Youtubeurs et influenceurs : vont-ils rendre des comptes à l’Office des Changes ?
Plus qu’un loisir, c’est un véritable business qui peut s’avérer bien juteux pour ceux qui en connaissent les rouages. Sous des titres accrocheurs, des vidéos sont destinées à tous types de personnes : de « comment gagner de l’argent rapidement » à « comment rédiger un projet de thèse » ; « comment réussir son entretien d’embauche » ou encore « comment faire la cuisine » ou même « comment masser les pieds de son mari ». Des vidéos parfois utiles et de qualité, et bien des fois inappropriées, voire vulgaires, mais qui peuvent être relativement rentables pour le youtubeur.
Les Youtubeurs, bientôt imposés?
Contrairement à ce que beaucoup s’imaginent, les vidéos YouTube ne rapportent pas systématiquement une fortune. Tout dépend de la notoriété de la personne, du pays, du contenu, de la qualité ou encore des placements de produits. Donc, ne peut pas vivre d’une chaîne YouTube qui veut. Certaines sources, comme le média français Le Nouvel Observateur, avaient révélé en 2015, que pour toutes les 1000 vues, un youtubeur encaisserait 1 euro en France. Des simulateurs en ligne comme « influencermarketinghub » confirment cette information. Cela signifierai donc que pour espérer gagner 1000 euros (soit un peu plus de 10.500 dirhams) il faudrait qu’une personne cumule un million de vues (chiffres basés sur des estimations).
Si ces revenus peuvent paraître dérisoires pour les bénéficiaires, cela peut représenter des millions de dirhams qui échappent au fisc, compte tenu du nombre de vidéos postées chaque jour. Selon les informations relayées par nos confrères de Hespress ou encore le Siteinfo, l’office des changes aurait appelé un certain nombre de youtubeurs et influenceurs à régulariser leur situation : « Dans le cadre de sa mission de contrôle, l’Office des changes effectue habituellement des contrôles réguliers auprès des assujettis à la réglementation des changes qu’ils soient des personnes physiques ou morales et ce, afin de vérifier la conformité, par rapport à la réglementation des changes en vigueur, des opérations réalisées par ces derniers (importation de biens et de services, exportations de biens et de services, investissements, …) » (propos recueillis par Media 7). Cela concerne les revenus encaissés entre 2016 et 2018 et s’adresse à l’exportation de services. Ces derniers auraient un délai de 1 mois pour régulariser leur situation. En effet, la situation est relativement complexe, l’Office des changes s’attaque aux youtubeurs pour exportations de services, mais certains petits blogueurs réalisent des bénéfices et trouvent des solutions pour les conserver en dehors du territoire national. L’argent reste par conséquent incontrôlable et difficilement traçable, notamment via des plateformes comme PayPal. Autres difficultés, les influenceurs qui font du placement de produits et dont les revenus peuvent exploser en un rien de temps. Leur chiffre d’affaire demeure difficilement évaluable.
Un manque de contrôle de contenu
Outre ces histoires d’imposition, les récentes vidéos polémiques ont amené à se poser beaucoup de questions sur ce nouveau « métier ». Beaucoup de personnes y compris des influenceurs, n’hésitent pas à manifester leur mécontentement voire leur colère. C’est le cas de l’influenceuse Instagram, Sahar Zerouali, alias « Sahary » contactée par Maroc Diplomatique. La jeune femme dénonce l’importance qui est donnée à des vidéos futiles et qui ont une mauvaise influence sur la société. Selon elle, certains types de vidéos favorisent des comportements inadéquats au sein de notre société, cela peut même aller jusqu’à la banalisation du racisme et l’incitation à la haine raciale. « Certaines personnes font du contenu de qualité pouvant avoir un véritable impact mais malheureusement cumulent très peu de vues. Ce n’est pas forcément de la faute du youtubeur, mais plutôt de celui qui va regarder ». Comme des milliers d’autres personnes, elle souhaiterait un contrôle plus strict des contenus. Par ailleurs, l’imposition de l’Office des changes permettra peut-être, de filtrer les nouveaux youtubeurs, ceux qui sont là uniquement pour le bénéfice et ceux qui le font par réel plaisir et par vocation à aider et informer la société.