L’Istiqlal pris en otage par un Chabat omnipotent qui bâillonne tout le monde
Ne tolérant aucune critique voire un simple propos qui le contredit, Hamid Chabat digère mal d’être sur la sellette. Au plan personnel, comme à celui de l’activité politique, il est gravement interpellé. Sa fortune sur laquelle la presse, à sa tête Al Akhbar, jette son dévolu fait l’objet de commentaires qui inspirent l’ébahissement. Au plan politique, sa défense au sein du Parti de l’Istiqlal nous renvoie à des méthodes staliniennes, lorsqu’un « leader » ne trouve d’autre réponse que celle de l’excommunication et du mépris. Ainsi, vient-il de s’attaquer sans ménagement et de manière autoritariste et unilatérale à des membres importants de son Comité exécutif .
Hamid Chabat vient de régler ses comptes avec les trois membres du Comité exécutif du parti de l’Istiqlal qui s’étaient désolidarisé de lui et qualifié ses déclarations sur la « marocanité de la Mauritanie » de « dérapage ». En effet, la commission nationale d’arbitrage et de discipline du parti de l’Istiqlal vient de sanctionné Taoufik Hjira, Karim Ghellab et Yasmina Badou d’une exclusion de fonction de 18 mois. Déclarer avoir mal apprécié la gravité de la déclaration du secrétaire général de son parti est devenu passible d’un arrêt d’un an et demi de sa fonction ! C’est du moins le cas au sein du parti de l’Istiqlal. La Commission nationale d’arbitrage et de discipline du parti de la balance a décidé, jeudi 9 février, de sanctionner les anciens ministres et membres du Comité exécutif du parti d’une exclusion temporaire de leurs fonctions.
Les istiqlaliens Ahmed Tawfiq Hjira, Yasmina Baddou, Karim Ghellab s’étaient exprimé, fin décembre dernier, en leur qualité de responsables du parti publiquement sur la gravité des déclarations du Secrétaire général du parti, Hamid Chabat, qui étaient derrière un incident diplomatique inédit entre le Maroc et la Mauritanie.
A noter que la sanction a été prononcée par le Président par intérim de la commission, Hassan Allaoui, après que le Président habituel de la Commission, Ahmed Kadiri, avait quitté la Commission avant sa dernière réunion en guise de protestation contre des vices de procédures. Celui-ci a refusé d’accompagner les autres membres pré-orientés à sanctionner avant même l’examen des « chefs d’accusation ». Les 6 réunions de la dite Commission étaient entachés, selon des sources proches de ce dernier, de vice de procédure. D’après lui, le Comité exécutif de l’Istiqlal n’a pas respecté les procédures en vigueur dans la mesure où il a demandé la comparution du Président du Conseil national (Hjira) et les deux autres membres du Comité exécutif du parti sans élaborer un rapport en relation avec les accusations.
De son côté, la direction du parti a estimé qu’Ahmed El Kadiri, n’a pas souhaité présider la dernière réunion de la commission du fait qu’il faisait partie des signataires de la pétition contre Chabat. Dans un communiqué publié sur le site officiel du parti, elle a indiqué que « la commission s’est n° 1/17 s’est basée sur les articles 51, 37 et 108 du règlement intérieur du parti.
Jusqu’à présent, Yasmina Baddou, demeure la seule des trois « cibles » de Chabat qui a choisi de se positionner par rapport à cette décision. Dans une déclaration au site Al Aoual, elle a considéré que « cette décision reflète la mainmise pratiquée par Chabat à l’égard des voix critiques et aux avis différents au sein du parti ». Pour elle, la décision est « infondée », car « elle n’a pas précisé les motifs de la sanction ». La preuve en est, selon elle, le refus du Président de la Commission Ahmed El Kadiri de participer à ce jeu . L’ancienne ministre de la Santé a assuré qu’elle n’est pas concernée par cette décision « infondée » et qu’elle va continuer d’assister aux activités du parti », à préserver son esprit critique , quitte à défier de nouveau un secrétaire général omnipotent.