Contestation en Algérie: grève « illimitée » des magistrats
Les juges et procureurs algériens ont entamé dimanche une grève « illimitée » pour réclamer l’indépendance de la justice et l’annulation du changement d’affectation de 3.000 d’entre eux, soit les trois quarts des effectifs, a annoncé le Syndicat national des magistrat (SNM).
Le « taux de suivi de la grève est de 96% », a précisé le SNM dans un communiqué, un mouvement d’une ampleur inédite au sein de la magistrature en Algérie, pays théâtre depuis plus de neuf mois d’un mouvement de contestation contre le « système » politique en place depuis des décennies.
Les magistrats entendent dénoncer la « mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire », selon le SNM.
Le pouvoir politique a « empiété sur les prérogatives du Conseil supérieur de la magistrature (…) en décidant un mouvement de cette envergure (…) en un temps record », a estimé le SNM, en référence au changement d’affectation décidé pour 3.000 juges et procureurs .
Le ministère de la justice s’est défendu en affirmant que ces changements contestés ont été « validés à l’unanimité par les membres du Conseil de la magistrature ».
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Ce conseil décide des nominations, des mutations et du déroulement de la carrière des magistrats. Il est présidé par chef de l’Etat et comprend notamment le ministre de la Justice, le président de la Cour suprême et dix magistrats élus par leurs pairs.
Si cette grève perdure, elle risque d’entraver le processus électoral en cours dans le pays où une élection présidentielle est prévue le 12 décembre pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission début avril sous la pression conjuguée de l’armée et de la rue.
Les magistrats jouent un rôle majeur dans l’organisation des scrutins en Algérie car ils sont notamment chargés de superviser le fichier électoral et de recenser les résultats du vote dans chaque municipalité.
A l’issue de l’expiration du délai de dépôt des candidatures samedi à minuit, deux anciens Premiers ministres de M. Bouteflika, Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, figuraient parmi les 22 candidats enregistrés.
Sont également candidats Azzedine Mihoubi, du Rassemblement national démocratique (RND) –pilier de la coalition ayant soutenu M. Bouteflika durant sa présidence– et Abdelkader Bengrina, représentant d’El-Bina, petit parti membre d’une coalition islamiste, dont l’un des députés a été élu en septembre à la présidence de l’Assemblée nationale.
La contestation refuse que la présidentielle soit organisée par le pouvoir, aux mains d’ex-figures politiques en place au cours des 20 ans de présidence de M. Bouteflika.
Avec AFP