance ascendante, nous sommes une puissance revenante, nous revenons au point où nous étions. Nous étions le centre de l’Univers, et il ne peut y avoir qu’un soleil. »

Le Monde et Washington en tête, ne peuvent pas prétendre qu’ils n’étaient pas avertis. Le président Xi Jinping déclare à qui veut l’entendre, que dans le développement de la Chine, ce n’est pas des Etats-Unis qu’il s’agit, mais de la Chine qui veut simplement retrouver sa grandeur. Cela a toujours été ainsi, sauf une interruption de deux cents ans où l’Occident, avec son avancée technologique, avait exploité, asservi et humilié la Chine, disent-Ils. La Chine doit retrouver son statut !

La leçon a servi et la Chine, pendant des décennies, a préparé minutieusement son retour. Ses progrès technologiques ne souffrent nullement de son régime autoritaire et la masse de données que l’État super-contrôleur collecte par ses millions de caméras à la reconnaissance faciale, ont aidé ses chercheurs à faire de la Chine le No 1 mondial de l’Intelligence artificielle.

Le conflit entre Pékin et Washington est inévitable, mais sans guerre ouverte, sauf événement fortuit. La Chine ne veut pas la guerre, elle a le temps pour elle. Par contre, l’Occident a peu de temps. Xi est président à vie, la démocratie en Occident remet en question le pouvoir en place, tous les quatre ans, au mieux tous les cinq ans.
On ne peut que constater que le président américain, Donald Trump, n’a pas une stratégie cohérente et claire pour défendre les intérêts vitaux de l’Amérique. Il a une attitude, cela ne fait pas une politique.

Donald Trump a besoin d’amis, ceux qu’il attaque sans répit. Il a besoin de rééquilibrer les pesanteurs d’une Chine économiquement puissante par une union des puissances économiques occidentales. Stratégiquement, Trump devrait revoir ses attitudes avec ses alliés traditionnels qui partagent les mêmes valeurs de la démocratie américaine.
La bible nous apprend que la puissance d’un peuple, c’est sa démographie : les Chinois sont quatre fois plus nombreux que les Américains, et le seront cinq fois  plus vers les années 30.

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