« Lettres du Maghreb », un salon du livre exceptionnel
«Lettres du Maghreb », un salon qui a su se démarquer, malgré son jeune âge. Pour sa troisième édition, le Salon Maghrébin du livre confirme sa vocation maghrébine, en rassemblant une multitude de professionnels des métiers du livre du grand Maghreb et d’ailleurs. Pendant cinq jours, plus de 48 000 personnes ont défilé entre les différents stands pour célébrer cette manifestation culturelle d’envergure.
Une édition réussie est le moins qu’on puisse dire. Le Salon maghrébin du livre peut désormais se targuer d’être « une agora d’une culture diverse et plurielle qui se partage dans la convivialité ».
L’Agence de Développement de la Région de l’Oriental a relevé en 2017 le défi d’organiser un salon dédié à la jeunesse et de hausser le niveau du débat, en faisant d’Oujda « un Carrefour des rencontres, des expériences et des découvertes inspirantes ». Le challenge est aujourd’hui réussi !
Jeunes, familles, intellectuels, écrivains et acteurs du domaine culturel se sont donné rendez-vous à la cité millénaire, du 9 au 13 octobre, pour s’interroger sur l’avenir de la culture et poser les premiers jalons du débat sur les canaux de transmission du savoir, de la culture et des valeurs à la jeunesse.
Abdelkader Betari, membre du comité scientifique du salon, affiche sa satisfaction. Il confie, entre autres, qu’«il est impératif de réfléchir aujourd’hui sur ce qu’on a envie de laisser aux générations futures».
Au sujet de la contribution de ce salon au rayonnement de la ville, Betari rajoute : « je pense que le fait de lier Oujda au Maghreb, c’est une manière de redonner à cette ville la place qu’elle mérite ».
De son côté, Abdelkader Retnani, éditeur et membre du comité d’organisation du salon « lettres du Maghreb », se félicite, dans une déclaration à Maroc Diplomatique, du succès et du rayonnement international de l’événement. «De grands intellectuels, venus de différents horizons, se sont rassemblés dans cet espace d’échange pour débattre des moyens pour garantir à nos enfants un avenir meilleur».
Durant cinq jours, les participants ont débattu de plusieurs thématiques, à savoir, « Les cultures en dialogue », « La traduction et le sacré », « La diversité partagée » ainsi que « Le pluriel des langues ».
Notons que cette édition a été couronnée par la création du « Club d’Oujda des éditeurs » qui regroupe sept pays fondateurs, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, le Mali, le Cameroun et la France.
«Nous avons participé à ce salon pour plusieurs objectifs. D’abord, pour une présence éditoriale au Maroc, mais aussi pour une collaboration culturelle entre les pays du Maghreb», nous a confié Sarah Slimani, co-directrice des éditions « Frantz Fanon » d’Algérie, en se félicitant de sa participation à ce Salon qui a ouvert la porte à la discussion, au débat et à l’échange sur diverses questions touchant la littérature, la politique, la culture ou encore l’histoire.
Elle poursuit : « En tant que maison d’édition, notre projet culturel porte sur la réalisation d’une unification du Maghreb, parce que nous sommes un seul peuple, nous avons une seule culture. Nous voulons arriver à une unification culturelle premièrement, ensuite politique et économique ».
La littérature camerounaise à l’honneur
Composée de légendes historiques, de contes anciens, de contestation, de victoire et de féminisme, la littérature camerounaise était l’invitée d’honneur de cette édition, après le Sénégal en 2017 et la Côte d’ Ivoire en 2018.
Ce pays d’Afrique Centrale compte désormais de nombreux auteurs reconnus au niveau continental et international, plus de 4000 titres publiés par an et 180 éditeurs.
Plusieurs écrivains de renom au Cameroun ont marqué leur présence dans cette manifestation littéraire, notamment, Calixte Beyala, Gaston-Paul Effa, Léonora Miano, Hemley Boum, ImboloMbue, ainsi que Djaïli Amadou Amal, une écrivaine camerounaise qui a reçu le prix de la meilleure auteure africaine de l’année 2019 au salon du livre de Paris et le grand prix Orange du livre en Afrique.
Cette auteure engagée brise les tabous dans ses écrits et lève le voile sur la condition des femmes au Sahel, à travers son choix des thématiques liées aux violences faites aux femmes, le mariage précoce ainsi que la polygamie. Dans une déclaration à Maroc Diplomatique, Djaili souligne que le salon représente « une occasion», pour elle, «de s’exprimer sur ces questions d’extrême importance, dans l’espoir que les choses changent un jour».
Pays de Poésie et de culture orale, le Cameroun compte plus de 250 dialectes et deux langues officielles, le français et l’anglais.
«Notre littérature est d’expression très variée et s’intéresse à des thématiques universelles», déclare Pabe Mongo, président de l’Association Nationale des Poètes et des Ecrivains Camerounais (APEC).
Interrogé sur l’état du marché du livre au Cameroun, cet écrivain souligne que «le Cameroun présente aujourd’hui une grande production littéraire, mais la lecture n’est pas en phase avec cette évolution. L’écrivain ne peut pas encore espérer vivre de sa plume», regrette-t-il.
Depuis sa création, le Salon Maghrébin du livre a fait le choix stratégique de consacrer les écrivains et penseurs africains. Pour cette édition, ce rendez-vous littéraire rend hommage, entre autres, à une figure emblématique de la littérature camerounaise, Mongo Beti (1932-2001).