« La France et le Maroc partagent des objectifs communs en Libye et au Sahel »
La France et le Maroc partagent des objectifs communs en Libye et au Sahel, a souligné la ministre française des Armées, Mme Florence Parly, qui a entamé jeudi une visite de travail dans le Royaume.
« Comme pour le Sahel, la France et le Maroc partagent des objectifs communs en Libye. Seule une solution politique, démocratique et reconnue par la communauté internationale pourra restaurer la paix en Libye. Ces objectifs doivent être menés de front afin que le pays puisse sortir de la crise et renouer avec la stabilité« , a indiqué la ministre dans une interview accordée à « Maroc Hebdo » et publiée dans son dernier numéro (7-13 février).
Pour Mme Parly, les conséquences de la crise libyenne sont une préoccupation commune au Maroc et à la France. « L’inquiétude porte en premier lieu sur la situation humanitaire et la stabilité de la Libye, mais aussi sur la sécurité de l’Afrique du Nord, et bien entendu du Sahel« , a-t-elle dit, mettant en garde que la volatilité du contexte en Libye pourrait alimenter le terrorisme en zone sahélienne.
« L’ingérence croissante d’acteurs extérieurs, dont certains ont pris des engagements à Berlin pour les renier avant que l’encre ne sèche, est aussi un motif de vive inquiétude« , a-t-elle enchaîné, notant que la France appelle les parties à un cessez-le-feu durable et à la reprise des négociations sous l’égide de l’ONU, dont l’action doit être « saluée » et « soutenue« .
Revenant sur la conférence de Berlin, la ministre a souligné que la France a toujours plaidé pour une approche du dossier libyen impliquant les pays voisins, dont le Maroc, qui a été l’hôte de l’accord de Skhirat de 2015 et est « un acteur important » du dossier libyen.
Et de rappeler que le président de la République française s’est, d’ailleurs, régulièrement entretenu à ce sujet avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors d’échanges téléphoniques autour de la conférence de Berlin.
Évoquant la situation au Sahel, Mme Parly a indiqué que « le Maroc s’est engagé très tôt dans la lutte anti-terroriste dans la zone, en mobilisant son expertise et son soutien aux pays de la région« .
Les pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) font actuellement face à de nombreux enjeux, dont la progression de la menace terroriste est « l’un des plus importants et des plus préoccupants« , a déploré la ministre. « Ces attaques djihadistes impliquent nécessairement une action militaire renforcée, mais pas seulement« , a-t-elle dit.
« Constatant, comme nous, que la dimension sécuritaire est nécessaire mais insuffisante à elle seule, l’implication du Royaume dans la zone répond au triptyque sécurité, développement humain et formation, qui fait écho à la vision qui a été portée au sommet de Pau (13 janvier). Cette approche et ces actions font du Maroc un partenaire fiable et essentiel pour la lutte contre le terrorisme, pour nous comme pour les pays du Sahel« , a insisté la ministre.
Ce sommet, au cours duquel les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont clairement exprimé leur souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel, a été décisif pour permettre l’intégration de plus de partenaires a marqué par l’annonce de la Coalition pour le Sahel, a-t-elle dit. Cette coalition, explique-t-elle, s’articulera autour de quatre piliers : le soutien opérationnel à la lutte contre les groupes armés terroristes, le renforcement des capacités des forces armées, l’appui au retour de l’Etat à travers le soutien aux forces de sécurité intérieure et au renforcement de la chaîne pénale et, enfin, la coordination des acteurs du développement.
Cet effort se concentrera dans la région dite « des trois frontières« , entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, précisant que la France déploiera bientôt plus de 5.100 militaires au sein de l’opération Barkhane.
Le Maroc a non seulement un rôle important à jouer au Sahel, mais dispose d’une expertise avérée et reconnue, a conclu Mme Florence Parly.