Quand l’Algérie veut redorer son blason sur le dos de la Libye
Dix jours après la Conférence de Berlin sur la Libye, qui a réuni onze pays dont l’Algérie, des Etats européens et les représentants d’organisations internationales, le Congo Brazzaville a accueilli la 8e réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye pour tenter à son tour de résoudre la crise.
Après Moscou, Berlin et Alger, c’est au tour de Brazzaville, qui préside le Comité de haut-niveau de l’Union africaine (UA) pour la Libye, d’abriter une rencontre pour tenter de résoudre la situation chaotique. Dans son communiqué final, le Comité constate « une dégradation de la situation qui nourrit les réseaux terroristes et déstabilise la sous-région ». La crise libyenne, perdure maintenant depuis la chute de Kadhafi et représente une menace non seulement pour la population libyenne mais pour toute la région et constitue une entrave à toute perspective d’un continent de paix et de prospérité.
L’Algérie redore son blason diplomatique
Lors de cette réunion, l’Algérie a annoncé son souhait d’abriter un « Forum de la réconciliation nationale ». Le comité a pris note de cette proposition destinée à réconcilier les protagonistes de la crise libyenne a déclaré le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Ngakosso. Cette proposition survient quelques jours après l’échec de la conférence de Berlin, durant laquelle plusieurs Etats se sont réunis pour tenter de trouver une solution au chaos libyen. Une conférence organisée à l’initiative de l’Europe dont beaucoup questionnent encore la pertinence et l’intérêt. En effet, alors que les Etats occidentaux continuent de violer l’accord sur l’embargo des armes imposé par l’ONU, ils tentent de jouer les médiateurs, et ce, en convoquant des réunions sans la présence d’acteurs clés de la région. Pour rappel, Berlin n’avait pas convié le Maroc qui a abrité la conférence de Skhirat, et la Tunisie qui partage des frontières communes avec la Libye et accueille ses réfugiés. Une opportunité aussitôt saisie par l’Algérie qui décide de s’approprier le dossier, et qui aspire à réunir et réconcilier les deux protagonistes au cours de ce Forum.
Ecarté de la conférence de Berlin pour des raisons encore inconnues, le Maroc a toutefois réitéré son soutien à la population libyenne ainsi que sa neutralité et insiste sur le devoir de non-ingérence dans les affaires internes de la Libye. Le chef de la diplomatie marocaine, M. Nasser Bourita, a rappelé l’attachement du Royaume à l’accord de Skhirat, « qui n’est pas un attachement égocentrique primaire à son appellation ou son lieu de signature”, mais “s’explique par le fait que cet accord est le fruit de longue discussions entre libyens eux-mêmes et non le résultat de conciliabules diplomatiques”.