Rendons l’invisible visible, déclare Chinganya, de la CEA, lors de la célébration de la Journée de la statistique en Afrique
Tout le monde compte : Des statistiques de qualité pour une meilleure gestion des déplacements forcés en Afrique, était le thème de la journée consacrée à la célébration de la Journée de la statistique en Afrique, par les Africains du monde entier.
Le plus grand événement s’est déroulé en Tunisie, où la Commission de l’Union africaine a lancé l’Institut panafricain de la statistique (StatAfric), qui collaborera avec des partenaires pour renforcer les capacités des États membres en matière de production et d’utilisation de statistiques de qualité.
La Journée de la statistique africaine a lieu tous les 18 novembre dans tous les pays africains afin de sensibiliser le public au rôle essentiel que jouent les statistiques dans tous les aspects de la vie sociale et économique.
Le thème de cette année est en ligne avec celui de l’Union africaine pour l’année 2019, qui est : « L’année des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays : Vers des solutions durables au déplacement forcé en Afrique ».
Le thème a été choisi pour sensibiliser le public à l’importance cruciale des statistiques ventilées pour répondre au concept fondamental des Objectifs de développement durable ; « Ne laisser personne pour compte », et plus particulièrement au défi de gérer les déplacements forcés sur le continent.
S’exprimant lors d’un évènement organisé par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour marquer cette journée, M. Oliver Chinganya, Directeur du Centre africain pour la statistique, à de la CEA, déclare que le thème est inspiré par la nécessité d’un engagement accru de l’Afrique pour faire face à la détresse de ses citoyens dans des situations de migration forcée.
Chinganya ajoute que ce thème reconnait également la nécessité pour le continent de remédier aux conflits et à la violence, aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques, aux urgences sanitaires telles que l’épidémie d’Ébola, à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté extrême, ainsi qu’à l’injustice sociale et à la mauvaise gouvernance, les facteurs principaux menant au déplacement forcé.
« Pour y remédier, il faut un profilage statistique fournissant des chiffres et des analyses ventilés de la population déplacée. Il est donc crucial de disposer de statistiques de haute qualité servant de base à des évaluations exhaustives et à des recommandations en vue d’élaborer des politiques fondées sur des données factuelles, qui favorisent l’inclusion et le développement socioéconomique des personnes déplacées », indique le Directeur de la CEA.
Chinganya affirme que l’Afrique de l’Est compte toujours le plus grand nombre de personnes touchées par les conflits et les problèmes liés aux changements climatiques, y compris par la dégradation des sols et la désertification. Elle compte 59% des 7,3 millions de réfugiés africains et 49% des 14,7 millions de personnes déplacées sur le continent.
« Il est donc impératif de favoriser la collaboration entre les services nationaux de statistique, les autorités chargées des questions de migration, la société civile, les Organisations non gouvernementales et les organisations internationales dans le but de mieux mesurer et produire des données précises, pertinentes et opportunes et pour informer les politiques fondées sur des données factuelles. Une telle collaboration est également essentielle pour renforcer les efforts des gouvernements visant à intégrer les déplacements forcés dans les plans de développement nationaux », dit-il.
Chinganya déclare que le Centre africain pour la statistique continuera de travailler avec les divisions et les Bureaux sous-régionaux de la CEA, y compris l’Institut africain de développement économique et de planification (IDEP), pour aider les pays à mettre en place des systèmes statistiques durables, notamment par l’utilisation d’instruments modernes de collecte de données.
« Nous sommes également prêts à collaborer avec d’autres organismes régionaux et internationaux, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, pour élaborer des outils et des lignes directrices harmonisés destinés à faciliter la mesure et le traitement des personnes déplacées. Nous devons rendre visibles les voix des personnes vulnérables dans les chiffres et dans les politiques. Ensemble nous pouvons », dit-il.
Chinganya a également fait allusion aux plus de 500 000 Africains dépourvus d’identité légale, affirmant que le scénario est extrêmement alarmant et viole chaque effort de développement humain entrepris sur le continent.
« Sans connaître le nombre et les caractéristiques des résidents d’un pays, les gouvernements ne peuvent pas planifier, ni élaborer des politiques adéquates ni suivre les progrès. Cela nous éloigne davantage de la réalisation de nos engagements en matière de développement humain tels que définis par l’Agenda africain 2063 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », affirme-t-il.
Les participants ont également discuté des liens existant entre l’agriculture, la migration, la sécurité alimentaire, le développement rural et les questions connexes.