Liban: le ministre de la Santé tire la sonnette d’alarme sur les importations médicales
Le ministre de la Santé au Liban a appelé mardi la Banque centrale à faciliter l’obtention de dollars aux importateurs de matériel médical évoquant des pénuries dans les hôpitaux, sur fond de profondes crises économique et politique, au 41e jour d’une contestation populaire inédite.
« Le secteur est sérieusement menacé », a mis en garde le ministre Jamal Jabak. Hôpitaux et importateurs de matériel médical avaient déjà sonné l’alarme ces dernières semaines alors que le pays connaît une pénurie de dollars sur le marché.
« Un hôpital sans fournitures médicales ne peut pas fonctionner », a averti M. Jabak en conférence de presse. « Nous constatons des pénuries de filtres de dialyses, des pénuries de matériel pour les chirurgies des os ».
Il a assuré que la Banque centrale était disposée à fournir seulement la moitié des besoins en dollars des importateurs au taux officiel, leur laissant la charge d’obtenir le reste sur le marché de change, où le prix du billet vert est bien plus élevé.
Cela se traduirait in fine par une augmentation de la facture pour les hôpitaux, et donc les patients.
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« Au vu des circonstances actuelles, je pense que le peuple libanais ne peut pas prendre en charge une augmentation de sa facture médicale », a-t-il averti.
Dimanche, les importateurs d’équipements et de fournitures médicales ont assuré que leurs stocks ne dureraient que quelques « semaines limitées ».
« La catastrophe est arrivée », s’alarment-ils dans un communiqué commun, rapportant des pénuries de filtres de dialyses, valves cardiaques artificielles, ou encore du matériel pour appareils respiratoires.
La Banque centrale avait pourtant adopté début octobre de nouvelles régulations pour faciliter l’obtention de dollars aux importateurs de carburants, de blé et de médicaments.
Dans un contexte de crise économique, le Liban connaît d’importantes restrictions sur l’obtention de dollars. Il est devenu impossible depuis septembre de tirer des dollars aux distributeurs automatiques ou de convertir d’importantes sommes au taux officiel par le biais des banques.
La question est d’autant plus cruciale que le dollar est utilisé au quotidien pour tout type de transaction. Le pays a imposé un taux de change fixe de 1.507 livres libanaises pour un dollar. Mais dans les bureaux de change, le dollar s’achète à environ 2.000 livres.
Depuis le 17 octobre, le pays est secoué par un soulèvement inédit qui a vu des centaines de milliers de manifestants battre le pavé pour dénoncer des dirigeants accusés de corruption et d’incompétence.
Dans ce contexte tendu, une association regroupant les entreprises du secteur privé a appelé à une gréve générale jeudi, vendredi et samedi.
Avec AFP