Plan de sauvetage de la South african airlines: Dernière bouée de secours avant la liquidation
La compagnie aérienne sud-africaine, South african airways (SAA), qui s’est empêtrée depuis des années dans de graves difficultés financières, n’est visiblement pas près de voir le bout du tunnel.
Le plan de sauvetage décidé cette semaine par le président sud-africain prend l’allure d’une énième tentative désespérée d’éviter le pire : la liquidation. Prendre cette décision, longtemps repoussée par le gouvernement, signifie que la situation est grave au sein de la compagnie. Les interventions ponctuelles n’ayant pas donné de résultats satisfaisants, il était temps de recourir aux gros moyens, mettant ainsi fin à des mois de spéculations sur la manière dont l’État essaierait de sauver la SAA endettée et à court de ressources financières.
Après avoir penché initialement à une restructuration de la compagnie, le président Ramaphosa a présenté le plan de sauvetage comme la seule voie viable pour éviter «une implosion incontrôlable» du transporteur national.
Le ministre sud-africain des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, avait indiqué auparavant qu’une « restructuration radicale » de la SAA est requise afin de lui permettre de faire face à ses difficultés financières qui se sont aggravées après la grève de novembre dernier.
La SAA ne pourrait plus continuer de fonctionner dans sa forme actuelle après l’accord d’augmentation de salaires signé avec les syndicats afin de mettre fin à une grève qui a duré huit jours, a-t-il fait savoir.
En effet, la compagnie aérienne tente de se remettre d’une grève d’une semaine observée récemment par le Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (NUMSA) et l’Association sud-africaine des équipages de cabine (SACCA), avec plus de 60 pc du personnel. Les pertes qu’elle a subies suite à l’annulation de plusieurs vols sont estimées à plus de 50 millions de rands par jour.
Mais cette grève est loin d’être la seule raison ayant causé la débâcle de la SAA. Jadis premier transporteur aérien à l’échelle africaine, la compagnie a été surtout fragilisée par des années de corruption et de mauvaise gestion.
Devant cette situation intenable, le syndicat Solidarity avait déposé un recours auprès d’un tribunal en vue de soumettre la SAA à une opération de sauvetage qui lui permettrait de retrouver sa rentabilité.
«Nous sommes profondément conscients de la crise dans laquelle se bat la SAA», avait indiqué le responsable des opérations de Solidarity, Dirk Hermann, soulignant que la compagnie se dirige vers une liquidation qui aura des conséquences énormes pour les employés, les contribuables et l’économie sud-africaine en général.
Au total, 11.000 employés perdront leur emploi et le Trésor devra absorber une dette de plusieurs milliards de rands en l’absence d’intervention radicale, a-t-il ajouté.
L’arrivée de Cyril Ramaphosa à la tête du pays avait entraîné un changement au sein du conseil d’administration de la compagnie et une politique drastique, mais sans résultats sur les finances du transporteur.
Selon un récent rapport financier, la SAA a perdu 5,4 milliards de rands (367 millions de dollars) au titre de l’exercice 2017 jusqu’à fin mars 2018. N’ayant pas réalisé de profit depuis 2011, elle ne survit que grâce aux plans de sauvetage du gouvernement.
Le cabinet d’avocats Phatshoane Henney, considère qu’un plan de sauvetage permet à une entreprise d’éviter le scénario catastrophe de la vente des actifs et de la liquidation. Elle bénéficie ainsi de la gestion de sa dette et de la restructuration de ses contrats dans la perspective de continuer ses activités de manière solvable.
Le plan de sauvetage de la SAA est donc une dernière bouée de secours pour tenter de redresser la compagnie. Mais avec la marge de manœuvre très limitée du gouvernement compte tenu de la crise économique qui frappe le pays, certains évoquent déjà le scénario de sa liquidation.