Violence digitale : comment y faire face ?
Dans le cadre de la lutte contre la violence digitale qui sévit de plus en plus, une conférence- débat a eu lieu, jeudi 26 janvier à Casablanca, sous le thème « Violence digitale : quels instruments pour la combattre ? ». Cette rencontre a été organisée par le comité Parité & Diversité de 2m et 2m.ma. Une pléiade d’invités ont répondu présent à ce débat.
Internet fait partie intégrante de notre quotidien. C’est un espace de liberté par excellence, qui permet de communiquer avec le monde entier et ne connaît aucune frontière, ni géographique, ni juridique.
Malheureusement, il n’est pas sans conséquences sur le développement des jeunes qui comptent parmi les utilisateurs les plus actifs et les plus curieux du réseau. Les adultes non plus n’échappent pas aux méfaits qui peuvent être dévastateurs. En effet, certains internautes font face, quotidiennement, à la violence digitale que ce soit au Maroc ou ailleurs. Violence qui va jusqu’à détruire des vies mais aussi des carrières professionnelles.
Rappelons donc le drame qui a eu lieu dans la nuit du Nouvel An, dans la boîte de nuit ‘’ Reina’’, à Istanbul suite à une attaque terroriste. Au moins trente-neuf personnes ont été tuées et près de 60 blessés dont des Marocains. Une fois les noms de ceux-ci révélés, de nombreux commentaires haineux ont été publiés sur les réseaux sociaux traitant de tous les noms deux jeunes sœurs victimes de l’attentat. « Elles ont été traitées de mécréantes, de prostituées, on a dit qu’elles l’avaient bien cherché », a dénoncé Khadija Boujanoui, présidente du Comité Parité & diversité de 2M.
Pour Marouane Harmach, consultant en stratégie digitale, « Il s’agit de qualificatifs sauvagement déployés par des ignorants, qui mettent à nu l’idéologie de la haine ».
D’après une étude sur la violence sur le web, Marouane Harmach a indiqué qu’environ 40% des internautes ont été harcelés, au moins, une fois sur Internet. Ce harcèlement peut prendre différentes formes, souligne-t-il. « Plusieurs sondés ont déclaré avoir été traités de noms offensants ou avoir reçu des propos embarrassants ». Plus grave, certaines personnes déclarent avoir reçu des menaces physiques ou encore été harcelées en ligne ou espionnée pendant une longue durée. Sur les réseaux sociaux, les femmes sont les plus ciblées par la haine que les hommes.
Pour la sociologue Nezha Guessous, « les internautes et certains médias en ligne se sont comportés avec les femmes victimes des attentats de la Turquie comme avec des femmes violées. On s’est contenté de se demander ce qu’elles faisaient là-bas. Au lieu de parler de terrorisme et de dénoncer l’attentat, on s’est juste permis de les juger », a-t-elle dénoncé. Et de poursuivre : « Si ces victimes étaient des hommes, est-ce qu’il y aurait eu le même discours de haine ? Je ne pense pas ».
Pour venir à bout de tous ces discours haineux sur la toile, la sociologue explique que c’est avant tout une question d’éducation. « L’éducation contre les discours de haine et le harcèlement passe par l’école. Il est aujourd’hui temps que l’on éduque nos enfants à accepter autrui et ses différences pour vivre en harmonie », a-t-elle résumé. Sur Facebook, le mouvement « Stop à l’apologie du terrorisme ! », considère que le déferlement de propos haineux constitue une « prise en otage de la jeunesse par ceux qui n’ont d’autre but que de ‘daechiser’ les esprits ».