Plusieurs milliers de « gilets jaunes » à Toulouse, sous les gaz lacrymogènes
Plusieurs milliers de « gilets jaunes » se sont rassemblés samedi à Toulouse, désignée « capitale nationale » pour le 48ème acte du mouvement, une mobilisation marquée par de nombreux échauffourées avec les forces de l’ordre, qui ont interpellé 17 personnes et fait un usage massif de gaz lacrymogène.
Ailleurs dans le pays, quelques centaines de manifestants ont battu le pavé à Metz, Paris, Bordeaux, et Lille notamment.
A Toulouse, dès le début de la manifestation, la plus importante depuis plusieurs semaines, des incidents ont éclaté et les forces de l’ordre déployées en nombre ont réussi à segmenter le cortège.
Plusieurs groupes de manifestants ont alors défilé jusqu’en début de soirée sur les boulevards et dans les rues commerçantes du centre, en scandant « On est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là », a constaté un journaliste de l’AFP. Mais sans pouvoir atteindre la symbolique place du Capitole, interdite d’accès la veille par la préfecture et protégée par des cordons de CRS.
Très peu de personnes portaient le gilet fluo pour cette manifestation non déclarée, dans une ville qui fait figure de bastion depuis le début du mouvement le 17 novembre.
Selon la préfecture de Haute-Garonne, « la manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes » était en cours de dispersion et 17 personnes ont été interpellées pour « transport d’objets interdits, jets de projectiles sur des agents des forces de sécurité, violences sur agents, interdiction de participation à la manifestation ».
Les services de l’Etat ont recensé un blessé léger parmi les manifestants et un chez les forces de l’ordre.
« La police nous traite comme des cafards, en nous interdisant de manifester. Mais plus j’aurai peur, plus je viendrai », a assuré Nathalie, une chômeuse de 60 ans, soignée par des « street medics ».
« A un moment je me suis retrouvée contre la vitrine d’un bar, la police a tiré et le gaz nous est tombé dessus comme de la pluie. Un éclat m’a entaillé le doigt », a-t-elle raconté.
Plus loin, sur son fauteuil roulant, Odile Maurin, présidente de l’association Handi-social et pasionaria des « gilets jaunes » toulousains, parle d’une « maltraitance institutionnelle ».
« Le gouvernement répond à nos revendications par le gazage de personnes pacifiques de la part des forces du désordre », a lancé la militante.
A Metz, quelque 500 personnes, selon la police, ont participé à la manifestation. Sur des chasubles fluo, on pouvait lire : « Je suis pacifiste », « Ils ont la police, on a la peau dure ». Après avoir été repoussés du centre-ville, des « gilets jaunes » ont lancé des objets incendiaires, ce qui a nécessité « un tir unique de gaz lacrymogène », selon une source policière.
A Paris, environ 200 personnes ont défilé entre Bastille et la Porte Maillot dans le calme. « Les manifestations déclarées, ça sert à rien. On est parqués par des CRS comme des animaux. Ce qu’il faut, c’est des actions coup de poing, comme le blocage de péages ou de centres commerciaux, pour faire mal aux portefeuilles », a affirmé Marco, 18 ans.
A Bordeaux, environ 150 personnes selon la police, dont à peine une dizaine portant un « gilet jaune », ont battu le pavé. Christine, une retraitée de 64 ans, déplore qu’il n’y ait eu « aucun changement réel » depuis le début du mouvement en novembre 2018.
« Aujourd’hui en France, on ne peut plus vivre de son travail et c’est révoltant. Les +gilets jaunes+ ce ne sont pas que des hommes désociabilisés et avinés qui manifestent, comme veulent nous le faire croire les médias », dit-elle.
A Lille, une centaine de manifestants ont défilé, a constaté une journaliste de l’AFP. « Quand l’injustice devient loi, la résistance est un devoir », pouvait-on lire sur une pancarte.
Avec AFP