Les Ghanéens dans l’attente des résultats de la présidentielle et des législatives
Les Ghanéens attendaient jeudi les résultats des élections présidentielle et législatives, un scrutin perçu comme un test de la stabilité d’un des pays les plus démocratiques du continent, sur fond d’économie en perte de vitesse et de scandales de corruption.
Dans ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, quelque 15 millions d’inscrits étaient appelés mercredi à élire leur prochain président pour un mandat de quatre ans ainsi que leurs 275 députés.
Les résultats sont attendus à partir de jeudi soir.
Le dépouillement « se déroule dans le calme », a commenté mercredi soir Christopher Fomunyoh, observateur accrédité pour ce scrutin et directeur régional de l’Institut national démocratique (NDI), une ONG américaine.
Sept candidats étaient en lice pour cette présidentielle, dont une ex-première dame, Nana Konadu Agyeman-Rawlings. Mais la bataille se joue entre les rivaux historiques: le président sortant John Mahama (Congrès national démocratique – NDC) et le leader du NPP (Nouveau parti patriotique) Nana Akufo-Addo.
Si aucun des deux principaux candidats ne remporte plus de 50% des voix, un second tour aura lieu courant décembre.
M. Akufo-Addo est apparu décontracté mercredi matin lors de son vote dans sa ville de Kibi, à deux heures de route au nord d’Accra.
Le principal opposant a notamment souligné qu’il était « très important que le processus électoral se déroule avec efficacité et de manière pacifique, pour que le Ghana garde sa réputation de défenseur de la démocratie » en Afrique.
Pour ses partisans, l’image de l’opposant est celle d’un « leader incorruptible » et ils espèrent qu’il pourra remettre l’économie d’aplomb pour entrer en compétition avec la Côte d’Ivoire, voisin en plein regain de croissance.
« Nous faisons face à un tas de difficultés économiques. Rien ne va », s’est ainsi plaint Julie Amofah, 26 ans, électrice de Kibi.
Une foule s’était massée mercredi matin à Bole (nord) pour accueillir le président dans sa ville d’origine. M. Mahama a déclaré se « sentir très confiant » quant aux résultats du scrutin et « fier » de son bilan, n’ayant « aucun regret ».
« Apporter l’eau courante dans un village et changer ainsi les vies de ceux qui y vivent est aussi important pour moi que de construire l’échangeur autoroutier Kwame Nkrumah » à Accra, a-t-il dit après avoir déposé son bulletin dans l’urne, sous les yeux des observateurs de la Cédéao, l’organisation régionale d’Afrique de l’Ouest.
M. Mahama, 58 ans, peut se féliciter d’avoir instauré une discipline fiscale mais son mandat a été entaché par un ralentissement économique (3,3% en 2016), notamment dû à la chute des cours des matières premières dont le Ghana est fortement dépendant (or, cacao, pétrole,…), et par des scandales de corruption au sein de l’administration.
Présenté autrefois comme un exemple de croissance économique, le pays a dû recourir à l’aide du Fonds monétaire international (FMI) en 2015.
Selon la Banque mondiale, 25% des 27,4 millions de Ghanéens vivent encore en dessous du seuil de pauvreté. Le RNB par habitant s’élevait en 2015 à 1.480 dollars.
M. Akufo-Addo, 72 ans, qui se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême, juge que ce scrutin est un « moment charnière » pour le Ghana.
La campagne électorale a été marquée par des tensions et des violences. Un partisans du NPP a été tué lundi dans des heurts en marge d’un meeting.
Mercredi, une députée de l’opposition a confié à l’AFP avoir été attaquée par un groupe de « macho men », ces milices financées par des hommes politiques locaux et qui sont accusées de perpétrer des fraudes et des violences.
« Quatre d’entre eux avaient des armes à feu et les autres avaient des couteaux. Ils ont ordonné à mon équipe de se coucher par terre, et ont pris leur effets personnels », a raconté Cecilia Gyan Amoah, candidate NPP dans la circonscription d’Asutifu South (centre). « Ils m’ont ensuite frappée avec des bâtons ».
Lors des dernières élections de 2012, les deux mêmes candidats principaux s’étaient affrontés. Le président Mahama avait remporté le scrutin de peu, avec 50,7% des voix, contre 47,7% pour M. Akufo-Addo qui avait contesté en vain les résultats devant la Cour constitutionnelle.
Il a récemment déclaré à l’AFP qu’il n’excluait pas de retourner vers la justice s’il perdait ce scrutin.