Soudan du Sud : la fin du chaos ?
Ravagé par la guerre depuis six ans, le Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète depuis son indépendance en 2011, retrouve enfin un espoir de paix durable.
Retour sur plusieurs années de crise
Juillet 2011, après 5 années de guerre, le Soudan du Sud proclame son indépendance vis-à-vis du régime de Khartoum. Mais la fête et les célébrations seront de courte durée, une guerre civile éclatera deux années plus tard, en 2013. Une lutte de pouvoir s’installera entre le Président, Salva Kiir, et le Vice-Président, Sud Riek Machar, qui faisait part de son ambition à briguer le poste de président pour les élections de 2015. Quelques mois plus tard, Salva Kiir annonce qu’un coup d’Etat a été déjoué.
Le Soudan du Sud s’enfonce alors dans une profonde crise, des affrontements entre deux ethnies, les Dinkas dont est issu Salva Kiir et les Nuers, pro-Machar, feront plusieurs centaines de milliers de morts. Le pays connaît une situation humanitaire inquiétante, des millions de Sud-Soudanais seront contraints de fuir en Ouganda. Viols, pillages, massacres, l’ONU décrétait alors un risque de génocide élevé. Selon l’AFP, la guerre civile a fait 380.000 morts et plus de quatre millions de personnes déplacées, dont 2,2 millions sont réfugiées ou demandeurs d’asile dans les pays voisins.
La fin d’un chaos
Un premier accord de paix avait échoué en 2016, débouchant sur des combats entre les troupes gouvernementales et celles de l’opposition, au cœur de la capitale. Machar était parvenu à se sauver pour s’exiler en Afrique du Sud. A présent, avec la formation d’un gouvernement d’unité, les conditions semblent réunies pour une paix durable. « La formation de ce gouvernement nous donne l’espoir d’un nouvel élan vers la fin de la souffrance du peuple et une voie vers une paix durable« , a affirmé Riek Machar.
Machar redevient donc Vice-Président, conformément à un accord de paix conclu en 2018. « Je jure d’être fidèle (…) à la République du Soudan du Sud » a-t-il déclaré, en donnant une accolade et en serrant la main de son éternel rival, le président Salva Kiir. « Je veux vous assurer que, pour le peuple du Soudan du Sud, nous allons travailler ensemble pour mettre fin à sa souffrance ». Le président, Salva Kiir, a quant à lui proclamé « la fin officielle de la guerre« , déclarant que la paix était désormais « irréversible ».
La communauté internationale a salué cette décision. Alors qu’il s’agit de l’un des dossiers brulants sur la table de l’Union africaine qui tente d’atteindre un idéal de paix et de sécurité, M. Mahamat Faki a souligné qu’avec la formation de ce gouvernement, le Soudan du Sud a franchi une étape importante pour la construction d’un pays pacifique, stable, uni et prospère.