Côte d’Ivoire : la Chambre africaine de l’énergie salue les efforts de monétisation du gaz
Dans une région riche en gaz naturel, ces initiatives accélèrent la transition énergétique de la Côte d’Ivoire et ouvrent la voie à davantage d’industrialisation et de création d’emplois
La Côte d’Ivoire établit un nouveau leadership énergétique en Afrique de l’Ouest à la suite de plusieurs initiatives prises pour monétiser le gaz naturel dans la production d’électricité et les transports publics. Dans une région riche en gaz naturel, ces initiatives accélèrent la transition énergétique de la Côte d’Ivoire et ouvrent la voie à davantage d’industrialisation et de création d’emplois.
Depuis janvier 2020, le pays a obtenu un financement clé pour ses principaux projets de production d’électricité à partir du gaz, Azito et Atinkou. Le premier est une extension de la centrale d’Azito, une usine de 460 MW détenue et exploitée par Globeleq qui utilise du gaz naturel fourni par les gisements de gaz offshore de la Côte d’Ivoire. Avec Azito IV, la centrale verra sa capacité augmentée de 253 MW. Le financement pour ce projet d’extension a été obtenu en janvier 2020, et une fois achevé il permettra à la centrale d’Azito de couvrir environ 30% de la capacité installée de production d’électricité de la Côte d’Ivoire. Le projet repose sur un financement de 264 millions d’euros fourni par plusieurs institutions financières telles que la Société financière internationale (SFI), la Banque africaine de développement (BAD); la Banque ouest-africaine de développement (BOAD); le Fonds OPEP pour le développement international (OFID) et un ensemble d’institutions européennes de financement du développement (EDFI). Le ministre du Pétrole, de l’Énergie et du Développement des énergies renouvelables de la Côte d’Ivoire, M. Abdourahmane Cissé, a posé la première pierre de la phase IV le 7 mars 2020.
Le projet d’Atinkou, aussi nommé Ciprel V, est lui réalisé par le groupe Eranove. Il consiste à développer une centrale à cycle combiné de 390 MW en dehors d’Abidjan, qui sera également alimentée en gaz naturel. Un accord de concession de 20 ans a été signé pour le projet en décembre 2018, et il vient d’obtenir un financement de 303 millions d’euros de la SFI en mars 2020. Le financement complet de la dette a été fourni par plusieurs institutions financières telles que la BAD, la banque néerlandaise de développement entrepreneurial (FMO), la société allemande Deutsche Investitions-und Entwicklungsgesellschaft (DEG), le Emerging Africa Infrastructure Fund et l’OFID.
Le gouvernement favorise également le bon environnement commercial pour que le secteur du gaz prospère. Quatre décrets ont été signés en Conseil des ministres le 11 mars 2020 pour renouveler l’autorisation d’exploitation exclusive des champs pétroliers et gaziers de Foxtrot, Mahi, Manta et Marlin dans le bloc CI-27. Les décrets prolongent chaque autorisation de 10 ans, dans le but explicite d’ « assurer l’approvisionnement constant et continu en gaz naturel des nouvelles centrales thermiques CIPREL 5 et AZITO 4, en vue de garantir la suffisance de la production électrique nationale. ».
La Chambre africaine de l’énergie est extrêmement encouragée par ces développements, non seulement parce qu’ils permettront à la Côte d’Ivoire de produire de l’énergie moins chère et plus propre, mais parce qu’ils témoignent de l’appétit constant des institutions financières pour le secteur africain du gaz et ses dérivés. Selon une étude réalisée en 2018 par Power Africa, l’Afrique subsaharienne a le potentiel de développer 400 GW de capacité électrique alimentée au gaz, sur la base de ses réserves de gaz connues. La Côte d’Ivoire est l’un des marchés au potentiel le plus élevé dans ce domaine, et Power Africa estime que plus de 1,2 GW de capacité pourrait y être développée d’ici 2030 dans le pays. L’agrandissement en cours d’Azito et la construction de la centrale d’Atinkou ont mis la Côte d’ivoire sur le bon chemin pour qu’elle puisse exploiter pleinement ce potentiel et ouvrir la voie à ses voisins africains.
Mais la Côte d’Ivoire ne s’arrête pas là. Fin 2018, sa société de transport SOTRA (Société des transports abidjanais) a reçu 50 bus fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC). Ces bus font partie des tout derniers véhicules fonctionnant avec la technologie GNC et fournissent une monétisation supplémentaire aux réserves de gaz offshore du pays. Après des essais réussis depuis 2018, jusqu’à 150 bus au GNC devraient circuler sur les routes d’Abidjan d’ici 2021.
« À l’heure où les hydrocarbures sont critiqués dans le monde entier pour leurs émissions excessives de carbone, nous avons besoin que les nations africaines montrent la voie à suivre pour promouvoir les avantages du gaz naturel pour le climat et pour l’’industrialisation de l’Afrique et la création d’emplois », a déclaré Mickaël Vogel, Directeur de la stratégie à la Chambre africaine de l’énergie. « Les véhicules au gaz naturel sont une réponse efficace aux préoccupations environnementales, tout comme les centrales au gaz qui émettent environ deux fois moins de carbone que les centrales fonctionnant au diesel et au charbon. Ces développements motiveront des investissements supplémentaires dans l’exploration et la production de gaz en Côte d’Ivoire et soutiendront le développement de l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production de gaz à sa monétisation. »
La Côte d’Ivoire montre la voie à suivre pour que d’autres économies africaines monétisent leur gaz dans toutes les industries, de l’électricité aux transports, en passant par les engrais et la pétrochimie. Le gaz naturel est une ressource d’avenir pour l’Afrique et son utilisation doit être davantage encouragée comme moyen de créer des emplois et de soutenir l’industrialisation du continent.