Moins de 700 donneurs d’organes en 20 ans à Casablanca
Le nombre des donneurs d’organes à Casablanca ne dépasse guère 700 personnes sur les vingt dernières années, a regretté le Pr. Amal Bourquia, néphrologue de renom et présidente de l’association REINS.
Plus exactement, 676 personnes seulement se sont inscrits au registre des donneurs d’organes au niveau de la capitale économique, depuis l’an 2000 jusqu’à présent, a-t-elle déclaré à la MAP, à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, célébrée le 17 octobre de chaque année.
Le premier registre ouvert à Casablanca a comporté les noms de 476 personnes qui se sont portées volontaires pour donner leurs organes, a-t-elle détaillé, indiquant qu’un deuxième registre, lancé en 2018, a été émargé par 200 nouveaux volontaires jusque-là.
Selon le professeur Bourquia, qui est également coordinatrice du collectif médical, humanitaire et environnementale de la région Casablanca- Settat, le nombre total des donneurs, aux niveaux local et national, demeure ‘’très modeste’’, au moment où le nombre de patients en demande d’une greffe est toujours plus élevé.
Elle a, à cet égard, attiré l’attention sur « le retard énorme » qu’accuse le Maroc dans ce domaine, mettant l’accent sur l’importance de promouvoir cet acte de solidarité, en l’occurrence le don d’organes, qui permettra de sauver des vies humaines.
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« Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent parce qu’ils n’ont pas pu être greffés au moment opportun. Ils quittent ce monde sans qu’ils aient la chance d’une greffe qui pouvait les sauver’’, a-t-elle déploré.
Pour attirer l’attention du grand public sur cette situation, l’association REINS a entamé depuis des années des actions inlassables tendant à promouvoir le don d’organes au Maroc.
Cette année, a-t-elle rappelé, l’association a relancé la signature du registre de don en organisant des campagnes de sensibilisation, dont celle qui s’est tenue vendredi dernier à Casablanca et qui a connu l’adhésion de 27 nouveaux donneurs d’organes de différents âges et catégories sociales.
REINS tente d’innover pour braquer les projecteurs sur cette problématique, comme en témoigne sa contribution effective à la production du film dramatique « Kalb Karim » (cœur de Karim), qui sera projeté jeudi prochain.
« C’est la première fois qu’un téléfilm de ce genre est tourné à l’occasion d’une journée mondiale. REINS a contribué à ce film avec une grande implication et un considérable apport scientifique. Il s’agit d’une étape importante dans la sensibilisation à l’adresse du grand public en empruntant la voie de la fiction », a-t-elle dit.
Les données relatives au don d’organes et de la greffe révèlent l’existence d’un sérieux gap à combler au Maroc, en dépit de la promulgation de la loi 16-98 régissant le don, le prélèvement et la transplantation d’organes, et du feu vert conditionné des oulémas.
Pour ce faire, le professeur Bourquia a invité l’ensemble des composantes sociales à engager « un dialogue national » auquel participeront notamment décideurs, médecins, experts en vue de réfléchir sur « une stratégie future pour encourager les citoyens à se montrer généreux et à installer une véritable culture du don et de la solidarité ».
Il convient de rappeler que le Maroc a été précurseur dans ce domaine au niveau du Maghreb, puisque la première greffe de reins dans la région remonte à 1985 à Casablanca.
Quatorze ans plus tard, la loi 98.16 est promulguée pour traiter des différents aspects de la problématique dans les cas d’une personne décédée ou vivante.
Pour donner un organe, la loi exige la gratuité de l’acte, l’anonymat et le consentement. Aussi, tout donneur doit-il de son vivant s’inscrire sur le registre auprès du président du tribunal de première instance de sa région.