Une femme frappée pour un hamburger: tollé en Belgique autour d’une publicité
Une femme frappée par un homme car elle ne lui apporte pas le hamburger demandé: une publicité a suscité un tollé en Belgique, consommateurs et politiques la jugeant « nauséabonde » et « irresponsable », sur fond de mobilisation contre les violences conjugales.
Quelque 300 plaintes ont été recensées depuis mardi par le Conseil de la publicité, l’organe disciplinaire du secteur en Belgique, a indiqué sa directrice Sandrine Sepul mercredi matin à l’AFP.
Posté sur Facebook, le visuel incriminé, qui emprunte à la BD et au pop art américain des années 1950, montre un homme en costume-cravate décochant un coup de poing au visage à une femme blonde, qui vacille sous la violence du geste.
« Sérieux, un faux Bicky? », proclame l’homme pour justifier le geste.
Et l’annonceur d’expliquer, au-dessus de l’image, que seule la bonne couleur de boîte permet de s’assurer qu’il s’agit du « véritable Bicky », un steak cuit dans la friture prisé des Belges amateurs de junk-food.
Mercredi, tous les médias belges se faisaient l’écho du tollé provoqué par la publicité, rapidement retirée de Facebook mais qui restait visible dans les commentaires de nombreux internautes.
« Bicky, hamburger à vomir », a écrit le journal Le Soir dans un billet d’humeur, se demandant comment, en 2019, des créatifs de la publicité pouvaient juger une telle campagne « drôle, sympa, prometteuse ».
« Tous les dix jours, un homme tue sa femme, ou son ex. Et tous les jours, certaines se font humilier, violer, tabasser », ajoutait le quotidien, faisant part de sa « rage ».
Nawal Ben Hamou et Christie Morreale, ministres de l’Egalité des chances respectivement à la région Bruxelles-Capitale et en Wallonie, ont annoncé avoir saisi l’organe disciplinaire de la publicité.
La première a fustigé sur sa page Facebook une campagne « nauséabonde et totalement irresponsable ».
« Environ une femme sur quatre subira des violences pendant sa vie, certaines d’entre elles en mourront. Utiliser la violence à l’égard des femmes dans la publicité est irresponsable », a renchéri sur Twitter Mme Morreale.
Selon Mme Sepul, le jury d’éthique publicitaire de Belgique a transmis les plaintes reçues à l’organe équivalent des Pays-Bas, la Reclame Code Commissie. L’annonceur identifié, Izico, est établi aux Pays-Bas, a-t-elle expliqué.
Ce dernier va désormais être amené à s’expliquer et une sanction pourrait être décidée d’ici « quelques semaines ».
« Même s’il y a eu retrait (de la publicité), c’est important d’un point de vue moral et symbolique de statuer pour baliser les choses », a fait valoir Mme Sepul.
Avec AFP