Cession de la SAMIR : une surprise en provenance de la Cour de cassation n’est pas à écarter

Par Mohammed Taleb 

« Le choix du futur acquéreur de la SAMIR ne dépendra pas uniquement du prix, mais plutôt du business plan présenté par l’investisseur ». C’est ce qu’a tenu à souligner le syndic désigné pour la supervision de la liquidation de l’unique raffinerie du Royaume, Mohammed El Krimi, lors d’une conférence de presse qu’il a organisée, ce jeudi, pour expliquer la procédure de cession des actifs du raffineur en cessation d’activité, depuis août 2015.

L’achèvement de la procédure en moins d’un an, un record !

« Il ne s’agit pas d’une liquidation libre, il s’agit d’une liquidation judiciaire », a assuré d’emblée l’expert-comptable. Pour lui, « le tribunal a fait preuve de sagesse lorsqu’il a décidé la liquidation et au même temps la poursuite de l’activité », car cela a permis d’évider une dégradation de la valeur des actifs de la Samir. « Pourquoi ? », s’est-il interrogé avant d’expliquer : « Parce que ce qui fait la SAMIR, c’est deux choses : le maintien de l’outil et le personnel ».
« Les cadres de cette entreprise ont veillé sur l’outil qui permettra à son acquéreur de ne dépenser que 40 millions de dirhams pour pouvoir redémarrer l’outil de production dans 3 à 6 semaines. Cette période aurait pu aller jusqu’à 18 mois s’il n’y avait pas eu cette maintenance de l’outil. Deuxièmement, nous avons pu conserver également le personnel. Si on n’avait pas fait cela, celui qui va acheter la SAMIR aurait eu d’énormes problèmes pour commencer à travailler. Maintenant, il peut le faire dans les 4 à 6 mois qui suivent l’acquisition », a-t-il détaillé.
Selon lui, l’outil de production se trouve, actuellement, dans un état qui lui permet une cession dans de bonnes conditions. « La société de réassurance étrangère qui est venue vérifier l’état de l’appareil de production, nous a félicités pour les grands efforts que nous avons fournis », s’est-il réjoui. « Le responsable de cette institution internationale, nous a assurés que la maintenance s’est faite selon les normes américaines et par excellence », a-t-il dit.

Insistant sur la « sagesse » de la liquidation prononcée, le 21 mars 2016, avec la continuité de l’activité, l’expert-comptable a déclaré qu’il est « venu pour trouver des solutions aux problèmes de la SAMIR et non pour les envenimer». Une mission qu’il croit accomplir avec grand succès, un peu plus de dix mois après son arrivée. La preuve en est, avance-t-il, l’arrivée rapide au stade de la cession des actifs depuis qu’il préside à la destinée de l’ancienne filiale du groupe suédo-saoudien Corral Petroleum Holding du milliardaire saoudien Mohammed Al Amoudi mise en liquidation, en mars dernier. « Il a fallu un effort titanesque pour ouvrir la procédure de liquidation et l’achever en moins d’un an », a affirmé M. El Krimi en indiquant qu’ « il s’agit d’un record au niveau national voire à l’échelle mondiale d’autant plus pour une entreprise de la taille de SAMIR ».

Une annulation du jugement par la Cour de cassation reste de mise

Cependant, cette rencontre, qui a levé le voile sur beaucoup de points d’ombre dans cette affaire qui occupe les devants de la scène médiatique, depuis août 2015, n’a pas manqué d’apporter son lot de surprises.
La première d’entre celles-ci et qui a constitué le point le plus important à retenir, c’est que le prix proposé par les offreurs ne sera pas le premier critère de la détermination de la meilleure offre. « Le prix proposé ne sera pas le seul critère du choix de l’investisseur. La priorité, donc, sera donnée à la conservation de l’outil de production et des droits du personnel », a-t-il assuré.
Interpellé sur l’évaluation retenue par le tribunal, qui a évalué l’ensemble des actifs de la SAMIR à 21,6 milliards de dirhams, le syndic a répliqué « il ne s’agit pas d’un prix d’ouverture ou d’un prix minimum ». « Dès lors que nous nous sommes orientés vers l’article 623, il n’y a pas lieu de parler dorénavant de prix d’ouverture », a-t-il appuyé. Devant, l’étonnement des journalistes et l’insistance du confrère medias24, il a répondu qu’il peut « accepter une offre inférieure à 21,6 Mrds Dhs » ! Et ce, en fonction du business plan présenté par l’acquéreur.
Interrogé par Maroc diplomatique sur l’ordre des priorités qu’il a fixé, autrement dit, si le produit de cession sera destiné à rembourser les dettes du raffineur qui culmine à plus de 40 milliards de dirhams. M. El Krimi qui s’est refusé de se prononcer sur le montant exact des créances de cette entreprise, nous a répondu que la priorité numéro 1 pour lui est « la reprise de l’activité et la conservation des droits des travailleurs ». « On peut même la vendre à un dirham symbolique », nous a-t-il dit. Avant de se rétracter : « C’est le juge commissaire qui décidera de la meilleure offre ».
Sur l’éventualité d’un arrêt de la Cour de cassation annulant la liquidation, M. El Krimi a été très prudent. « Je suis syndic. J’exécute un ordre émanant du juge commissaire tant que ce n’est pas contradictoire avec un autre jugement, je poursuis ma mission ». Il y a lieu de rappeler dans ce sens que la Cour de cassation devait, dans moins de deux mois, statuer sur la liquidation judiciaire de la Samir. L’équipe d’Al Amoudi avait saisi la haute juridiction en pourvoi après la confirmation de la liquidation par la Cour d’appel. Une grande question s’impose : pourquoi le syndic El Krimi a-t-il choisi de fixer le délai de 30 prochains jours seulement, conformément à l’article 623 du code de commerce (livre V) pour recevoir les offres des acquéreurs ?

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